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AutreMonde
31 mars 2006

Le Haut Conseil de l'Éducation dans l'impasse...

Martine Laronche fournit, dans Le Monde du vendredi 31 mars, un résumé des Recommandations pour le Socle Commun , datées du 23 mars, émises par le HCE (Haut Conseil de l’Évaluation) assez récemment installé (08 / 11 / 05).
On se reportera, pour mieux en juger encore, au texte complet, accessible sur internet (http://www.education.gouv.fr/syst/hce/default.htm ).

La réflexion éducative officielle, qu’articule bien ici le HCE, est dans l’impasse. La raison en est très simple : elle refuse de prendre acte de ce que le problème est dans les structures mêmes du système.

Ce qui est énoncé, les intentions générales, le principe d’une formation de base installée sur des compétences ancrées dans des approches pluridisciplinaires , l’ambition citoyenne dont ces intentions sont porteuses, tout cela est bel et bon ou peu s’en faut, peut mériter réflexion, discussion ici ou là sur un infléchissement… et mérite globalement l’adhésion de principe. Mais il y a un «Mais» : à partir de son énoncé, le programme est inapplicable.

Le programme est inapplicable parce qu’il veut s’installer dans les structures maintenues d’une formation tout entière par classes d’âge qui le prive des souplesses indispensables à sa dualité : tout les élèves doivent y réussir / chacun doit le faire à sa vitesse. La référence du Haut Conseil aux réussites pédagogiques de la « Classe Unique » du primaire est une plaisanterie quand on sait ce que sont les classes de collège en zone difficile.

L’ambition du Socle Commun n’est compatible qu’avec la reformulation à deux niveaux des regroupements d’élèves à des fins de formation.

D’une part, des groupes d’âge, hétérogènes, sur le mode des classes actuelles, doivent être constitués, où se développera, essentiellement dans des conditions de dialogue continu, d’exposés actifs, d’interventions croisées entre les contributions des profils-élèves « à compétences acquises » et des profils-élèves « en recherche de compétences », toute une vie sociale d’apprentissage des valeurs citoyennes et de présentation-échange des connaissances qui en constituent la base. Appelons «groupes SC (pour Socle Commun)» de tels groupes.

D’autre part, une atomisation raisonnée en courts (ou très courts) modules (ou U.V. : unités de valeur) de l’ensemble des compétences scolaires visées (celles relevant du Socle mais aussi, très au delà, celles que pourrait ambitionner l’excellence) offrira un cadre où s’insèreront des groupes de formation homogènes en niveau, sans critère d’âge, permettant à chacun, d’UV validée en UV validée, à son rythme (éventuellement très lent), de construire son profil personnel, dont il continuera en parallèle à réinvestir soit les acquis, soit les questionnements, dans le « groupe SC » auquel il restera rattaché.

Seule cette dichotomie, qui ne reproduit rien d’autre, via les groupes SC, que le brassage social souhaitable de compétences très diverses et individuellement développées, cultivées, donne un sens à des ambitions nobles et judicieusement énoncées, mais dont on sait d’expérience que la pratique tant de fois tentée, dans le cadre des structures actuelles, de la « pédagogie différenciée » et des « groupes de soutien » échoue à les faire aboutir.

La projection esquissée par le document du HCE appelle, exige, l’approche indiquée, si lourde sans doute de révisions déchirantes et de remises en question, à court comme à long terme, des modes de fonctionnement du système éducatif qu’on préfère l’occulter …. en se condamnant ainsi par avance à l’échec. Dommage.

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