SAMUEL PATY - POUR QUE NE SONNE PAS POUR RIEN LE GLAS
Cette photographie, on l'a vue partout.
Il y aura demain un an que Samuel Paty a été assassiné. Dès aujourd'hui des hommages sont prévus dans les établissements scolaires, plus ou moins à l'initiative locale. Ces commémorations ne servent pas à grand-chose.
J'avais trouvé très insuffisante, au moment de l'affaire, la réaction nationale. Ce crime dépasse largement ses propres circonstances et la malheureuse personne de sa victime. Samuel Paty s'efface dans l'horreur des faits derrière le scandale absolu qu'incarne sa mort, la désacralisation complète de l'effort éducatif. Il est soudain, à lui seul, l'Ecole publique . Et les soi-disant motifs de son exécution en deviennent secondaires tant c'est cette Ecole qu'à travers lui on a poignardée.
La réaction n'a pas été à la hauteur du symbole. Cet honnête homme a payé de sa vie un effondrement éducatif qui est national et qui est à la fois la conséquence et la cause de l' effondrement des valeurs sur lesquelles se fonde la société, dans le prolongement d'un effondrement de la lucidité politique.
Ce n'est pas à coups de minutes de silence qu'on tirera les vraies conséquences de la mort de Samuel Paty et c'est seulement en reprenant à zéro le dossier des missions de l'Ecole et des conditions qui rendront possible leur accomplissement qu'on pourra espérer donner sa chance au sempiternel Plus jamais ça qui scande dans tous les domaines et à chaque drame nos impuissances à transformer ce qui doit l'être.
À chaque mort sonne le glas, mais on ne traite pas les problèmes avec des marches funèbres. Samuel Paty est mort de la folie des obscurantismes où se dissout le rationnel, ce rationnel à qui l'Ecole doit permettre de prendre le dessus face à tous les délires intégristes en se retrouvant, en se repensant, en s'opposant dans une ressaisie collective complète et prioritaire. Samuel Paty en mourant a prouvé que c'était une question de survie.