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AutreMonde
15 juillet 2007

Remarques (III) ...

Elle était bien seule, le 5/07, à la tribune du Sénat, Rachida Dati, s’exprimant devant un hémicycle vide (on dénombre sur la photographie (Le Monde du 7/07) treize auditeurs, sénateurs et membres du gouvernement réunis). C’est à se demander de qui la démocratie se moque. Il paraît qu’il y avait - et qu’il a pris la parole - Robert Badinter là-dedans. Qui représentait-il? Je l’ai croisé davantage entouré devant chez Dalloyau, place Edmond Rostand, l’an passé je crois. À l’insistance involontaire de mon regard, il avait répondu par une sorte de sourire rentré, celui-là même que vous inflige tout prélat que vous dévisagez, incertain qu’il est de savoir si vous allez crier “À bas la calotte!” ou tenter de lui baiser les mains. Triste tout ça. Dati est sympathique. Seulement de loin, prétend Michel Dobtkine qui vient d’abandonner son poste de directeur du cabinet pour quasi harcèlement moral. Mais comme j’ai peu de chances de me rapprocher, qu’importe? En politique, nous votons au feeling, à l’image, au subjectif, à l’aveuglette en somme et, victoire de l’aléatoire modélisée par la théorie quantique, la multitude des incompétences fait sens! D’où Sarkozy, en passe - cela durera en tout cas tant que les résultats concrets ne seront pas certifiés mesurables et non mesurés - de s’affirmer dans la manœuvre encore meilleur président que candidat. Il suffit de voir la déprime de Hollande, pris sur le vif au sortir de l’Élysée, le 19/06 ( Le Monde du 10/07). On nous disait non loin de là Ségolène pratiquant l’aphorisme: “ Quand on aime et qu’on est trahi, je crois qu’il faut reprendre son destin en main”. Il avait l’air de cet avis et méditait peut-être, en marge de ses vilenies intimes, sur les conséquences des trébuchements politiques. Difficile d’être au four amoureux et au moulin présidentiel... Drôle de tête aussi que celle de Pierre Jourde (numéro du 7/07) au procès des habitants de Lussaud qui l’ont agressé il y a deux ans, sa prose en travers de la gorge. J’avais beaucoup aimé (et chroniqué) son “Festins secrets”; il faudra que je lise ce “Pays perdu”, objet du délit objet de ce procès. “Ce livre, il a mis la méchanceté dans le village” a dit l’un des agresseurs de l’écrivain. Celui-là s’en tirera avec 500 euros d’amende. Un autre s’est plaint que le roman ait trouvé à son gendre une “tête de sanglier”, en quelque sorte une drôle de... hure. L’expression est usuelle mais il est vrai peu élogieuse. Entre autres renseignements, on apprend incidemment des échanges que pour réussir son collège, il pourrait être, sur la base d’un exemple local, de saine conséquence “d’avoir été élevé(e) au cassis dans le biberon”. Bref, des choses qui fâchent... et qui ont fâché! J’irai voir de plus près tout ça à la première occasion et j’y reviendrai sans doute. Assez loin de ces préoccupations, on s’interrogeait mardi 10/07 dans le même quotidien sur l’avant Big Bang. Entre relativité générale et mécanique quantique, voici que l’allemand Martin Bojowald, éminent chercheur de l’Institut de physique et géométrie gravitationnelle de l’université de Pennsylvanie, pense avoir découvert - et s’en vante - le moyen d’obtenir quelques précisions sur ce qui existait avant l’existence, sur ce qui fut avant de commencer à être, sur ce qu’il y eut avant ce commencement daté d’hier, de 13,7 milliards d’années, ce Big Bang origine d’un temps qui loin d’être absolu n’est jamais que le nôtre. Y a-t-il finalement tant de différence entre ces discussions byzantines que l’on moque relatives au sexe des anges et cet arsenal scientifique qu’on nous vulgarise - ou plutôt qu’on échoue à nous vulgariser - et qui prétend appliquer du rationnel sur de l’inconcevable? L’emballement de tout théoricien pour les vertus de son modèle m’est une source inépuisable d’étonnement. Les mathématiques n’ayant à peu près rien à voir, en termes d’essence, avec le réel, mais bien davantage avec les idées platoniciennes, on est toujours surpris, vingt-cinq siècles après la Grèce et ses efforts au fond à la fois premiers et définitifs pour nous fournir un cadre de raisonnement, de la pérennité d’une illusion qui n’avait pourtant déjà pas échappé à Pythagore et qui consiste à prendre le modèle pour ce qu’il modélise. Le temps est une notion qui n’a de sens que pour le vivant, ou plutôt que pour le dégradable. Nous observons des transformations. Nous les lisons “dans le temps” qu’en fait elles engendrent et définissent. Partant, nous ne modélisons que du transformable à portée de main et induisons de ce modèle la possibilité d’une origine, le Big Bang en question, dont d’ailleurs la modélisation retenue ne parvient pas à s’approcher à moins d’un epsilon temporel dit “de Planck” (qu’il faudrait multiplier successivement quarante trois fois par 10 pour reconstituer une petite seconde) en deçà duquel il n’y a plus de continuité. On ne sait pas passer en toute fluidité de rien à quelque chose et l’on en est de fait encore à ergoter, mutatis mutandis, sur des apories “à la Zénon d’Élée”, quand ce ne sont pas des acrobaties “à la Raymond Devos”, énonçant avec quelque bon sens que: “... rien, c’est rien, mais pourtant trois fois rien, c’est déjà quelque chose...”! Nous nous obstinons à résoudre des problèmes que nous avons entièrement créés. Preuve qu’il faut bien... passer le temps! “Les hauts revenus ont explosé en France entre 1998 et 2005” (Le Monde du 11/07). Que dire aux élèves dans les classes et dans les zones difficiles? Comment peut-on encore faire l’éloge du travail et de l’application? Car au delà d’un certain seuil, le haut revenu n’est plus une question économique mais une question morale, et dès lors ne se justifie plus. Peu importe le mérite censé le sous-tendre ou les retombées positives de la consommation qu’on affirme qu’il induit: il est scandaleux. Trop, c’est mal. Point. La question en vient à ne plus s’énoncer en termes souhaités d’enrichissement des pauvres, elle exige l’appauvrissement des riches. Et il ne semble pas, où qu’on regarde, y avoir quelque part le moindre début de solution! La vertu est sans doute implaidable... Francis Marmande et son snobisme tauromachico-jazzy, par bouffées incontrôlables, me les brisent quand même singulièrement menues. Là, le 12/07, dans un billet titré, en hommage à Hemingway dont je n’ai jamais supporté le culte machiste de la virilité, “Le soleil se lève aussi”, le voilà parti en guerre (chacun ses causes...) contre une malheureuse journaliste de France-Inter coupable - certes sans nul doute sottement - d’avoir commis en quelques minutes de chronique sept ou huit “Pamploune” pour espagnoliser un Pampelune qu’elle n’osait pas (?) appeler Pamplona. Mais le vrai fond de mon irritation, c’est la fascination de Marmande pour le lâcher de taureaux, “(moment de) gaieté et hymne à la vie”. Un lâcher qu’il nomme évidemment, lui, en bon puriste, “encierro” et qui vous (?) donnerait “la joie d’avoir couru dans l’amitié d’un fauve”! Un tel niveau de connerie me laisse sans voix: l’amitié d’un fauve... Il a bien de la chance Marmande, le ridicule ne tue plus; il ne fait ici que décourager le commentaire... 83,3% de reçus au baccalauréat... Et on nous vante le record! Les chiffres ici ne signifient rien, sinon l’adaptation de l’examen au niveau des élèves. On lit plus bas dans le journal que les grandes écoles d’ingénieur tirent la sonnette d’alarme: “Le bon niveau (en mathématiques) des élèves est un trompe-l’œil”. Évidence! 10% de réussite en plus au bac S entre 2001 et 2006? Belle mise au point ... des épreuves!Tant qu’on n’aura pas basculé vers des cursus individuels par unités de valeur modulaires, à disciplines dissociées hors un tronc commun simple d’accès à la citoyenneté, on pataugera dans de fausses filières que ne sauverait qu’une sélection drastique comme rêve d’en voir l’avènement Finkielkraut, mais qui ne servirait qu’à accroître la transformation du système éducatif en triste garderie des exclus de ladite sélection. On notera au passage la cohérence des patronymes et des propos car les deux seuls enseignants nommément interrogés, Laurent Decreusefond et Bruno Descroix, considèrent, le premier que les programmes ne sont pas creusés à fond et le second que, des professeurs qui rament aux élèves qui souffrent, chacun porte sa croix... Vendredi 13/07, DSK ressemble étonnamment , en photographie et en page 10, à sa caricature (pourtant vaguement excessive) de la page 2, signée Pessin. Quant au FMI, il a bien raison d’essayer d’y aller. Ces malheureux socialistes sont décidément pitoyables dans le sectarisme obtus et pourtant, depuis près de quarante ans (j’ai retourné ma veste en 1969 en votant le départ annoncé de De Gaulle, sans vraiment réfléchir d’ailleurs, maintenant que j’y pense ...) ils ont ma voix à chaque élection. Mais que de grimaces et de singeries et de simagrées. Et je commence à douter de Ségolène en homme providentiel. En attendant, je suis extrêmement séduit par l’idée d’Union méditerranéenne de Sarkozy, idée magnifique pour les nostalgiques de l’histoire gréco-romaine. Même si la réaction relève du sentimentalisme et de la subjectivité, j’y trouve comme une communion autour de ce que fut le monde antique, celui de mes études secondaires, celui dont on faisait le tour avec Alexandre, Darius, César, Hannibal, Pompée et alii, celui aussi, plus proche, de la fraternité tristement ratée de l’Algérie française, du déchirement devenu nécessaire de 1962. Ma première épouse, pied-noir, se moquait gentiment de ce que d’expérience, tout arabe un peu paumé, à moins de trente mètres, qui cherchait son chemin, où que nous ayons vécu, à Toulouse, à Paris ou à Montpellier, sans hésitation, la rue fût-elle passante, venait vers moi aux renseignements. 14 juillet. Il fait enfin beau sur Paris. Et je m’apprête à quitter mon balcon pour une maison de village sans grandes ouvertures au moment où il va redevenir fonctionnel et propice à l’écriture au soleil. On est toujours à contretemps!
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Commentaires
C
Et «gratos» en plus !<br /> Quelle exigence! Quelle sévérité pour la panne !<br /> Mal habituée, Odelette ?<br /> Savez vous pourtant que, c’est paraît il, beaucoup plus fréquent que l’on croit!<br /> Aussi, un peu de tendresse bordel!<br /> Et surtout ne pas dramatiser. <br /> Ne pas culpabiliser le pauvre malheureux qui risquerait alors le blocage psychologique. <br /> En revanche, on peut se moquer gentiment de lui, en l’accusant de publicité mensongère; mais bien insister: ce n’est pas grave; on le découvre, fragile, petit, piteux,..mais attendrissant ; et on le préfère ainsi.<br /> Et prendre alors, soi même, « les choses en main » pour montrer qu’on n’est pas rancunière et qu’on peut aussi être parfaitement capable de conduire à la réjouissance complice. <br /> Alors, Odelette,…..c’est pour quand?
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A
Je n’ai pas vu querelle mais coquetterie (par ailleurs avouée) dans la réaction affective de l’un des «vieux garçons».<br /> «Vieille fille» ayant déjà pêché dans ce registre, je ne jetterai donc pas une deuxième pierre au coupable.
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O
J'aimais bien vos échanges(fond et forme)mais là :quelle déception ! On dirait des querelles de vieux garçons (pardon,mesdames..)Reprenez-vous et réjouissez-nous !
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C
J’avoue que je n’avais pas cru à intention de second degré. <br /> Pire, qu’il y avait jeu à provoquer la confirmation de ce retour amical positif en pariant indélicatement sur la culpabilisation imméritée de son auteur.<br /> Mais au delà de la piètre comédie égocentrique un questionnement véritable: le risque de «l’évaluation différenciée».<br /> Je tenterai de «mettre en mots» pour mieux, d’abord, «me comprendre» avant de proposer à la critique. <br /> PS : «Ni Dieu, ni Maître»...ni Mac.<br /> Donc, toujours en panne de « petit z » pour mon «ç majuscule».<br /> Qui mesurera mon désarroi?<br /> Merci quand même.
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S
Il n'y avait aucune intention de second degré. J'ai bien aimé votre billet, il m'a amusé et il attire la sympathie. Ça va mieux en le disant ainsi? Au fait, sur mon clavier: "Ç" , soit "ç" majuscule, c'est simultanément les touches "alt" et "ç" (mais j'ai un Mac...)
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AutreMonde
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