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AutreMonde
24 mars 2009

Pas terrible, tout ça ...

Ces derniers jours, plusieurs billets d’origines diverses ont continué à ne pas me remplir d’optimisme quant à l’avenir des transformations pédagogiques et éducatives.

Sur le blog  de Luc Cédelle, qui complète, ainsi et Net-ement, son travail à la surface éditoriale très encadrées dans le quotidien Le Monde, une interview de Jean-Louis Fournel, président du collectif SLU (Sauvons-L’Université) a surtout mis en évidence l’extrême difficulté qu’il semble y avoir pour les principaux intéressés à déterminer quand l’enseignant-chercheur est ou n’est pas gréviste, c’est-à-dire remplit ou pas ses obligations de service. Le doute fort ainsi induit sur les contours réels de son efficacité professionnelle est quand même assez dommageable s’il s’agit d’estimer ensuite la pertinence de ses protestations… Sauver l’Université ou le flou dont s’entourent les universitaires ? Bon, admettons que Jean-Louis Fournel ne soit pas un très bon communicant.

Malheureusement, ce n’est pas le « point de vue » de Philippe d’Iribarne (en page 20 du Monde daté du Jeudi 19 mars dernier) qui va tellement rétablir la situation. Voulant adosser, directeur de recherche au CNRS qu’il est, sa défense de l’effort universitaire à quelque argumentation honorable et bien reçue, il est allé chercher « Le Loup et le Chien » parmi les fables de La Fontaine, pour se classer ainsi que ses collègues parmi les loups à la situation matérielle pitoyable qui acceptent de végéter - liberté oblige - loin des chiens « prospères et soumis » que sont pour lui les cadres grassement payés de la « haute fonction publique ». En plaidant, il souligne combien lui et ses semblables « conçoivent leurs cours comme ils l’entendent  [et] font les recherches qu’ils trouvent bon de faire », ajoutant que, quand ils travaillent – il accepte de préciser que « quelques-uns ne font pas grand-chose (plutôt parmi les chercheurs) » -, ils le font vraiment par amour de l’art puisque les peu-faisant « ne sont pas sanctionnés ».

Même en affirmant que les vaillants désintéressés sont ultra-majoritaires, sa présentation et les quelques circonlocutions qui vont avec me semblent potentiellement bien contre-productives.

Le même jour et sur la même page (Décryptages – Débats), Xavier Darcos (qui titre : Esprit français où es-tu ?) appelle à un retour au sérieux dans le dialogue, toutes imprécations et autres procès d’intention oubliés. Mais il produit un « discours de professeur », vaste, large, théorique, où l’on cite Montaigne (« Il n’est passion qui ébranle tant la sincérité des jugements que la colère » [C’est, dans les Essais, au Livre II, chapitre « De la colère »]) et parle  - terme convenons-en assez rare – de précellence [supériorité marquée, au-dessus de toute comparaison (Larousse)], quand mieux vaudrait, eu égard aux urgences en cours, repenser dans une simplicité efficace un système éducatif miné par l’époque et qu’on prétend par ailleurs consolider avec des rouleaux de ruban adhésif …

Pour compléter l’affaire, Patrick Fridenson (Direct. d’études à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales)) et Michel Kaplan (Prof. Univ. Paris I), s’avancent sur le terrain de la mastérisation (recrutement des enseignants du primaire et du secondaire uniformément à Bac+5) partiellement déminé par le report d’un an de la réforme contestée, pour affirmer « qu’un accord général est possible sur des bases claires ». Et de lister six points-clés « sur quoi », selon eux, « pourrait s’établir un consensus ». Ces points :

1)      le métier d’enseignant s’apprend

2)      la carotte d’un « mastere recherche » porteur d’une éventuelle réorientation est « une tromperie », surtout pour « ceux qui ne seront pas reçus au concours »

3)      on ne place pas un concours au beau milieu d’une année de mastere

4)      Concours en poche, il faut une pleine année de stage en alternance

5)      … pour « dégager la place pour un vrai mastere »

6)      des préfinancements de l’Etat doivent assurer un accès socialement juste au métier d’enseignant.

… Quelques commentaires succincts ?

Sur le point 1), il m’est de (fort) longue expérience évident que le métier d’enseignant s’apprend surtout sur le tas. Et qu’il faut moins souhaiter des stages préalables à l’entrée dans la carrière qu’un démarrage vraiment encadré (en « doublette » d’un enseignant chevronné par exemple) au sein d’une véritable équipe d’établissement (toujours à constituer…).

Sur le point 6), c’est toute la fonction publique qui me semble concernée, et, dès le démarrage du post-obligatoire, la mise en place d’une procédure extensive de soutien en escalier aux poursuites d’études ciblées qui doit être organisée (étapes B-L-M-D / Baccalauréat – Licence – Mastere – Doctorat, avec visée d’accès aux différents concours).

Sur le fond, le principe d’accès à la fonction enseignante, je demeure navré – la question n’a pas été soulevée – que n’émerge pas l’exigence première, quelles que soient ensuite les spécialisations, d’un niveau élevé de maîtrise de la langue (française) et de connaissances générales qui pourrait / devrait justifier un pré-recrutement à Bac+3 (le L du LMD). La mise en place d’un filtre sine qua non dans cet esprit me semble un préalable nécessaire et n’est sauf erreur nulle part mis en avant. Ce seul point me paraît pourtant plus essentiel que les soucis proprement « mastere » numérotés 2-3-4-5.

En fait, l’ensemble de la réflexion actuelle me paraît mal cerner les problèmes soulevés par la transmission des connaissances et l’optimisation (citoyenne ? citoyenne !) des comportements. Très mal. On mégote et on pinaille sur des détails au lieu de repenser l’ensemble des cursus initiaux (élèves), d’où découlerait  une meilleur vision des nécessités de la formation des maîtres. Mais voilà ….

Avec ça, j’ai loupé – ratages de programmation, contraintes extérieures, une vraie série d’actes manqués !…- toutes les diffusions (il y en a pourtant eu trois !) de «La journée de la jupe », le film/téléfilm de Jean-Paul Lilienfeld, avec Isabelle Adjani « en prof à bout de nerfs ». Le Monde, dans son supplément télévision de la semaine dernière, m’avait expliqué à quel point je ne pouvais pas, je ne devais pas rater ça et puis… Je vais être contraint d’attendre (heureusement, ce ne sera pas long) la sortie en salle, le 25 mars, ce prochain mercredi. On en reparlera…

En attendant, c’est un magazine gratuit (mensuel ? le numéro porte la mention : mars 2009), qui m’a été indirectement distribué via mes petits enfants de passage dans un magasin à l’enseigne de « La grande récré », qui a retenu quelques minutes mon attention. Ce magazine s’appelle « Côté mômes » et j’ai lu l’éditorial du directeur de la publication, Laurent Rochut, lequel fournit gracieusement l’adresse de son blog où, photographie à l’appui, il se définit comme homme et comme âgé de 41 ans. Pourquoi pas ?

L’édito s’intitule : Enseignants, gnants ! gnants !, et on pourrait s’en tenir là.

Mais enfin – j’ignore quelle « main » est derrière – il marque assez, par rapport à mes réserves sur l’adresse (au sens d’adroit) des plaidoyers à la Jean-Louis Fournel ou Philippe d’Iribarne évoqués ci-dessus, la fragilité probable dans une partie de l’opinion de la position revendicatrice du corps enseignant « de la maternelle à l’université », comme il est convenu de dire. Certes la pensée de Rochut est sans doute droitière, avec une pincée d’intégrisme peut-être - un tour rapide sur son blog m’a laissé ce sentiment, en attendant d’en savoir plus  - mais comme souvent, jusque dans la dureté et/ou le fiel de l’attaque, c’est une pensée qui appuie où ça fait mal et dont il faut tenir compte… parce qu’elle n’énonce pas que des contrevérités, d’autant qu’ici, chez Rochut, elle semble avoir derrière elle – en tout cas elle l’affirme - une dizaine d’années d’exercice dans le primaire. Et l’attaque la plus cruelle n’est pas la plus infondée :

« L’éducation nationale dans ses grandes largeurs, n’a pas de troupes à la hauteur de la bataille à mener. Elle compte des godillots à foison, mais quand ils défilent, c’est pour clamer haut et fort les excuses qu’ils se trouvent, de ne pas pouvoir faire mieux ».

Aïe !…Mais dans cette seule flèche, n’y a-t-il pas à la fois de quoi bondir et de quoi réfléchir ? Personne n’est parfait. À suivre …

 

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