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AutreMonde
3 avril 2006

École 2007 : Dieu est-il vraiment dans les détails?

Feuilleter  sur le site "desirdavenir.org" de Ségolène Royal les contributions relatives à «l’éducatif», flâner dans les pages dialoguées du site "meirieu.com" de Philippe Meirieu, homme de bonne volonté en qui on a tort de voir systématiquement un gourou de l’école déconstruite, ne fût-on pas toujours - loin s’en faut !, mais parfois, ça arrive! - de son avis, parcourir les propositions "cafe-leblog.net" du site Le Café pédagogique …… et retomber toujours sur la même conclusion : on se noie dans les particularismes et on perd pied dans les détails.

Le problème de l’école est LE problème dont la non prise en compte – hélas prévisible – condamne par avance tout projet politique – et je le dis fort sérieusement – à la vacuité. Je me souviens en 1995 avoir eu un échange avec DSK qui devait graviter «grave» dans l’orbite Jospin à qui j’essayais de «vendre» cette affirmation, en même temps que l’esquisse d’un projet, bien sûr, en toute modestie (!). On était en campagne électorale, il fallait dire amen à tout électeur potentiel, ou faire semblant. J’avais reçu un mot manuscrit fort aimable dudit DSK m’expliquant qu’assurément, dans un monde politique bien fait, toute campagne présidentielle se serait construite autour de ce noyau dur : Quelle école pour donner un sens à terme à un projet de société qui ne pouvait espérer changer la vie sans commencer par elle ? Mais voilà, voulait bien déplorer DSK, le monde politique étant ce qu’il était, et, pour ne pas le dire, les électeurs n’ayant pas envie qu’on les emmerde avec des sujets qui n’avaient aucun effet à court terme et concernaient de plus une étape de leur vie particulièrement désagréable et qu’ils préféraient oublier – d’ailleurs, en gros, il en étaient sortis, donc… basta ! - , tout bien réfléchi, on allait ranger mes feuillets dans un tiroir et continuer à s’occuper de choses sérieuses.

Et oui, de choses sérieuses ! Et pourtant !

Aucun candidat à la présidentielle de 2007 ne proposera un dessin global de sa vision réformiste de la société française en forme de dessein qui s’articule sur l’école et la prenne comme point de départ. Il y a donc là, forte considération utilitariste, pour celui (celle?) qui y songera, une bonne raison pour privilégier cet angle d’attaque s'il (elle?) veut se démarquer du voisin, nécessairement noyé dans des questions de chômage et de bien-être social à venir reposant sur moins d’impôts et plus de loisirs (Panem et Circenses … et ça roule depuis plus de 2000 ans, alors, pourquoi s’en priver ?).

Mais un vrai projet pour l’école, ce ne peut être la litanie des mesurettes frileuses qui s’égrènent au fil des propositions lues et qui parsemaient déjà les prémisses - avant de fleurir dans les conclusions - de l’inutile rapport Thélot. Un projet pour l’école, c’est le déploiement d’une réponse simple à une question fondamentale : Structures, contenus, modalités de la scolarité obligatoire ? Tout le reste du système éducatif en découlera logiquement , et, du système éducatif, toute la conception des lignes de forces du fait et du fonctionnement social comme conséquence des formations initiales suivra.

Quelques axes sont résolument incontournables, sur quoi articuler l’effort. Et il y en a peu.

1. L’école élémentaire et le collège sont à fondre en une seule entité et deviennent l’école obligatoire, sans solution de continuité.
2. Formation « de Socle Commun » à mi-temps : apprentissages exigés par l’insertion sociale à suivre. Les élèves sont groupés par classes traditionnelles (homogénéité des âges, melting-pot des origines et des niveaux). Maître unique. Pédagogie active. Transmission maximale de valeurs, d’informations, de comportements. Transmission directe minimale de connaissances , mais réinvestissement dans des stratégies pédagogiques de groupe des acquis individuels construits ailleurs.
3. Enseignements « de spécialité » à mi-temps. Optionnels, libre choix quand niveau «Socle commun» acquis. Structurés en unités de valeurs (UV) courtes. Validation-certification continue. Maîtres spécialisés. Pédagogie à dominante magistrale . Les élèves sont groupés par niveaux de compétences et d'acquis. Groupes homogènes, sans critère d’âge.
4. La notion de redoublement perd son sens. On suit son groupe d’âge au long de la formation de «Socle commun», sur tout le parcours «école obligatoire» quoi qu’il en soit des UV accumulées. On progresse dans le réseau des UV sur ses choix propres et à sa vitesse propre (les UV non-validées peuvent être recommencées). On quitte l’école obligatoire avec un profil strictement individuel résultant des UV accumulées. Un examen terminal léger (entretien devant jury et présentation de son propre parcours, de ses aboutissements, des prolongements envisagés) permet une certification globale d’acquisition : «Maîtrise du Socle Commun / Aptitude à l’Insertion» .

De ce cadre obligé découleront quelques nécessités d’équilibre connexes :

a. Re-profiler la formation des maîtres. Catégorie unique (CAPEO). Option «Généraliste» ou options «Spécialité».
b. Redéfinition des services enseignants sur le mode temps plein . Configuration de véritables équipes d’établissement. Redéfinition des missions dans l’esprit d’une prise en charge globale et complète par les équipes de direction, pédagogique, et éducative, des problèmes éducatifs de l’établissement. Réorganisation des salaires.
c. Reconfiguration des établissements (fusion élémentaire-collège / accueil des professeurs à temps plein / travail «sur place»). Élection des chefs d’établissement par les équipes, en leur sein, sur un programme-projet à 3 ans.
d. Autonomie complète des établissements dans le cadre de leur projet . Le contrôle des moyens globaux affectés et à gestion locale (moyens matériels, en postes et services) s’effectue a posteriori.
e. Réorganisation du corps d’inspection, redéfini dans ses missions, pour assurer une impulsion, un guidage, un suivi et un soutien-formation en continu des équipes éducatives.

À partir de ce noyau de départ, il va de soi que doit se reconstruire toute une stratégie pour le second degré et la suite, stratégie de formation, révision des structures (on peut largement penser par extension pour les lycées), toute une stratégie de dialogue aussi avec les interlocuteurs de la vie active pour les insertions directes en sortie de scolarité obligatoire, etc.

Mais l’essentiel est là.
Et noyer le poisson dans des complexités parallèles ou la levée immédiate de complications entrevues, internes à l’énoncé, doit être écarté.
Le corps social se refondera, dans ses nécessaires intégrations et le renouvellement de valeurs positives et constructives, par la conciliation de l’acceptation de tous par tous et de l’épanouissement de chacun. C’est à l’école et sur la durée de la scolarité obligatoire que cela se détermine. Et j’y crois (j’y sais) le schéma précédent indispensable.

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