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AutreMonde
10 décembre 2008

Leuwen, prénom Lucien …

Antoine Compagnon, fleuron littéraire de l’Ecole Polytechnique (promotion 1970),  reprend  le 6 janvier prochain son cours de littérature au Collège de France : Ecrire la vie – Montaigne, Proust, Stendhal. Uniquement centré sur Proust les deux années précédentes – cf. le blog dédié en lien ci-contre - le voilà qui abandonne la seule Recherche pour un thème plus global. Rien de désagréable en soi, mais je m’étais promis des réflexions et des lectures préalables qui sont restées assez virtuelles … Du coup, je suis sur des impressions de bon élève qui a mal préparé son contrôle à venir. Idiot.

Comme il n’est jamais trop tard pour (essayer de) bien faire, je viens de  (re ? Hmm…)lire Lucien Leuwen. J’avais même oublié que j’avais en rayon les deux tomes d’une édition Folio (Gallimard) qui porte la date de 1973. C’est la reprise du texte établi (et annoté) par Henri Martineau pour l’édition 1952 de la Pléiade. On sait que le roman est resté inachevé et qu’à sa mort (en 1842), Stendhal n’avait sérieusement révisé que les dix-huit premiers chapitres (sur soixante-huit). Outre les notes et une postface de Martineau, on trouve en ouverture une préface de Paul Valéry. Très intéressante. D’autant que plus que sur le roman lui-même, elle est centrée sur Stendhal écrivain et, largement, sur Stendhal metteur en scène de soi-même, ce qui fait un lien évident avec l’intitulé du cours à venir de Compagnon, Écrire la vie, si « la vie » est lu « sa vie »…ce qui me fait aussi penser qu’il y a urgence à relire la Vie d’Henry Brulard.

À relever des détails, on remarque que la figure féminine centrale de la première partie du roman, Mme de Chasteller, inspiratrice d’un amour platonique pour lequel je suis assez loin de partager les enthousiasmes de Paul Valéry, se prénomme Bathilde, comme la grand-mère du narrateur de la Recherche. Quant aux « enthousiasmes », en voici la trace :

« Jusque-là, je n’avais rien lu sur l’amour qui ne m’eût excessivement ennuyé, paru absurde ou inutile. Ma jeunesse plaçait l’amour si haut et si bas, que je ne trouvais rien d’assez fort, ni d’assez vrai, ni d’assez dur, ni d’assez tendre dans les œuvres les plus illustres. Mais dans Leuwen, la délicatesse extraordinaire du dessin de la figure de Mme de Chasteller, l’espèce noble et profonde du sentiment chez les héros, le progrès d’un attachement qui se fait tout-puissant dans une sorte de silence ; et cet art extrême de le contenir, de le garder à l’état incertain de soi-même, tout ceci me séduisit et se fit relire. »

Je laisse à Valéry la responsabilité de ses propos …

Autre amusement de détail, l’incipit du roman :

« Lucien Leuwen avait été chassé de l’École Polytechnique pour s’être allé promener mal à propos, un jour qu’il était consigné, ainsi que tous ses camarades : c’était à l’époque d’une des célèbres journées de juin, avril ou février 1832 ou 1834 ».

Ainsi, l’École Polytechnique, qui mène à tout comme chacun sait à condition d’en sortir (Compagnon ne démentira pas…). Stendhal en avait semble-t-il esquissé la préparation du temps de sa scolarité à l’École Centrale de Grenoble. Il octroie plus loin à Leuwen, bon prince, outre cette sortie un peu précipitée, un rang d’entrée flatteur : septième.

Quant aux hésitations sur les dates, elles sentent soit la rédaction de premier jet avec renvoi des vérifications à plus tard, soit la coquetterie, sans compter une pointe d’incohérence, la « célébrité » semblant peu compatible avec l’impossibilité d’une estimation plus précise.

Il s’agit en fait des journées des 5 et 6 juin 1832, première insurrection républicaine de la monarchie de Juillet, « initiée » par l’enterrement du général Lamarque, élu député en 1828 et l’un des chefs et principaux orateurs de l’opposition. Les insurgés,retranchés rue du Cloître-Saint-Merry, furent en grande partie massacrés par la garde nationale. Victor Hugo, dans Les Misérables, publié vingt ans après la mort de Stendhal, en a écrit l’épopée.

Pour revenir à Valéry, il a, dans sa préface, la lucidité assez dure quant au goût de se mettre en scène :

« Après tout, il ne doit pas être désagréable de se donner à soi-même, et de donner aux gens, par le seul fait de se déboutonner, la sensation de découvrir l’Amérique. Tout le monde sait bien ce que l’on verra ; mais il suffit d’ébaucher le geste, tout le monde est ému. C’est la magie de la littérature.

L’Egotisme littéraire consiste finalement à jouer le rôle de soi ; à se faire un peu plus nature que nature ; un peu plus soi qu’on ne l’était quelques instants avant d’en avoir eu l’idée. (…) on se dessine de plus en plus, et se perfectionne d’œuvre en œuvre selon le progrès même de l’art de l’écrivain, on se substitue un personnage d’invention que l’on arrive insensiblement à prendre pour modèle. (…)

Ce n’est jamais soi-même que l’on veut exhiber tel quel ; on sait bien qu’une personne réelle n’a pas grand-chose à nous apprendre sur ce qu’elle est. On écrit donc les aveux de quelque autre plus remarquable, plus pur, plus noir, plus vif, plus sensible, et même plus soi qu’il n’est permis, car le soi a des degrés. Qui se confesse ment, et fuit le véritable vrai, lequel est nul, informe, et, en général, indistinct. Mais la confidence toujours songe à la gloire, au scandale, à l’excuse, à la propagande.

(…)

En somme, la sincérité propre de Stendhal - comme toutes les sincérités volontaires, sans exception – se confondait avec une comédie de la sincérité qu’il se jouait. »

Oui, bien dur, tout cela, et peut-être pour partie excessif dans les généralisations. Mais qui sait … Toujours est-il que chacun en a sa part :

« … toujours et par tous les moyens, qu’il s’agisse de Pascal, de Diderot, de Rousseau ou de Beyle, et que la nudité qu’on nous exhibe soit d’un pécheur, d’un cynique, d’un moraliste ou d’un libertin, elle est inévitablement éclairée, colorée et fardée selon toutes les règles du théâtre mental. Nous savons bien qu’on ne se dévoile que pour quelque effet. »

À l’opposé de ces préoccupations, Henri Martineau, dans sa postface, donne quelques clés sous-jacentes aux personnages du roman, fournissant des modèles, et l’on peut se poser la question, même si la réponse doit sans doute être négative, de savoir si ce peut être en partie cela, « écrire la vie ». Mais au mieux, c’est plutôt ici la « décrire », encore que, par l’effort de reconstruction impressionniste d’un personnage à base de touches séparées reprises d’ici ou de là, ce pourrait plutôt être la « récrire » …Ainsi :

« Presque tous les nombreux personnages qui tiennent un rôle dans Lucien Leuwen doivent (…) quelques-uns de  leurs traits caractéristiques à des gens rencontrés par Beyle au cours d’une existence particulièrement nomade. Presque jamais cependant ils ne reproduisent servilement la ressemblance totale d’un contemporain ; ils sont plutôt composés par la fusion intime de plusieurs observations faites sur des plans différents. L’un d’eux peut ainsi sembler la réplique physique d’un être réel et tenir d’un autre son moral. Madame Grandet a reçu d’une certaine dame Gourieff sa beauté blonde et tient son caractère un peu vulgaire de madame Horace Vernet que Stendhal voyait fréquemment à Rome. Sa froideur serait celle de Madame de Sainte-Aulaire, tandis que sa jalousie doit beaucoup aux transports observés par Stendhal chez sa maîtresse, la comtesse Clémentine Curial. Marcel Proust, dans ses lettres, affirmait en user ainsi. (…) Tous ces emprunts, chez Stendhal, sont fondus avec tant de bonheur que le personnage en reçoit une vie singulière, à quoi se reconnaît au premier chef la profondeur du don psychologique de son créateur. (…) »

Je n’ai personnellement pas été outre mesure sensible, quoi qu’il en soit, à la vérité psychologique de personnages qui restent malgré tout – même sans atteindre, comme chez Balzac, à la caricature – des types. Mais enfin, on grappille, tout du long, maints sujets de divertissement, et la personnalité paradoxale du père de Lucien, banquier philosophe, mari aimant et grand amateur des petites vertus des loges de l’Opéra, est attachante, observateur lucide et fin qu’il est des nécessaires roueries de l’ascension sociale. On s’amuse beaucoup, saisi sur le tard par le démon de la politique et entré à la Chambre, à le voir manipuler un groupe de députés imbéciles qu’il veut s’inféoder.

« Un jour, après un excellent dîner, il les fit passer dans une chambre à part et voter gravement sur une question de peu d’importance que l’on devait discuter le lendemain. Malgré toute la peine qu’il se donna, à la vérité d’une façon fort indirecte et avec beaucoup de prudence, pour faire comprendre de quoi il s’agissait à ses députés, au nombre de dix-neuf, douze votèrent pour le côté absurde de la question. M.Leuwen leur avait promis d’avance de parler en faveur de l’opinion de la majorité. À la vue de cette absurdité, il eut une faiblesse humaine, il chercha à éclairer sa majorité par des explications qui durèrent une bonne heure et demie ; il fut repoussé avec perte, ses députés lui parlèrent conscience. Le lendemain, intrépidement, et pour son début à la chambre, il soutint une sottise palpable ; il fut tympanisé dans tous les journaux à peu près sans exception, mais sa petite troupe lui sut un gré infini ».

On peut noter au passage – la tournure est récurrente dans le roman – ce curieux (pour nous au moins)  « tympanisé », au sens de  désavoué, critiqué, morigéné, voire, au plus fort et au plus imagé, crucifié. Sans doute surtout faut-il voir là, simplement, la transcription directe car meurtrissant le tympan (pour parler comme un linguiste, la métonymie ?), d’un vulgaire « engueulé »…

Lucien Leuwen est par ailleurs un jeune homme prompt au duel, et cela nous vaut des pages instructives où la notion de point d’honneur dessine des contours dont nous avions perdu la marque. Une algarade avec  un comte de Beausobre, ministre de son état et passablement ridiculisé, autour d’une confuse autant que complexe affaire de détournement organisé de la loi électorale, ne manque sur ce plan ni d’information, ni de saveur, en nous laissant entrevoir aussi tout le subtil tissu des conventions à l’intérieur desquelles on décide, ou pas, d’aller au pré.

« Monsieur le comte, je suis nouveau dans les affaires, dit Lucien d’un ton marqué (…) J’ai voulu faire cesser aussi rapidement que possible un état de choses désagréable et peu convenable.

- Comment, monsieur, peu convenable ? dit [le comte] en prononçant du nez, relevant la tête encore plus [c’est un très petit homme] et redoublant d’impertinence. Mesurez vos paroles

- Si vous en ajoutez une seule sur ce ton, monsieur le comte, je donne ma démission et nous mesurerons nos épées. La fatuité, monsieur, ne m’en a jamais imposé.

M. de Vaize [c’est le ministre dont Lucien assure le secrétariat particulier] (…) entendit les derniers mots (…)

- De grâce, mon ami, de grâce, dit-il à Lucien. Mon cher collègue, c’est un jeune officier, dont je vous parlais. N’allons pas plus loin.

- Il n’y a qu’une façon de ne pas aller plus loin, dit Lucien avec un sang-froid qui cloua [les deux autres] dans le silence. Il n’y a absolument qu’une façon répéta-t-il d’un air glacial : c’est de ne pas ajouter un seul petit mot sur cet incident et de supposer que l’huissier m’a annoncé [on l’avait mal reçu et pas introduit] (…)

- Mais, monsieur, dit M . de Beausobre (…) en se redressant excessivement

- J’ai un million de pardons à  demander à  votre Excellence [ de Beausobre est ministre des Affaires étrangères] ; mais si elle ajoute un mot, je donne ma démission à M.de Vaize que voilà, et je vous insulte, vous, monsieur, de façon à rendre une réparation nécessaire à vous.

Allons-nous-en, allons-nous-en ! s’écria M.de Vaize fort troublé en entraînant Lucien (…) »

Les histoires de « mot-de-trop » en forme de « goutte-d’eau-qui-fait-déborder-le-vase », m’amusent toujours beaucoup..

Enfin, ainsi, c’est fait, j’ai lu Lucien Leuwen

Et j’ai passé quand même quelques bons moments.

Ah, mais j’allais oublier !…Je n’avais pas tourné mon feuillet de notes !

[1]- Je ne connaissais pas l’orviétan (qui revient au moins deux fois) : remède supposé guérir. Tellement « supposé » d’ailleurs que l’expression marchand d’orviétan se lit aussi charlatan.

[2]- Et puis, au détour d’une anecdote, le latinisme « Inde mali labes », ranimant un souvenir de quatrième dont je n’ai pas réussi à mieux cerner la source, dénonçant ici dans un contexte clair et causal, l’origine du malheur (inde = de là …) :

« Par politesse, Lucien abandonnait de temps à autre le cercle formé par les demoiselles de Serpierre autour de la lampe pour causer avec  l’ancien lieutenant du roi. Celui-ci aimait à  expliquer qu’il n’y avait de repos et de tranquillité pour la France qu’à la condition de remettre précisément  toutes choses sur le pied où elles se trouvaient en 1786.

-Ce fut le commencement de notre décadence, répéta plusieurs fois le bon vieillard ; inde mali labes »

[3]- Enfin, un « trait d’érudition » (le jugement est de Stendhal lui-même !) de Lucien :

« Il cita avec assez de brillant dans l’expression les Grecs du bas-empire qui disputaient sur la lumière incréée du Thabor, tandis que les féroces Osmanlis escaladaient les murs de Constantinople » . Effectivement …

À vouloir éclairer le passage, le non-spécialiste se heurte à pas mal de … complications.

Cette dénomination de « Bas-empire », d’abord, terme introduit par Camille Lebeau en 1752 pour désigner l’histoire de Byzance du IV° au XV° siècle et qui est aujourd’hui plutôt appliqué à la décadence de l’empire romain, de l’avènement de Dioclétien (en 284) à la  prise de Rome par Odoacre (en 476). Stendhal ici prend assurément l’acception de Lebeau.

Cette affaire de lumière incréée du Thabor ensuite.

Le mont Thabor est situé en basse Galilée, non loin de Nazareth, au sud-ouest du lac de Tibériade. C’est là que la tradition situe la Transfiguration du Christ (rapportée par Saint Luc, Evangile, chapitre 9).

En substance :

Jésus  « manifeste sa gloire » aux disciples Pierre, Jacques et Jean avant son agonie au Jardin des Oliviers. Son visage devient éclatant comme le Soleil, ses habits blancs comme la neige, la gloire de sa divinité rejaillissant sur tout son corps ; Moïse et Élie paraissent à ses côtés et s'entretiennent avec lui de la mort qu'il doit souffrir à Jérusalem. Devant les apôtres dans le ravissement, une nuée lumineuse couvre la scène, tandis qu ‘une voix se fait entendre : "Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances; écoutez-Le." Les trois apôtres saisis de frayeur tombent par terre; Jésus, s'approchant d'eux, les touche et leur dit de se lever; ils le redécouvrent alors dans son état ordinaire. Etc.

Cette « nuée lumineuse » sera le fond d’une dispute sans fin tendant à savoir s’il s’agit bien d’une lumière « créée » ou « incréée », manifestation visible de l’Esprit Saint.

Ainsi, parmi les commentaires de l’événement consultés sur Internet, celui-ci qui veut souligner le sens général de l’affaire :

« Le mystère de la Transfiguration confirme plusieurs articles de notre foi…à commencer par

la Trinité qui nous apparaît dans les trois personnes divines qui interviennent: le Père, qui rend témoignage à Son Fils; le Fils, qui montre Sa gloire; le Saint-Esprit, qui couvre tout ce tableau sous la forme d'une nuée resplendissante. »

Ces disputes autour du caractère incréé du halo de lumière entourant la vision des apôtres cristallisent autour de la querelle de l’hésychasme, méthode ascétique et mystique inscrite dans la spiritualité de l’église grecque orthodoxe qui s’installe avec les débuts au III° et IV° siècle du monachisme. L'ermite grec pratiquant cette méthode est  dit hésychaste ou   hésychiaste   [du grec hêsuchiastês (qui cherche le repos), lui-même d’ hèsuchos  (qui est en repos, littéralement : qui reste assis)].

Clin d’œil : par moquerie, il est aussi dit omphalopsyque (celui qui a son âme dans le nombril) car l’hésychaste prie la tête penchée sur la poitrine… Passons.

Et voilà le fond de la chose (source : internet):

« Les hésychastes se livraient à la vie contemplative, et la gloire céleste était le sujet de leurs méditations.

Ils faisaient des efforts immenses pour s'élever au-dessus des impressions des sens, et ils arrivaient, par une tension extrême de toutes leurs facultés, à un état d'hallucination où ils croyaient percevoir une lumière céleste, émanation de la gloire des bienheureux.

Ils s'imaginaient recevoir un avant-goût des béatitudes célestes en voyant une lumière éclatante qui, pour eux, n'était autre qu'une émanation de la substance divine, une lumière incréée, celle que les apôtres avaient vue sur le Thabor, à la transfiguration de Jésus-Christ. »

Clin d’œil (bis) : Comme les hésychastes priaient en gardant la tête penchée sur leur poitrine pendant un temps prolongé (cf. supra : «omphalopsyque»), il n’est pas exclu que leurs éblouissements aient pu être causés par l’afflux subséquent du sang vers le cerveau.

Tout le monde n’est pas convaincu. Et l’hésychasme est cause de nombreuses disputes, assemblées d'évêques, censures, livres pour ou contre.

Adversaire le plus notable : l'abbé Barlaam, natif de Calabre, moine de Saint-Basile, puis évêque de Gierace. Visitant au XI° siècle les monastères du mont Athos où ces mystiques bizarres étaient en fort grand nombre, il condamne cette « folie », traite les moines de fanatiques et les censure vivement.

Mais Grégoire Palamas (XIV° siècle), archevêque de Thessalonique, va prendre leur défense et faire condamner Barlaam dans un concile de Constantinople en 1341.

Grégoire Palamas composera les "Triades pour la défense des saints hésychastes".

Dieu, d'après Palamas, habite dans une lumière éternelle distincte de son essence ; les apôtres virent cette lumière sur le Thabor, et toutes les créatures qui en sont dignes peuvent en recevoir une portion.

À noter : La doctrine palamite, distinguant en Dieu l'essence et le participable (les energies), est un point de théologie encore discuté par les Eglises d'Orient et d'Occident. Me laisse rêveur

Montesquieu  [Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734) / Chapitre XXII : Faiblesse de l’empire  d’Orient ] a fait allusion à cette affaire :

« Il arriva (…)  la querelle [qu’eut] Barlaam contre les moines, et qui tourmenta cet empire jusqu’à sa destruction. On disputait si la lumière qui apparut autour de Jésus-Christ sur le Thabor était créée ou incréée. Dans le fond, les moines ne se souciaient pas plus qu’elle fût l’un que l’autre ; mais, comme Barlaam les attaquait directement eux-mêmes, il fallait nécessairement que cette lumière fût incréée. »

Le  « cadrage » Barlaam - Concile de Constantinople (de 1341, cité plus haut) se montre en termes de dates contemporain des  « féroces Osmanlis », fournissant au « trait » de Lucien une cohérence historique. Lesdits Osmanlis sont donnés (Le Robert) comme « l’une des tribus turcomanes venues s’installer en Asie Mineure lors de l’invasion saljûdiqe » … où le terme « Saljudiqes » désigne une dynastie turque, puissante essentiellement du X° au XIII° siècle (et à l’évidence copieusement « envahissante »), représentant la première époque de l’histoire des Turcs au Proche et Moyen-Orient.

Voilà. Je m’en serais voulu de laisser « l’érudition » de Leuwen-Stendhal dans une ombre complète, tout en m’étonnant d’une époque où l’on prêtait à un tout jeune dandy passant le plus clair de son temps à cheval ou en conversations mondaines l’épaisseur de connaissances d’un  vieux rat de bibliothèque. Combien de nos jeunes énarques jongleraient aujourd’hui avec ces enjolivures culturelles ?

Une remarque encore. Discutant du prochain cours de Compagnon avec une retraitée  lyonnaise des Lettres qui se trouve être ma sœur, je me suis vu indiquer un petit livre de Stefan Zweig (que j’ai facilement trouvé en poche) : Trois poètes de leur vie (Stendhal, Casanova, Tolstoï). Intéressant, non ? D’abord, on retrouve Stendhal, ensuite, comment ne pas comparer les intitulés ? L’un parle d’écrire sa vie, l’autre … d’en faire un poème ? Lire Zweig et y revenir…

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