ÉDUCATION VERSION MACRON – (Source Huffington Post)

Conférence de  Presse du 2 Mars 2017.

Récapitulatif des "points forts" et Avis.

-       Autonomie pour les écoles "en termes de recrutement" au niveau pédagogique.

Non. Le système des affectations mutations est à revoir pour plus de pertinence , mais ce ne sont pas les établissements qui doivent recruter.  On peut introduire une pincée de cooptation : à dossier égal, préférence au choix de l'équipe locale, mais c'est une instance extérieure qui tranche (de niveau départemental ou régional).

-       Prime de 3000 euros net par an pour les enseignants en zone prioritaire Rep+.

-       Dans ces zones, division par deux du nombre d'élèves en CP-CE1 pour qu'il n'y ait pas plus de 12 élèves par enseignant

-       Revalorisation des salaires des enseignants de CP et CE1 dans les les ZEP. Ils bénéficieront également d'une liberté accrue pour conduire leurs projets pédagogiques

Non.C'est une erreur que de maintenir le système des zones ou établissements prioritaires, et un illogisme. Le travail du politique doit viser à n'avoir qu'un type national d'établissement à l'intérieur d'aires de recrutement à mixité garantie par une politique de la ville et des aires de vie révisée et efficace. Le renouvellement des méthodologies de l'acte d'enseignement assure ensuite la gestion éducative et pédagogique des populations mixtes et hétérogènes obtenues.

-       Création de 4000 à 5000 postes d'enseignants

Soit. Sous réserve de contrôler le caractère suffisant du nombre avancé, qui me semble bien léger.

-       Rétablissement des sections européennes et classes bi-langues

Oui.

-       Rétablissement des études dirigées "partout", en mobilisant "les enseignants, des retraités volontaires et des étudiants". "Dans le parcours de tous les étudiants de France, il y aura ainsi un trimestre dédié à cette activité"

Absolument. Il est essentiel de mettre en place un système d'offre d'encadrement uniforme sur le territoire de 9 heures à 18 heures au moins 5j/7. C'est le seul moyen de réaliser l'égalité des conditions de la formation initiale face à l'inégalité des conditions familiales.    

-       Interdiction de l'usage des téléphones portables dans l'enceinte des collèges et des écoles primaires

Oui.

-       Réforme de la carte scolaire, dans le but d'assurer la mixité sociale

Soit. Mais dans la perspective plus globale et ci-dessus affirmée d'un travail d'introduction efficace et équilibré de la mixité sur la ville et les aires de vie.

-       Introduire la sélection au niveau Master à l'université

Oui.

-       La gestion de l'enseignement professionnel sera désormais laissée à la charge des régions

Oui.

-       Ecriture d'une charte des droits et des devoirs pour donner du contenu à la notion d'égalité

Soit. L'énoncé est un peu flou, mais précisé, l'objectif peut être pertinent.

                                            ***********************

C'est très décevant si on attend une véritable réforme en profondeur de l'Ecole. Mais le point "Rétablissement des études surveillées" peut être porteur d'une réelle amélioration. Il n'y a toutefois pas là de vision, de dessein global porteur d'avenir. Tout reste à reconstruire.

Simplement et jusqu'à plus ample informé, c'est malheureusement la même chose ailleurs.

L'éducation est bien le parent pauvre de la pensée politique. 

Comments

[Debra]

La pensée de gauche se heurte à cette ambition mondiale de réduire l'Etat à une entreprise rationnelle et mécanique avec des managers qui GERENT (je devrais dire ERRER) tous et tout. (Se souvenir que "gérer" vient de "gessere" qui veut dire "REALiser", un mot très puissant, à mes oreilles.)

Une volonté occidentale de supprimer la différence "public/privé" par désir égalitaire ? de transparence.

Une mono-idéologie libérale totalitaire (c'est un comble, vous ne trouvez pas ?).

Dans le style "vous connaîtrez la vérité, et elle vous rendra libre". Comme si... on pouvait commander d'être libre... on n'est pas à un paradoxe près, n'est-ce pas ?

Pour cette idée fixe que le rôle de l'école est de.. laminer les inégalités familiales pour assurer l'égalité des chances, (c'est comme cela que je perçois cette idéologie, de l'avoir... subi en tant que parent semi-cultivé de ma progéniture) je la trouve triste, et ceci depuis toujours, car elle cantonne les enseignants dans un rôle répressif vis à vis des enfants "privilégiés" (mais à l'heure actuelle, j'ai du mal à voir comment le fait d'avoir une culture générale est considérée comme un privilège, au moins dans les discours publics des uns et des autres), tout en gardant les yeux obstinément fermés sur les mécanismes qui poussent des personnes de milieu "populaire" à refuser de... "s'élever" par loyauté envers leur origine.

Dernièrement, j'ai été amenée à rappeler que cet idéal égalitaire de l'école s'est édifié sur fond de destruction d'une source d'altérité riche en France, celle d'un bilinguisme territorial, où les patois, parlés à la maison, coexistaient avec le français "officiel" de l'école.

L'enseignement de l'anglais... colonisant, de mon point de vue d'anglophone, est un triste substitut mondialisé pour un patois territorial et local.

Qui plus est, cet anglais qui fait rêver tant les esprits (français..) ne constituera qu'un avorton de bilinguisme, de mon point de vue à moi qui suis.... bilingue...

Mais je partage votre désillusion pour l'étendu puéril de NOTRE très grande désillusion envers nos idéaux (ici, je ne fais que constater, car j'avais d'autres idéaux).

Quand on se met à vider la baignoire, en laissant le bébé partir avec l'eau, il y a de quoi désespérer sincèrement de la folie de l'Homme.

J'emploie mes dernières énergies à trouver le moyen de rire sans grincer de tout cela. Rire en grinçant, c'est mieux que de ne pas rire du tout, mais... rire avec attendrissement, c'est le fin du fin à mes yeux.

J'ai encore... beaucoup de progrès à faire...



Sur le détail de votre chronique, je partage votre optimisme pour la réintroduction des études dirigées (surveillées), SI cela se fait. Il est à la fois rassurant et inquiétant de saisir que Dieu... et le diable... gisent dans les détails.



Une longue et riche expérience m'amène à penser tout de même qu'il vaut mieux reconnaître en quoi l'inégalité est source de richesse, de différence, de relation potentielles, et que l'absence de l'inégalité... c'est l'enfer et pas le paradis, tout comme TROP d'inégalité(s) casse(nt) la baraque aussi.