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AutreMonde
8 janvier 2015

ALLAH, BERNARD MARIS, EMMANUEL CARRERE ET DIEU ...

 

Fanatisme     Cabu

La journée d'hier avait commencé par le passage chez Patrick Cohen, sur France-Inter, de Michel Houellebecq. Je ne vois guère, sauf Modiano, d'écrivain notable susceptible de le concurrencer sur le plan de l'inaptitude à l'oral. Un désastre.

Tournée promotionnelle des médias pour son livre, Soumission, qui sortait aujourd'hui. On en reparlera (du livre) quand je l'aurai lu (si je le lis).

Mais j'avais noté hier, au gré de je ne sais quel feuillettement de je ne sais quel magazine, les éloges hyperboliques d'Emmanuel Carrère et le jugement abruptement enthousiaste de Bernard Maris : Chef d'œuvre.

J'ai plutôt de l'amitié pour Bernard Maris, à travers ses interventions du vendredi matin sur France-Inter, au titre d'économiste débattant avec Dominique Seux, des Echos, et puis, surpris l'an passé de le découvrir gendre de Maurice Genevoix, je m'étais intéressé à son essai (intéressant!), L'homme dans la Guerre, chroniqué sur ce blog le 08/02/2014. Son amour définitif pour son épouse, Sylvie Genevoix, me l'avait par surcroît rendu sympathique.

Et ce matin, Bernard Maris n'est plus. Tué hier, vers 11h30, lors de l'attentat dont a été victime, avec lui, la rédaction de Charlie Hebdo et les policiers qui protégeaient le journal depuis l'affaire des caricatures de Mahomet. Triste horreur.

Je me suis d'ailleurs demandé s'il pouvait y avoir un rapport entre cet attentat et la date de la sortie de Soumission, dont on nous a assez expliqué quelles perspectives polémiques il ouvrait autour de la fiction de l'arrivée au pouvoir, à la tête de la République Française, d'un islamiste modéré en 2022, comme façon de mettre un terme à un second et pitoyable mandat de François Hollande et à la montée du Front National.

Le bruit fait autour de l'arrivée de ce livre, pour ne pas parler de Buzz, a été tel que la coïncidence ouvre l'interrogation. Quant à Houellebecq, il s'est retrouvé d'un seul coup brutalement évacué de cet espace médiatique qu'il avait occupé en totalité jusqu'au milieu de la matinée . Son bouquin sera-t-il une victime collatérale de l'attentat ou bien au contraire, après quelques jours de discrétion, y aura-t-il tout au contraire un effet marketing?

D'autres remarques?

Guère, sinon que pour ceux qui, sous quelque nom que ce soit, croient en Dieu, je n'ai pas l'impression qu'il sorte bien grandi de cette affaire.

 

Carrère

Le hasard fait que, concernant l'autre thuriféraire remarqué du dernier Houellebecq, Emmanuel Carrère, je viens de terminer Le Royaume, son dernier et copieux bouquin, tout entier consacré aux évangiles et plus spécifiquement à Paul, Luc … et bien sûr lui-même. Carrère fait volontiers dans le narcissisme assumé, et ce n'est même pas désagréable. Le livre m'a paru tout à fait passionnant. Très bien documenté, il opère une étonnante vulgarisation modernisée de la période post crucifixion du christianisme, faisant de l'entourage immédiat du Christ un mélange de groupies et de bras cassés que la mort du maître a laissés en déshérence, sur quoi tranche l'activisme de Paul de Tarse, touché par la grâce sur le chemin de Damas, qui va prendre à lui tout seul et à bras le corps, le devenir de la révélation. C'est tout à fait passionnant.

Bien sûr, Carrère se raconte et consacre le premier cinquième ou quart de l'ouvrage à la narration de sa plongée sincère, pendant trois ans, dans une foi dont l'absolu affirmé  releva néanmoins du CDD plus que du CDI et dont au fond il est sorti pour écrire, après un temps de réflexion et la rencontre de circonstances déclenchantes, ce livre.

C'est un type assez étonnant, Emmanuel Carrère, avec son mélange de culculteries (sa marraine Jacqueline et ses prêchis-prêchas, son grand ami Hervé et son bouddhisme, …)  et de cul tout court (on a droit à trois pages digressives tout à fait chaudes de vidéo pornographique commentée), mais au bout du compte, ça passe. L'intérêt du bouquin emporte le tout.

Joe E

 

Etonnant aussi Carrère, dans sa ressemblance avec Joe E. Brown, l'acteur qui incarne Osgood Fielding III, l'amoureux de Jack Lemmon dans l'irrésistible Some like it hot (Certains l'aiment chaud) de Billy Wilder. Enfin, je trouve …

 

Et pour en revenir au point de départ, sachant qu'un bon dessin vaut bien un long discours, deux de leurs dernières caricatures …

Dernières caricatures

Requiescant in pace ? Hmmm … Je pense qu'ils reposent plutôt en colère!

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Commentaires
D
J'aime bien votre éloge funéraire...<br /> <br /> Moi aussi, j'ai une tendresse particulière pour Bernard Maris chez qui j'ai discerné, dans son avant dernier livre (je crois) parlant de sa perte de foi dans le marxisme, des accents de prophète...<br /> <br /> Comme j'ai dit ailleurs, je crois que la rédaction de Charlie poursuivait une longue tradition de libertinage en France. Libertinage à la Don Juan.<br /> <br /> Comme je suis quelqu'un qui ne peut pas m'empêcher de provoquer, je crois identifier le besoin de se mettre contre chez d'autres provocateurs.<br /> <br /> Le provocateur, en amoureux de l'absolu (majuscules ou pas, difficile à dire...), cherche la Limite, ou les limites, comme vous préférez.<br /> <br /> Parce que l'Homme est fait comme ça, je crois. On pourrait dire, même que c'est animal. <br /> <br /> Celui qui cherche obstinément la limite finit par la trouver aussi, je crois.<br /> <br /> Parce que le Réel est fait comme ça aussi.<br /> <br /> Merci pour les informations que vous apportez sur Houellebecq, et Emmanuel Carrère. Cela m'intéresse.<br /> <br /> On dirait que Carrère est un homme.. moderne (je n'ai pas ((encore)) lu le livre. Difficile de garder la foi en ce moment...mais impossible de la larguer complètement aussi...l'Homme serait-il ainsi fait ?...<br /> <br /> Cordialement.
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