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AutreMonde
3 janvier 2017

LA SEULE EXACTITUDE – Alain Finkielkraut (Folio Sept. 2016)

  PéguyFinkie

                                          Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

                                             L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

                                                                        (Verlaine)

                                                     Question : Comment parlait Péguy?

 

Franchement, Finkielkraut, vous nous la baillez belle,

Irréductiblement accroché à Péguy,

Nanti de citations ramassées à la pelle,

Kafka croisant Arendt tandis qu'on applaudit.

Irrépressiblement, vous tragédiez la phrase,

Et le verbe s'envole, et la période agit,

La pensée se répand et tandis qu'il se rase,

Kundera, écoutant Répliques, est étourdi.

Rien n'interrompra donc ta logorrhée rageuse

Attentive à trouver l'argument décisif,

Urbainement mortel, enfant de la faucheuse,

Tourné vers le passé pour terrasser le vif?

 

Ah! Finkielkraut, un jour, fatigués de ta peine,

Les auditeurs lassés de ton noble discours,

Attendris cependant par ta colère vaine,

Iront en procession et sans autre détour,

Négocier ton silence, ayant brisé leurs chaînes.

                                                                                    ***

Y a-t-il tant d'exactitude, dans ce petit livre d'Alain Finkielkraut, rassemblant, je suppose relues et peut-être remaniées, diverses chroniques des années 2013-2014-2015 ?

Et quel est son sens?

Car au fond, tout du long, au fil d'une première lecture cursive, j'ai très souvent peiné à dégager le sens exact de son raisonnement, des entames claires me semblant se noyer progressivement, article après article, dans le brouillard d'une formulation où, à assumer la position contraire de celle qu'on croyait être la sienne, peut-être pour en montrer le défaut, la phrase se dilate et son sens flotte entre deux eaux.

Pas toujours, mais souvent.

J'ai donc décidé de relire, plume en main, lentement.

Pour tenter de façon lapidaire (et donc, hélas, réductrice) la traduction (ou l'incompréhension) de sa pensée, article par article.

Avant de m'essayer à un commentaire global et, je le devine déjà, de réviser mon premier jugement!

ARTICLE PAR ARTICLE, DONC (Titres des articles en gras) :

La liberté contre la finitude : A.F. se dit gay friendly mais hostile à la levée de l'exigence hétérosexuelle de procréation.

Les nouvelles missions de l'école : dénonciation du renoncement à intégrer les élèves dans une [notre] vieille civilisation pour en faire les vecteurs d'une modernité contestable.

La palme du désastre : l'infantilisme du XXI° siècle, voilà selon AF la leçon de "Django Unchained" – être à la fois con et snob, binaire et goguenard.

Voyage en France : renvoyer à la peur de l'Autre façon débuts du XIX° siècle, c'est selon AF dénier à la menace d'aujourd'hui, qui pèse sur les valeurs, son caractère sans précédent.

L'adieu de Benoît XVI : derrière l'hommage liminaire, la dénonciation à partir des prises de position du pape de l' effondrement moderne de la vérité, quand "la pensée n'est plus animée que par le souci de ménager la susceptibilité des uns et surtout des autres [les musulmans / les islamistes]".

Stéphane Hessel et son petit livre beige : indignation contre l'auteur en accusant sa pensée "d'indigence vertigineuse" et en dénonçant sa "désignation de l'État juif à la vindicte universelle".

La sourde oreille : dénonciation d'une soi-disant prééminence de l'islamophobie sur un antisémitisme prétendument en recul.

Les 80 ans de Philip Roth à Newark : simple exercice d'admiration.

Coup double pour Mediapart : contre les journalistes et les magistrats, ivres de pouvoir, et leurs excès.

Notre laïcité:dénonciation du "I know what I want and I want it now"de la nouvelle génération internet et revendication de la galanterie française.

Est-ce ainsi que les hommes vivent? : dénonciation du sensationnalisme médiatique et de ses séides, évidence d’une corruption de l’esprit public (à partir de l’affaire Cahuzac)

La discordance des temps : dénonciation - comme une peur d’affronter la vérité - l’acharnement à "faire rentrer l’impensable d’aujourd’hui dans le bercail du déjà-vu " (à propos du meurtre de Mohammed Laidouni, automobiliste battu à mort sur l’A13 en juin 2010)

Le rire aux lèvres : dénonciation virulente du "Mur des cons " du Syndicat de la Magistrature.

La morale laïque à l’école : perversion de l’espérance libertaire de 1968, la montée des incivilités témoigne d’une expansion dans l’être sans souci des autres. Appel à la common decency d’Orwell.

La liberté mise à mal par ses bénéficiaires même : sur la mise au pilori par ses confrères de celui qui a dénoncé le "Mur des cons"". Malheur au journaliste qui s’avise de regarder dans la mauvaise direction, oubliant qu‘"on ne peut pas mettre sur le même plan les puissants et l’organisation qui leur fait barrage ".

L’abrogation du monde réel : soulignement d’un déni de la désintégration de la France black-blanc-beur de 1998 et dénonciation d’un antiracisme intégral qui n’est plus une attaque contre les abus spécifiques du racisme, mais contre la réalité qu’on refuse de voir (à propos des émeutes du Trocadéro de mai 2013 (le PSG champion de France)) .

L’urgence des combats d’arrière-garde : la mort de la langue, minée par les assauts d’une anglicisation réputée seul vecteur efficace de maintien dans la compétition mondialisée.

Qu’est-ce que la théorie du genre ? : dénonciation d’une théorie qui aboutit à affirmer que l’existence précède le donné et que le technicisme doit nous autoriser à abolir la part non choisie de l’existence.

La France est-elle réactionnaire ? : dénonce la dissolution de la culture dans le marché mondial sans frontières, "l’irrésistible mouvement de l’humanité vers son unification " et accuse la Gauche d’incohérence, qui encense le modernisme et flétrit le capitalisme, les deux faces d’une même évolution.

Au pays du grand mensonge :  … les consignes données aux correcteurs du baccalauréat pour améliorer les statistiques.

Le désarroi de la morale : un mur psychologique sépare désormais l’occident et le monde arabo-musulman et les franchissements de la décence commune qui horrifient les Etats n’horrifient plus les opinions dès lors qu’ils s’opèrent de l’autre côté de ce mur (à propos des attaques au gaz sarin du régime syrien contre ses rebelles)

La sortie de la religion et de la laïcité : l’ "Europe contemporaine ne prend pas la religion suffisamment au sérieux " et du coup, "les représentants de la laïcité vident celle-ci de sa substance et avalisent, pour des raisons humanitaires, les exigences de ses ennemis ".

Le nouveau front :   s'inscrit en contre, à partir du succès de l’accusation de haine anti-arabe et de la badentérisation des esprits, relayée par des voix comme celle de Caroline Fourest, qui dénonce "la montée du racisme antimusulman pour tenter de revenir aux vieux clochers, à la France éternelle où la norme était celle de l’homme hétérosexuel catholique ", installant ainsi le "rejet dédaigneux de notre héritage ".

La prose et la pose : dénonce le déni de réalité d’une certaine bien-pensance de gauche qui sacrifie à la célébration des différences et se fait le champion de l’Autre, "mais étrangement, crie au scandale quand on ose soutenir que l’Autre n’est pas le même et que cette hétérogénéité peut avoir des conséquences " (à propos de Manuel Valls affirmant qu’une forte proportion de Roms ne souhaitait pas s’intégrer).

La révolte des anges : le déni de réalité et les emballements idéologiques, dans l’affaire Léonarda, des "adulescents " que nous sommes devenus.

Le présent qui déconcerte et le passé qui oblige : dénonce "le grand rêve progressiste de n’avoir jamais affaire à des problèmes mais toujours à des salauds " et dénonce "le plaquage du passé sur le présent (…) pour nous interdire de voir ce que nous voyons ", soulignant in fine que "s’il ne doit pas nous aveugler ", le passé néanmoins "nous oblige ". (à propos de Christiane Taubira traitée de guenon).

Les meilleures intentions : sur Bourdieu décrédibilisant Renouvier et le mérite individuel, accusés de nier les antagonismes sociaux. L’avenir des prépas et des meilleurs élèves qu'AF voit avec les yeux de Cassandre (à propos du projet Peillon de réduction des traitements en CPGE).

L’hommage à Mandela : derrière l'hommage, la dénonciation de l’illusion de la société "united colors of Benetton " qui recouvre en fait "le déchirement des nations, la méfiance généralisée, le séparatisme communautaire ".

La maison vide : assimilation, intégration, inclusion, le glissement de l’accueil de l’Autre jusqu’à ne plus lui demander que de rester lui-même, abandonnant l’idée de génie français, sans plus de hiérarchie entre la culture européenne et celle des nouveaux arrivants. Pour mieux recevoir les autres, elle [l’Europe] fait le vide dans sa maison. AF relève plus particulièrement chez les "experts " les signes d’une volonté officielle affirmée de "faire France " au mépris de la France. 

Trop tard ? : analyse complète - à partir du cas Dieudonné et des lectures perverties de la liberté d‘expression aujourd’hui - de l’overdose de Shoah, de ses conséquences et de la nécessite d’en revivifier le sens.

La règle du tiers : critique de l’effacement de la barrière entre la vie privée et la vie publique (à propos de Julie Gayet) "dans la grande promiscuité cancanière du  village global ".

Le métapouvoir : nécessité, Kundera à l’appui, de séparer absolument privé et public et de ne pas juger le second à la lumière du premier. Mauvaise foi de l’essentialisation des insultes: insulter X, de profession Y, n’est pas insulter tous les Z de profession Y. Mise en question de l’auto-saisine du judiciaire sur des questions politiques (à propos des écoutes de Sarkozy).

La confusion des mémoires : l’obsession du passé peut conduire à mal analyser le présent, en citant Coleridge : "La lumière que nous fournit l’expérience est une lanterne fixée à la poupe : elle ne brille que sur les vagues qui sont derrière nous ". [Ce billet reste pour moi confus.]

Le glas de la différence : déploration de la dissolution des différences dans les prouesses transformistes de la technique (à propos de la victoire de Conchita Wurtz à l’eurovision 2014)

Le grand déménagement du monde : déploration des errements européens qui sont en rupture avec les perspectives d’une démocratie à l’échelle du continent. S’il y a une civilisation européenne, elle est mise sous le boisseau pour que rien n’entrave le grand déménagement du monde (référence : Jean-Luc Mélenchon), c-à-d la marchandisation sans frontière [ un chapitre un peu confus, avec des départs dans tous les sens];  diagnostic d'évolution du FN qui se démarque(rait) de l’antisémitisme

Les loups connectés : le loup n’est pas solitaire, il est connecté. Il appartient à la génération de l’écran. Bascule de là vers la question : "A qui/ A quoi accepteriez-vous de donner votre vie? ", pour glisser sans véritable transition vers le "Deux poids/deux mesures " qui ferait du juif une victime plus intéressante que le musulman, appelant cela "diffusion du Dieudonnisme ". [un chapitre là-encore qui s’éparpille]

Le fascisme ne trépassera pas : diagnostic d’affaissement de l’antisémitisme qui fleurissait au FN sous "papa "; déstabilisation des antifascistes dont "l’ogre familier est devenu un nain de jardin " et qui vont remplacer l’obsession dudit antisémitisme par une islamophobie vue partout. Nominalistes radicaux, ils clament "qu’on ne rencontre jamais l’islam ", on ne se confronte qu’à "l’infinie variété des musulmans ". AF y voit "le sacrifice de la curiosité anthropologique au désir éperdu de ne pas être hitlérien ". Affirmation d’un antisémitisme islamiste forcené qui est ainsi mis sous le boisseau.

La gauche sait qu’elle est mortelle : échec de la Gauche à réaliser ses promesses de rapatriement du bonheur sur terre et à concevoir l’humanité comme une totalité en mouvement; du coup elle occulte le choc des civilisations devant une totalité qui se brise et en vient à s’identifier à "la constitution dans les démocraties occidentales d’un sujet désaffilié, désoriginé, déterritorialisé (…) hors sol, hors sexe, hors histoire, un pur touriste en somme". Il ne faut pas "changer de civilisation ", mais "rester une civilisation ".

Les retombées de la guerre de Gaza en France :  déploration de la bêtise de l’affirmation d’une entrée en résonance de la situation des Gazaouis avec l’abandon prétendu des banlieues françaises par les pouvoirs publics, "tandis que le vieux peuple, relégué à la périphérie de la périphérie, n’a même pas le droit de nommer son malheur ". Critique un progressisme  qui vomit simultanément "l’occupation sioniste " et "la France aux relents de colonialisme "; parle d’un Judenrein ("territoire sans juif", "nettoyé de juifs") et bascule vers le souci de ne pas dispenser Israël de toute analyse critique de son intransigeance sans ouverture.  [Plusieurs thèmes à la fois, sans véritable cohésion logique, il me semble]

Les coulisses du pouvoir : sur le verbatim d’un séminaire gouvernemental et le niveau "classe de troisième chahuteuse " des échanges, l’évidence que "dans la coulisse, nulle réflexion ne s’échafaude " et que ce qu’on découvre, ce n’est "ni la grande politique, ni la politique inavouable, c’est le vide (….) [la] vertigineuse absence de pensée ".

L’incuriosité journalistique : sur une conférence de presse sans vraies questions, rien sur "le scandale que constitue la suppression des bourses au mérite à l’université ", AF y voit la victoire des sociologues "qui ne se résignent pas au partage inégal de la pensée entre les hommes ".  Evoque le scandale aussi de la ferme "des mille vaches "  et de "la mainmise absolue de l’industrie sur l’agriculture ", en citant Leconte de Lisle (dans le poème intitulé Midi), évoquant des bœufs blancs qui suivent "de leurs yeux languissants et superbes / Le rêve intérieur qu'ils n'achèvent jamais."

Le crime parfait : "La culture a été mise au tombeau, mais l’assassin portant le même nom que sa victime, on ne s’est aperçu de rien : c’est le crime parfait ". Se cultiver version Renaud Camus ("aller voir chez les morts ") versus se cultiver version Fleur Pellerin et ses "millions de petites épiphanies individuelles".

Si j’étais François Hollande : A partir du "Merci pour ce moment " de Valérie Trierweiler, une critique des réseaux sociaux, assassins entre autres de la séparation vie publique / vie privée, meurtriers de la France en tant que patrie littéraire; et un couplet: "Est-ce tendre la main aux jeunes gens issus de milieux modestes que de supprimer les bourses au mérite à l’université et de les remplacer par des bourses sur critères exclusivement sociaux, ou est-ce au contraire les pousser malignement à se prévaloir de leur origine et à demander réparation au lieu de faire l’effort nécessaire pour accéder à la culture et à un avenir meilleur ? "

L’éternel retour des années trente : dénonciation de l’aveuglement des intellectuels qui sous le slogan de "La France Islamophobe ", offrent " un bouc émissaire inespéré à l’intégrisme musulman […] Ce ne sont pas les années trente qui reviennent, ce sont, dans un contexte totalement inédit, les idiots utiles ".

L’équivoque démocratique : modestie ontologique de la démocratie que nous ont transmise les grecs, versus téléologie triomphante de la démocratie d’une époque, la nôtre, qui se vit "comme une ascension continue du particulier vers l’universel, de la servitude vers la liberté, de l’ordre hiérarchique vers l’égalité de tous les hommes ". Soit "on participe à la Grande Marche des droits de l’homme ", soit "on parle et on écoute ". Annonce de l’horizon espéré des modernes, où, s’affranchissant "des limites assignées par la nature, la culture, le genre, l’origine ou le destin […]  chacun pourra composer son être à sa guise ". (Le tout à propos de l’affaire Marcel Gauchet/Rencontres de Blois 2014)

Les vérités et les divagations d’Eric Zemmour : Zemmour n’a pas tort, dit AF - "La France émancipée d’elle-même s’abandonne à l’ivresse du n’importe quoi. La patrie des droits de l’homme devient un grand foutoir, du fait même de l’illimitation de ces droits " - mais il n’a pas toujours raison - il déplore la fin de l’âge patriarcal, sauve Vichy d’avoir sauvé des juifs français en livrant des juifs étrangers, attribue à Robert Paxton et alii un dénigrement systématique de la France  "qui a conduit les Juifs à répudier l’assimilation au profit du communautarisme ".

L’anachronisme des modernes :   dénonciation de la vacuité de l’art contemporain, baudruche soi-disant antifasciste. McCarthy et son "plug anal "  (Tree), Jeff Koons et alii sont épinglés, sans oublier le journal Le Monde, "devenu le quotidien de la rebellitude ". AF pointe le renvoi à Hitler de l’antifasciste patenté quand il est à cours d’argument, avec cette formule : "Que représente Hitler aujourd’hui? Un recours pour les nuls. "

Mémoire juive, mémoire polonaise : quelques réflexions sur les juifs polonais, sur le déni de l’irréparable (après la Shoah) chez les juifs observants, sur l’oubli de la grande culture dans le souvenir des épreuves de l’histoire, AF déplorant l'absence dans les références des écrivains issus de la communauté et citant les frères Singer, Yitzhak-Leibush Peretz, Adolf Rudnicki. [pour mémoire : Israël Joshua Singer (1893-1944) / Isaac Bashevis Singer (1904-1991, prix Nobel de littérature 1978 ) –Yitzhak-Leibush Peretz (1852-1915) – Adolf Rudnicki (1910-1990)]

Le futur chassé-croisé des juifs : le tragique du destin juif, les extrémismes, les orthodoxies, le terrorisme, le juif chassé de partout  jouant aux chaises musicales? Les deux flux prévisibles, de la France vers Israël, d'Israël vers la France? [article mal compris]

La métamorphose de Lunel : Lunel, petite Jérusalem au Moyen-Âge, et centre philosophique juif, n'est plus. Une mosquée est apparue en 2010 et Renaud Camus y a conçu, lors d'un de ses passages, l'idée de son Grand Remplacement. Rôle de "l'industrie du divertissement [qui] fait le vide et, par ses intrigues simplistes, ses effets spéciaux, ses images ultraviolentes, (…) prépare le terrain au fanatisme meurtrier".

Le prix du néant : contre-éloge de Nabilla, Jeff Koons et consorts, estimés à l'aune des milliards qu'ils génèrent. Plus rien n'existe que le quantifiable.

Le cœur et la raison : mise en accusation du simplisme humanitaire : "aucun message moral ne peut se résumer à l'amour du prochain" – reproche fait au pape François: "avec la charité chrétienne pour seul viatique, il refuse de penser les conséquences de l'immigration de peuplement sur les peuples européens".

Reconnaître la Palestine? : éternelle question palestinienne. On n'en sort pas. AF est pour les deux états. Il craint la fin du sionisme et la recrudescence de l'antisémitisme.

Le choc : (L'attentat contre Charlie Hebdo). Le parti du sursaut (défense intransigeante des principes de la société française face à la volonté islamiste de la subvertir) et le parti de l'Autre (de tout crime commis par un dominé, le parti de l'Autre remonte automatiquement au crime originel qu'a constitué la colonisation et que perpétue le traitement réservé aux immigrés par l'Europe post-coloniale). A l'identique dans la nouvelle question juive, à propos des palestiniens. C'est la faute à la France, c'est la faute aux juifs … Eloge d'Abdennour Bidar, dénonciation d'Edwy Plenel.

Fracture française : Défilés post Charlie du 11 janvier 2015 : "le peuple est donc descendu dans la rue pour montrer son attachement à l'ironie et au scepticisme. Le peuple, mais pas les habitants des quartiers populaires". Pour certains, les "vengeurs du Prophète" étaient des héros. Pour d'autres, il n'y avait là "qu'un complot de l'Amérique et d'Israël pour salir l'Islam". Grâce à internet, "l'abus de méfiance" a remplacé l'abus de confiance des charlatans d'autrefois. "Et les maîtres, équipés pour faire reculer l'ignorance, sont de plus en plus démunis face à un pseudo-savoir imbu de ses trouvailles et fier de ne pas s'en laisser conter."

L'après-Charlie : il faut sortir de "la comptine rousseauiste de l'assassin innocent et de la faute au système." Mais globalement, la sociologie contemporaine "ne veut rien entendre (…) Elle n'envisage la dimension culturelle des phénomènes que comme un effet secondaire des inégalités (… et) Bourdieu baîllonne toujours Levi-Strauss. La misère du monde interdit d'approfondir la réflexion sur sa conflictualité." Et pourtant, "ce dont les enfants d'immigrés ont impérativement besoin, c'est de se prendre en main au lieu de s'installer dans le ressentiment dès leur plus jeune âge."

L'ornière morale d'Auschwitz : L'Europe a des ennemis; ces ennemis sont aussi ceux des juifs; et, incapable de s'extraire du traumatisme d'Auschwitz, l'Europe, sans trouver le moyen de réagir et de se défendre, fait dysfonctionner son "Plus jamais ça" en le transformant en aplatissement devant l'Islam qui, lui, fait jouer les ressorts de la victimisation.

L’esprit de pénitence : "la dénonciation du fanatisme se retourne en désaveu de soi / la mobilisation générale est remplacée par l’incitation à un mea culpa national / Marianne n’accuse plus, elle s’accuse, elle confesse ses péchés. " Décalage et non contemporanéité de nos contemporains: "on admire le défi de Dom Juan à la statue du Commandeur tandis qu’en cas d’offense faite au Dieu miséricordieux ou à son prophète, la sympathie de la majorité des musulmans va spontanément à la force qui punit l’offenseur. " AF pense que la nécessaire synchronisation des habitants d’un même territoire  est incompatible avec un rythme trop élevé des arrivées. Heurt des cultures, des usages.

Le tragique de répétition : "N’oublions pas que les mêmes qui proclamaient : "Debout la République! " le 11 janvier [2015] se sont empressés de l’asseoir sur le banc des accusés pour répondre du crime d’apartheid" - "L’islamisme radical est une réaction non à ce que l’occident a d’oppressif, mais à ce qu’il a d’émancipateur". A vouloir ménager la susceptibilité des musulmans et satisfaire leurs demandes, nos mœurs sont progressivement sacrifiées à notre idée du droit (liberté religieuse; droits de l’homme). Nous fonctionnons sur l’idée fausse que "les individus sont interchangeables " et "si nous n’abandonnons pas cette anthropologie désespérante, elle finira par avoir raison de notre civilisation".

Le nom qui fâche : "Français de souche " - comment contourner l’obstacle de cette énonciation? Dénonciation d’un acharnement à ne pas distinguer les spécificités individuelles.  "Sous l’égide de l’antiracisme, l’indifférenciation règne . (…) Ainsi, la religion de l’humanité confie-t-elle au langage ce mandat extravagant : non plus faire apparaître la pluralité humaine, mais la rendre définitivement invisible. " [Pourquoi ne pas remplacer "français de souche " par "français de longue date ", ce qui aurait l’avantage de souligner qu’il y a là d'éventuels (très anciens) arrivants qui ont eu, à qui on a laissé, le temps de l’assimilation des valeurs, de l’intégration des valeurs que par leurs actes et selon les cas, ils honorent ou trahissent ? Soulignant peut-être ainsi l‘échec d'une éducation, familiale ou scolaire].

L’ours et l’amateur de jardin : Sur la fessée (qui vient d’être interdite en cette fin décembre 2016, interdiction dont on lisait les prémices au niveau européen en mars 2015 ). "Françoise Dolto disait (…) qu’une petite taloche était beaucoup moins pernicieuse que des mots choisis pour faire mal". AF évoque ces féministes qui criminalisent la galanterie pour mieux combattre le viol. Et renvoie à La Fontaine.

La bonne mort : réflexions dignes mais assez communes sur la question de la fin de vie, guetté par Alzheimer et alii et les conditions d’un départ honorable. In fine, comme un Mensch. Et la question de la limite au-delà de laquelle il ne faut pas continuer reste entière.

Les orphelins inconsolables : sur le désespoir des antifascistes professionnels à la perspective de perdre, avec l’effacement de Jean-Marie Le Pen et une certaine évolution du FN, leurs ennemis préférés . "Notre présent est bovaryste, il se conçoit autre qu’il n’est ". Et il refuse de se regarder en face: il s’indigne de la dédiabolisation mensongère du "parti du diable" et sous-estime l’infiltration des réseaux islamistes dans l’enseignement supérieur.

Quand l’antiracisme perd la tête : "… sont menacés d’exclusion de la communauté humaine ceux qui s’interrogent à haute voix sur les problèmes posés à l’Europe par l’islam et l’immigration ". AF vomit les paroles antifrançaises d’un certain nombre de textes de rap et déplore que la justice, quand saisie, ne les frappe que d’inexistence. Dénonce l’analyse de Jacques Rancière, ou de Claude Askolovitch, qui attribuent à "certains intellectuels de la gauche dite républicaine " une responsabilité dans la montée de la xénophobie et du racisme. Se dit visé, ainsi que Régis Debray.

La révocation de la promesse : AF dénonce dans la dernière réforme du Collège de Najat Vallaud-Belkacem ce qu’il lit comme une volonté absolue de nivellement par le bas, piégeant les bons élèves potentiels et leur bouchant les dernières issues (classes bilangues , enseignement du latin). Pour éviter l’accès privilégié des enfants de bourgeois à la culture, il affirme qu'on supprime celle-ci des programmes. Cite François Dubet : "On ne peut concevoir que certains élèves aient plus de culture commune que d’autres " [phrase par ailleurs absurde]. Développe sur un enseignement qui veut lutter contre les fantasmes islamophobes. «L’école des savoirs a vécu. Lui succède, entre mauvaise conscience et commisération, l’école de la thérapie par le mensonge (… [avec]) l’exigence et l’exactitude, systématiquement bafouées par le zèle miséricordieux de l’Education Nationale ". La gauche actuelle abandonne la transmission de l’héritage de la noblesse du monde (…) et "elle le remplace par le catéchisme antiraciste  (…) et la médiocrité pour tous comme but ultime. " [au point qu’il en arrive a demander : "quel sens y a-t-il à se dire toujours de gauche ? "]

Le brûlot Todd : pour Todd, le 11 janvier 2015, "des millions de français se sont précipités dans la rue pour définir comme besoin prioritaire de leur société le droit de cracher sur la religion des faibles. " Dénonciation par AF d’une gauche antifasciste mais pas antitotalitaire, qui vomissait Hitler, mais pas Staline. Cet antifascisme d’aujourd’hui affirme que le danger n’est pas l’islamisme mais l’islamophobie et "dès le lendemain de la vague terroriste, remontait aux causes et dénonçait l’exclusion. ", faisant des victimes des frères Kouachi les vrais coupables et des manifestants du 11 janvier des racistes.

Après la victoire, le combat continue : sur les aveuglements d’un féminisme qui est dans le déni des progrès accomplis et  appelle sexisme toute galanterie, allant jusqu’à déplorer que la politique "soit très majoritairement aux mains d’hommes hétérosexuels plutôt sexagénaires ".

Grandeur et leurre de la rédemption allemande : ("Willkommenskultur" : culture de l’accueil. Désigne les mesures prises dans la compassion pour offrir une nouvelle vie à des réfugiés fuyant la guerre en quête de liberté et de sécurité). Réserves sur la volonté de rachat extensive de l’Allemagne de Mme Merkel quant à son opportunité, eu égard aux circonstances. Cette Allemagne est "si soucieuse de se purifier de son passé qu’elle fait table rase de la nouveauté du présent ".

La fin de la fin de l’histoire : après le Bataclan. L’illusion d’un monde pacifié et unifié s’effondre. La génération Bataclan, ultra connectée, croyait vivre à l’échelle du globe. Illusion. La Marseillaise redevient d’actualité : il s’agit bien de se défendre contre de féroces soldats qui viennent jusque dans nos bras massacrer nos fils et nos compagnes. Le grand rêve hors sol de la post modernité se fracasse contre la réalité de l’islamisme. AF dénonce le contresens d’un certain parti intellectuel qui, quand surgit l’ennemi, en appelle au respect de l’Autre. Il souligne : pas de culpabilisation - nous ne payons pas pour nos crimes (politiques néocoloniales, impérialisme, pratiques discriminatoires, …) - le djihad n’est pas un retour de bâton, c’est un projet de conquête. "Lutter contre l’islamisme, c’est se donner les moyens de reprendre les territoires perdus de la nation en reconstruisant l’école républicaine abêtie, abîmée et même saccagée par un demi-siècle de réformes démagogiques et en maîtrisant les flux migratoires, car plus il y a d’immigrés venus du monde arabo-musulman, plus la communauté nationale se fragmente et plus se développe la propagande radicale ".

La nuit de Cologne :     Dénonciation du déni de réalité en quoi a consisté la minimisation (la tentative de dissimulation) des événements de la nuit du 31/12/2015 à Cologne, comme il avait été fait pour les agressions sexuelles dont s'étaient rendus coupables des migrants lors de festivals de musique à Stockolm en 2014 et 2015, comme il y avait eu des agressions place Tahrir lors des manifestations du printemps arabe. "Un grand nombre de nouveaux arrivants n’ont pas la moindre intention de se plier aux usages et aux principes en vigueur dans nos sociétés. " Le ressort des minimisations occidentales : "ne pas écorner l'image de l’Autre, ne pas faire le jeu de l’extrême droite populiste. ". Factuel : "les organisations sociales de l’Occident et de l’Orient reposent sur des principes radicalement opposés et la différence primordiale concerne la place réservée aux femmes ".  

 

MusulmaneEmma T

                                                                                                                                                                                                                                                     PROLONGEMENT COMMENTÉ À SUIVRE ....

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Bonne année à vous.<br /> <br /> Pourriez-vous m'indiquer où je trouverais le détail de la controverse autour de Marcel Gauchet, dont je lis "La démocratie contre elle-même" en ce moment ?<br /> <br /> Je partage certaines des analyses de Gauchet... sans que cela me fasse le moindre plaisir, d'ailleurs.<br /> <br /> ...<br /> <br /> Finkielkraut a l'air d'un vrai prophète moderne, et cela ne me dérange pas le moins du monde. Il faut des prophètes à notre époque. J'espère, au moins qu'il SAIT qu'il est un prophète, et qu'il est capable de se rattacher à cette... tradition.<br /> <br /> Curieux qu'on dise qu'un prophète prédit l'avenir, quand les prophètes de l'Ancien Testament ont surtout dénoncé la très grande dérive du peuple pour l'inciter à s'amender...Le seul avenir dont ils étaient certains, c'était la punition pour autant d'impiété. Je partage leur vision de la chose, qui devait être assez répandue dans l'Antiquité.<br /> <br /> ...<br /> <br /> Il me semble que Finkielkraut passe à côté, peut-être, du fait que NOTRE idéologie (occidentale), que je vais qualifier de mono-idéologie, sur le mode de monothéisme, n'est pas stationnaire, mais continue sa marche implacable et inexorable vers le paradis terrestre de la fourmilière pour tous les fourmis travailleurs-contre-argent dans le meilleur des mondes possibles, tous égaux, tous.. pareils, indifférenciés, indifférents, sans sexe, sans... désir, sans grâce, avec pour seul idole, l'efficacité fonctionnelle. Ce monde là, une terrible variation du tous ensemble, tous ensemble dans la philia (qui n'est pas éros pour deux sous) du corps du Christ, n'est pas ragoutant, de mon point de vue. Pire encore.... le travail lui-même souffre de tant de ferveur mal placée. (Finkielkraut reconnaît-il que le messianisme imprègne la culture juive ET chrétienne ?, et le messianisme survit en convaincant autrui afin de pouvoir croire soi-même.)<br /> <br /> ...<br /> <br /> Pour Noël, j'ai reçu le DVD de "Docteur Jivago" que j'ai regardé avec un immense plaisir. C'est fou combien l'histoire est d'actualité. Cet homme, médecin, scientifique ET poète est le centre de "Jivago", qui dépasse de loin une histoire d'amour pour explorer comment les êtres exceptionnels continuent à mobiliser des personnes autour d'eux pour préserver à la fois leur innocence et leur très grande valeur dans un monde où la personne unique a cessé de... compter.. pour la collectivité (oui, c'est quelque part là haut : l'histoire des pièces interchangeables. La scène où on voit Jivago revenir du front pour retrouver sa belle demeure, transformée en bungalow pour "lepeuplefourmis" du coin, des gens plein de ressentiment, d'envie, de fureur, de déception, vaut plusieurs chroniques de Finkielkraut, probablement.). C'est salvateur de voir un film où la beauté, et la grâce sont aussi présentes, et où avoir des sentiments et les montrer n'est pas synonyme de faiblesse (à bannir, la faiblesse. Tout le monde sait que les faibles iront en enfer...).<br /> <br /> Finkelkraut doit parler de cela quelque part aussi.<br /> <br /> Je crois que je ne le lirai pas quand même. Quand soi.. on est prophète, on n'a pas vraiment besoin de lire d'autres prophètes. C'est lourd à trimballer, tout ça. Peut-on faire un club de solitaires ?<br /> <br /> J'ai plutôt envie de poésie en ce moment...<br /> <br /> Merci d'être repassé en mode lettres.
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