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AutreMonde
24 juin 2014

MATHEMATIQUES EN SERIE S

Cela fait partie des marronniers : L’épreuve de mathématiques du Baccalauréat, série S, est trop difficile! Comme il est plus efficace d’être à la fois juge et partie, ce sont les lycéens qui pétitionnent. On parle de 40 000 signatures. Quelques enseignants semble-t-il compatissent. J’ai vu passer des gazouillis partis du lycée Pothier, d’Orléans.
Et l’épreuve?

Le mieux est d’y aller voir … pour constater qu’elle est, comme d’habitue, conforme au programme et destinée à contrôler le sérieux d’une année de travail et la connaissance raisonnablement attendue des méthodes et résultats étudiés.

Quatre exercices rapportant chacun 5 points.

Trois sont communs à tous les candidats. Le quatrième est spécifique et différent, selon qu’on a ou pas suivi un enseignement de spécialité.

Premier exercice sans difficulté. Interprétation géométrique d’une intégrale, avec une question amusante, une petite intégration et une limite de suite. Bien.

Deuxième exercice sur les probabilités. L’énoncé suit à la lettre le programme et ses commentaires officiels. Il s’agit presque d’une question de cours. L’application est directe. Un professeur qui a traité cette partie sans être pris par le temps aura proposé à sa classe un clone de cet exercice dans le courant de l’année.

Troisième exercice : racines complexes d’une équation bicarrée. Le seul reproche à faire est que l’énoncé tient tellement l’élève par la main qu’il en vient à faire prendre pour compliquées des démarches simples. Néanmoins, les questions posées ne sont pas difficiles.

Le quatrième exercice, modulé selon que les candidats avaient ou non suivi un enseignement de spécialité, sollicitait enfin les premiers du côté du traitement matriciel d’un couple de suites récurrentes, les seconds du côté de la géométrie soutenue par le calcul. On y remplissait et vidait dans le premier cas les bassins d’une pisciculture selon un schéma annuellement défini et on cherchait l’évolution dans le temps de leur peuplement. L’affaire était bien guidée, avec in fine une question d’algorithmique suffisamment élémentaire.

C’est l’énoncé destiné aux non spécialistes qui semble, si j’en crois la rumeur, avoir déclenché la polémique routinière. On y présentait la configuration de quatre points dans un repère orthonormé en termes de tétraèdre dont trois faces étaient des triangles rectangles et isocèles et bien que le texte ait été absolument clair et explicite, ce départ aurait déstabilisé la population candidate. Au moins curieux. Les questions n’étaient pas difficiles, les outils utilisés étaient usuels, le résultat final requis était assez intuitif et pouvait se contrôler rapidement par une méthode plus élémentaire que celle demandée.

Beaucoup de bruit pour rien?

Le problème m’a paru équilibré et complet. L’interrogation qui demeure est simplement celle de la possibilité de conduire à un bon niveau de familiarité avec ce type de recherche des élèves qui deux ans auparavant (un de mes petits-enfants était cette année en classe de seconde générale) ont encore des difficultés avec les tables de multiplication. Il y a, sur la masse des élèves de second cycle, un tel retard cumulé dans les apprentissages antérieurs que se pose sans doute la question de savoir si un problème qui est parfaitement au niveau des programmes officiels, sans piège et sans chausse-trappe, est un problème qui est au niveau des élèves réels.

L’APMEP, Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public aurait, sauf erreur, reconnu l’adéquation de l’énoncé aux programmes mais évoqué des formulations éventuellement inhabituelles, ce qui me semble tout à fait excessif. C’était une épreuve parfaitement bachotable et probablement tout au long de l’année bachotée. Elle couvre simplement un champ assez large et suppose que ce champ est bien maîtrisé. Contrairement aux protestations que j’ai vues passer , ce n’est pas de difficulté excessive qu’il s’agit, mais simplement de solidité des connaissances … soit, pour les enseignants de terminale S, de la possibilité de couvrir avec un niveau suffisant de consolidation des acquis, la totalité de ce champ et pour les élèves, de l’intensité de l’effort fourni, en classe et hors de la classe.

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Commentaires
G
Nulle part ailleurs je n'ai trouvé aussi clairement exposé l'objet du litige et ce que cela signifie. Merci.
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