COMMENCER 2013 ...

 Avec des livres, avais-je dit. Voici une première livraison.

    David Vann … On m’en a promis, quand j’ai ouvert le paquet-cadeau, monts et merveilles. Déception. Abruptement, ça ne vaut pas grand chose. Une idée de scénario, une tentation oscillant entre Into the Wild (roman de Jon Krakauer (1996), puis film de Sean Penn (2007)) et La route (roman de Cormac McCarthy (2006) puis film de John Hillcoat (2009)) et un résultat raté. On s’intéresse (un peu) à la ligne narrative qui présente un sursaut inattendu en milieu de roman, mais l’approche reste sans profondeur. Mérite d’être négligé.

       José Saramago, égal à lui même. Intelligence, irrévérence, dialogue réel avec le lecteur. C’est toujours un plaisir de cheminer en sa compagnie, ici sur les traces d’un Caïn sympathique, promeneur biblique peu soucieux de chronologie et fort critique vis à vis d’un Yahvé empêtré dans ses fausses certitudes, ses maladresses et ses choix indéfendables. Ne pas rater.

         Jean Echenoz . Sous le titre « 14 », une guerre de 14-18 réduite, bras droit du héros laissé sur le front oblige, à une grosse année de vie (et de morts) pour Anthime et ses « potes », son frère Charles, et Blanche, enceinte du second et qui finira avec le premier. C’est concis, plutôt bien, parfois un peu trop stylistiquement « travaillé », facile à lire. C’est « de la qualité », même si, au bout du compte, ça ne pèse pas très lourd dans la balance littéraire.

   Patrick Modiano. Assez longtemps que je n’en avais pas lu. Toujours bien, toujours dans sa manière si caractéristique, du charme avec du vide, des faux mystères, des personnages incertains, mystérieux, qui promettent avec la ferme intention de ne pas tenir, des déambulations dans un Paris « d’avant », ici de l’époque Ben Barka, milieu des années 1960. Le narrateur raconte un carnet noir, qu’il tint alors, et d’où surgissent en souvenirs inaboutis une demi-douzaine de figures de l’ombre, et Dannie, d’abord, surtout, secrète, aimée par effleurement et disparue sans laisser de trace. Bien.

    Yasmina Reza. Deux pleines pages dans Le Monde des livres du 4/1. Enthousiasme de Jean Birnbaum (« Son grand roman de la consternation humaine »), panégyrique de Florent Georgesco (« Frôler les gouffres … tous les pouvoirs de la littérature se concentrent … »). N’en jetez plus ! C’est bien, c’est du Yasmina Reza. Mieux que L’aube le soir ou la nuit, moins bien qu’Une désolation ou qu’Adam Haberberg pour prendre deux excellentes références précédentes. Une vingtaine de personnages que relient des liens de parenté, d’amitié, de petits ou plus gros dérapages sexuels, dans des semi-ratages incessants, superficiels, très amusants souvent, mais – et c’est là la faiblesse par rapport à des livres antérieurs – fortement déréalisés. On sourit, de saynète en saynète (il y en a une vingtaine, indépendantes, coups de projecteurs individualisés, l’aventure de X, puis de Y qui connaît X , puis de Z qui rencontre Y, …), ils se croisent, s’ignorent, existent, mais plus dans l’imagination de l’auteur et dans la nôtre que dans le réel des situations qu’on leur fait jouer. C’est un petit théâtre amusant, kaléidoscopique, dont ils sont les acteurs, les figures. Mais ils n’y tiennent qu’un rôle, ils sont un peu transparents, ils font semblant de vivre cela, ils le miment, mais ils ne le vivent pas. Presque partout réjouissant, mais léger, léger, léger . S’il serait bien sot de se priver du divertissement, les jugements de Birnbaum et de Georgesco n’en relèvent pas moins du dithyrambe abusif.

Si on vous demande : Alors, le dernier Reza ? Très bien, très bien, on passe un excellent moment. Et ? Et voilà. Point.

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Et puis, en forme de Forget me not, un rappel du livre « Ed Nat », ici – Comme quoi, il n’y a pas que Vann, Saramago, Echenoz, Modiano et Reza, à lire ...