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AutreMonde
13 janvier 2015

AFFLICTION, COMPASSION, MANIFESTATION, EDUCATION, REFONDATION .

Manif Charlie

On est affligé le mercredi en apprenant un tel désastre, puis on compatit et on s'insurge à longueurs de médias jusqu'à la fin de la semaine et le dimanche enfin, on manifeste, en masse, en foule, en très grande foule.

Et le lundi?

Il me semble que deux constats doivent être repensés pour aller vers un traitement efficace  du mal qui a trouvé dans les morts de la semaine dernière son expression extrême. Le premier concerne l'échec avéré du système de la formation initiale, le second l'existence scandaleuse de trop d'inégalités. Je serai court sur le second, qui néanmoins explique l'exacerbation de bien des haines

L'Islam est peut-être un problème, mais l'Islam n'est pas tout le problème. Sur ce thème étroit, on peut aller lire utilement la lettre ouverte d'Abdennour Bidar au monde musulman (http://www.lalibre.be/debats/opinions/abdennour-bidar-lettre-ouverte-au-monde-musulman-54b26dcf3570b311405f9f31). Il y affirme, tutoyant l'entité incertaine à laquelle il s'adresse : Il faut que tu commences par réformer toute l'éducation que tu donnes à tes enfants, que tu réformes chacune de tes écoles (…)

Mais il faut élargir. C'est tout le système de formation et pas simplement celui dédié à une certaine confession qu'il faut repenser. D'ailleurs, dans un système par vocation laïque, cela a-t-il vraiment un sens de maintenir des écoles confessionnelles?

L'école publique a de mauvais résultats, il ne devrait pourtant pas y en avoir d'autre, et elle devrait être le seul creuset où se fondent les diversités d'origine pour aller vers un même idéal de rationalité éclairée et ouverte. 

Charlie Hebdo

Quand on inscrit la manifestation de dimanche dans le combat pour la liberté d'expression, on n'exprime pas tout le problème. Les morts de Charlie-Hebdo sont les victimes directes d'un fanatisme d'affirmation religieuse. Ils sont une dérive extrême de l'irrationnel qui fait le fond de toutes les croyances. Les assassins eux-mêmes ne sont que les pitoyables jouets de forces qui les dépassent, et qui, sans grand rapport sans doute avec la transcendance, s'appuient sur les sacralisations qui les arrangent pour manipuler la crédulité des imbéciles. En ce sens, la Une du prochain Charlie-Hebdo et son implicite christique : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'il font, dit le vrai de l'affaire.

Les assassinats de Charlie-Hebdo sont une éclatante victoire de la bêtise.

Et on lutte contre la bêtise par l'Ecole.

C'est l'absolu de l'exigence d'une éducation à la lumière de la raison qui doit sortir plus évident encore des exécutions sommaires de mercredi dernier.

Les valeurs de la laïcité sont suffisantes pour porter en elles ce culte de l'ouverture aux autres et du primat de l'intérêt général qui peut fonder un vivre ensemble. La religion, en séparant celui qui croit au ciel et celui qui n'y croit pas, pour paraphraser Aragon, ouvre la porte à l'intolérance. L'Ecole unique, laïque et obligatoire reste sans doute le seul horizon efficace de l'éradication des superstitions structurées que sont toutes les religions. C'est cette affirmation portée à l'incandescence qui a aussi, voire surtout, été victime d'une tentative d'assassinat la semaine dernière. Il faudrait que, après avoir fait trop de morts, cette tentative débouche sur son définitif échec. Qu'ayant gagné une bataille, elle ait du coup construit les conditions qui lui feront perdre la guerre.

L'Ecole à refonder peut répondre aux questions soulevées. Elle ne ressemble pas à celle d'aujourd'hui. Mais on peut tâcher de l'inventer (http://www.thebookedition.com/scolarite-obligatoire-auguste-sejan-p-102795.html). On doit.

Quant à le résorption des inégalités, je n'en dirai que ceci: elle découle, elle aussi, d'une éducation aux valeurs laïques qui ouvre les yeux sur les satisfactions équilibrées de l'intelligence et relativise le TOC consumériste des sociétés d'aujourd'hui. Un très long travail est à faire… mais qui peut aboutir, non pas en prêchant, regrettable travers confessionnel, mais en éduquant, dans une ouverture constante et réfléchie à l'humanisme d'un destin dont la finitude justifie l'effort de tous pour tous, tant il n'y aura pas de session de rattrapage.

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Commentaires
G
Je viens de mettre cet article en lien sur facebook: : "depuis le temps qu'il travaille dans, sur , l'école"
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AutreMonde
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