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AutreMonde
2 janvier 2009

Bavardages de reprise …

Je vois en classant les journaux que le pape des néoconservateurs américains est mort le 24 décembre. Samuel Philips Huntington. L’homme du « Choc des civilisations ». Il a un petit air à  la Michel Debré sur la photographie. Pas si vieux. Né en 1927. Ce qui m’amuse toujours, c’est le quiproquo potentiel autour de cette appellation journalistique : les néocons. Mais ça se maintient et personne n’a l’air de rire.

Un papier d’Annie Khan dans le Monde du 30/12 dernier est titré : « J’sais pas quoi faire ! », avouent 78% des jeunes étudiants. Cette inaptitude à s’insérer de façon volontariste dans un projet de  société cohérent est navrante. Mais ce n’est pas à eux qu’il faut jeter la pierre. Les investissements éducatifs doivent aussi servir à déterminer, à travers les talents à valoriser de chacun, la place où, optimalement, pourrait se concilier l’exercice de ceux-ci et les attentes du corps social. Cela supposerait une analyse (et la publication de ses résultats, constamment mis à jour) d’abord très locale des besoins et la définition des profils associés. Cela supposerait aussi – avec le souci de prévoir et de faciliter toutes les passerelles  ultérieures – un certain  niveau (acceptable) de coercition, de contrainte, dans l’accès aux formations puis au premier emploi. 

Je découvre dans un Monde2 (supplément du week-end) qu’il existe chez Gallimard un bouquin décrivant le tournage d’Entre les murs. Et toujours chez Gallimard, une publication du travail d’Harold Pinter, qui vient de mourir, sur le scénario d’une version cinématographique de la Recherche du temps perdu qui n’a  pas abouti : Le scénario Proust. Je vais aller voir ça.

À propos de cinéma, j’ai conduit mes petits enfants dans les salles obscures avec un succès inégal. Madagascar2 est tout à fait excellent. Histoires enchantées se regarde sans déplaisir, tellement américain. Par contre, Igor est assez ennuyeux. Formellement, c’est un beau dessin d’animation, mais enfin l’histoire ne prend pas et les gosses (5, 7 et 10 ans) comme moi avions hâte d’en finir. Il paraît que j’ai eu tort de ne pas les emmener voir Mia et le Migou

Par contre, pour les grands, ne pas rater le dernier des frères Cohen : Burn after Reading. C’est particulièrement réussi et jubilatoire. Tous les acteurs sont excellents, mais plus encore quand ils jouent le contre-emploi (Brad Pitt en crétin allumé ou Georges Clooney en séducteur veule). L’aîné des frères Coen, Joël, a fait jouer à sa femme (Frances McDormand) un rôle que son esthétique moyennement valorisante pourrait rendre un peu ingrat mais où son extraordinaire abattage  trouve à s’employer pour notre plus grand et admiratif plaisir. Le scénario est malin et la CIA autant que la conjugalité américaine en sortent crucifiées.

J’avais envie d’aller voir Australia, malgré des échos majoritairement négatifs ou au moins réservés mais la longueur du film (2h40) est un peu décourageante et pour le moment… Dans l’immédiat, c’est un article de Pierre Assouline (dans un autre Monde2) sur le dernier film d’Andrzej Wajda , Katyn, attendu pour fin janvier 2009 et repoussé à fin avril qui m’a fait réfléchir. La sortie risque d’être confidentielle, Wajda lâche les copies au compte-gouttes…

Il a dédié le film à ses parents : son père, capitaine de l’armée polonaise a été tué d’une balle dans la nuque dans une forêt près de Katyn, rejoignant l’effrayante armée des 22500  de ses compatriotes, dont 4500 officiers, que Staline en 1940 a fait exécuter par sa police secrète  dans des villages des environs de Smolensk (et particulièrement à Katyn), afin de décapiter l’armée polonaise tout en faisant croire à la culpabilité des allemands. Difficile à imaginer.

Droits de l’homme / Droits humains… À l’occasion du 60ème anniversaire de la déclaration universelle, la querelle du vocabulaire a rebondi. Je trouve l’affaire assez sotte et l’expression Droits de l’homme me satisfait pleinement. Ce n’est visiblement pas le cas de tout le monde ! Seuls paraît-il d’indécrottables conservateurs tiennent cette position, affaiblie par le fait que parmi les langues utilisées officiellement aux Nations Unies, le français se distingue, à l’exception de toutes les autres, en utilisant ce mot « homme » qui prête à confusion. Il suffirait peut-être de lui mettre la majuscule. Droits de l’Homme.  En latin, homo, hominis, d’où a découlé homme, désigne l’espèce humaine. L’homme par opposition à la femme, c’était vir, viri. Et personne n’a  la malencontreuse idée de comprendre qu’il s’agirait de défendre des Droits virils ! Mais je dois avoir tort, puisqu’on me le dit …

J’ai noté coup sur coup, à huit jours d’intervalle, dans la chronique de Christophe Donner (toujours le Monde2), deux propositions de lecture tentantes, du moins dans l’alacrité des comptes-rendus : Shopping sanglant, de Raphaël Majan (chez P.O.L. / 12 euros) et Encore un jour sans massacre, de Théo Diricq (Max Milo Editions / 16 euros). Romans semble-t-il de premier abord un peu foutraques, assez peu littérairement corrects, d’une élévation de pensée contestable et que Christophe Donner  donne envie de lire. Ma foi, peut-être bien. D’autant que le second semble n’être pas sans rapport avec les joies du lycée et de l’université.

Pour terminer, un long entretien avec André Chervel (il finit sa carrière d’enseignant comme chercheur à l’I.N.R.P. Institut National de la Recherche Pédagogique) sur les contours d’une réforme de l’orthographe toujours différée et dont il crie l’absolue nécessité. Il affirme que pour l’essentiel nous sommes encore sous le régime de l’édition de 1835 du Dictionnaire de l’Académie Française et que … ça commence à bien faire. D’où d’aimables propositions comme : [ortografe, filosofie, colège, dificile, inocent, apeler, ipotèse, bibliotèque, biciclète, cronique, daufin, etc.] Dans la foulée, tous les pluriels en « s ». Outre que tout cela me fait horreur, je ne comprends pas – dans sa logique - qu’il réfute « animaux » et veuille lui substituer « animaus » et non « animals » et qu’il maintienne « paix » (« » est aussi bien, non ?)  ou « nez » (pourquoi pas « nai » ?) ou « acceptable » ( « axeptable » est bien sympa, ma foi…).  Déprimant.

On fait du SMS en somme.

Il dit que non. Qu’il ne faut pas que l’orthographe « soit l ‘apanage d’une classe cultivée » et que « si l’on voulait vraiment revenir au niveau des années 1920-1950, il faudrait que les élèves y passent au moins une heure par jour pendant la majeure partie de leur scolarité », ce qui ne me choque en rien, bien au contraire, mais lui semble un « non sens », car « on serait alors obligé de renoncer à des enseignements modernes qui sont d’une importance majeure », affirmation que je prends pour une foutaise tant dans le fatras des temps actuellement perdus dans le système scolaire, il y a place pour un vrai travail de fond de  bonne et raisonnable culture générale.

En attendant, et parmi d’autres lectures nettement plus « sérieuses », je recommande un petit livre de Pierre Jourde, édité maintenant en poche et sur lequel je suis tombé par hasard : L’heure et l’ombre. Il y a un fléchissement de l’attention vers le milieu, mais de l’invention et du charme. Beaucoup de charme. Peut-on dire que c’est plutôt pour vieil adolescent ? Ce serait péjoratif. Disons que cela renvoie beaucoup à nos éveils d’enfant. Qu’on ne peut oublier. 

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