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AutreMonde
6 novembre 2015

UNE HAINE VIOLENTE

   Le Collège de Buchy  Jérémie Lefebvre

 

Jérémie Lefebvre (cf. Wikipédia) publie chez Lunatique un petit livre d'une violence exacerbée autour d'un parcours scolaire (essentiellement le sien) dont l'explicitation du cadre ne lui a pas attiré que des sympathies (voir Normandie-actu).

Ce sont des remarques de Pierre Jourde dans son blog de l'Obs qui ont attiré mon attention sur ce court récit qui se lira en moins d'une heure trente. Jourde y est revenu à deux reprises, le 22/9, puis le 17/10, soulignant que "Tout le texte, du début à la fin, est noir, sans concession, d’une âpreté et d’une cruauté rares".  

C'est effectivement d'une noirceur profonde. Et qui m'a beaucoup touché. Témoignage halluciné qui exhale toutes ses rancœurs, le livre psalmodie un désespoir dont l'aigreur s'étend à une vision nauséeuse de la "beaufitude" hexagonale assez inusitée. 
L'accouchement du bouquin a dû être difficile, dans la douleur. 
La haine que les brimades scolaires subies a fait naître chez le narrateur atteint des sommets, compréhensibles mais étonnants. L'écriture a-t-elle pu, à trente années de distance, fonctionner comme thérapie? Ce n'est pas même certain tant les ouvertures psychologiques des dernières pages assombrissent le paysage mental. 
Il est écrit sur le monument aux morts de Tarbes, ville chère à mon cœur, Ni haine, ni oubli. Ici, l'oubli est bien écarté, mais la haine est intacte.
Rien au fond, ne s'efface vraiment.
Un petit livre à lire, absolument.
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Commentaires
J
@ Debra : "[...] la position de victime, une position qui a l'énorme malheur d'instituer une forme de toute puissance dans le même moment où elle enlève la liberté du sujet"<br /> <br /> = exactement le "topos" sous-jacent de mon roman.<br /> <br /> Mais exactement.<br /> <br /> J'en suis tout troublé :)<br /> <br /> @Sejan : malgré l'inspiration autobiographique, la voix narratrice n'est pas ma voix... et j'ai écrit ce roman pour des raisons beaucoup plus littéraires que personnelles... si douleur dans l'accouchement il y eut (et il y a eu), elle fut d'ordre intellectuel, le texte étant techniquement difficile à mener à bien !<br /> <br /> Mais je ne suis pas mécontent qu'on s'y trompe ;)<br /> <br /> Merci pour votre post,<br /> <br /> Amicalement...
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D
Merci. Ça m'intéresse.<br /> <br /> Je survole un livre de Roland Chemama, "Clivage et Modernité" qui doit être un peu vieux, à l'époque "vite vite vite" où nous vivons actuellement.<br /> <br /> A un moment, il parle de "l'indulgence" à laquelle, dans le meilleur des cas, nous parvenons après de longues années passées à s'obstiner... dans la position de victime, une position qui a l'énorme malheur d'instituer une forme de toute puissance dans le même moment où elle enlève la liberté du sujet. Ces redoutables paradoxes...<br /> <br /> Je sais.. d'expérience qu'il faut des années de trajet, de retour ? sur les événements avant d'y arriver. Cela conduit à une forme de maturité, en sachant que l'homme n'est jamais un être... parfait (entendons, fini...) AVANT LA FIN.<br /> <br /> C'est sa chance ET son malheur.
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