L’Éducation nationale les bras ballants ...

Le Monde daté de ce mercredi 9 avril consacre une page débats à quelques signatures éducatives qui ont ainsi tout loisir d’y développer cet art si apprécié chez nous, celui de parler pour ne rien dire. Mais enfin, quand on est professeur d’université et philosophe comme Denis Kambouchner, professeur d’université et psychologue comme Jean-Emile Gombert, ou professeur d’université sans spécialité proclamée comme Michel Fayol, quand on est responsable syndical (SE-UNSA) comme Luc Bérille, on se sent peut-être tenu d’y aller de son petit discours, soit “plutôt pour” (Kambouchner), soit “plutôt contre” (Fayol / Gombert) ou “contre résolument” (Bérille). Mais “pour” ou “contre” quoi? Le comprend-on vraiment au fond, tant l’objet du débat, la “réforme Darcos de l’école primaire”, puisqu’il faut bien donner un nom aux agitations convenues de tout ministre de l’éducation nationale en exercice et encore en fonction dans l’attente d’une mobilisation suffisante des étudiants et/ou lycéens pour laisser sa place à Jack Lang, tant l’objet du débat donc est un non-objet. Oui, car il faut bien le reconnaître, comme on le disait en plaisantant du temps de la splendeur de son équipe à propos du football, sport qui se joue à deux groupes de onze sur deux mi-temps de 45 minutes: “... et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne”, le ministère de l’Éducation nationale est un rouage important du gouvernement de la République dont on confie la responsabilité à un réformiste jusqu’à ce que son échec patent puisse être compensé par le retour aux affaires et au statu quo ante, dans l’apaisement de la prorogation des avantages acquis, du sémillant Jack, l’homme par qui le sourire arrive! Oui, ainsi va l’Éducation nationale. Je doute que Xavier Darcos survive aux cérémonies du quarantième anniversaire de mai 68, en attendant quoi, on offre un peu de surface éditoriale à quelques pseudo-enseignants dont l’activité dans le supérieur est sans nul doute le signe d’une éminente compétence dans le domaine des écoles maternelles et des formations élémentaires. Ainsi va le monde ... éducatif, c’est à dire fort mal. Le constat fait à peu près consensus. L’inaptitude à dégager les voies d’un redressement aussi d’ailleurs, il n’est que de lire les articles ci-dessus évoqués, qui ne parviennent à affirmer que ...: - la nécessité d’élargir la question tant “l’équation est complexe, qui n’est pas simplement budgétaire et dont le ministre de l’éducation ne détient pas seul la solution” [Kambouchner] - la nécessité d’obtempérer à un “Renoncez à votre projet, Monsieur le ministre!” assorti de ce conseil d’une pertinence stupéfiante : “Attelez-vous enfin à des chantiers utiles, il n’en manque pas” (suit une courte liste: programmes et socle commun / pratiques enseignantes / maîtrise du langage / évaluations internationales ... sans la moindre esquisse de proposition) [Bérille] - la nécessité de se noyer encore une fois dans des parlotes qui ont déjà fait l’occupation principale de toutes les grandes et définitives consultations précédentes sur “l’avenir de l’école”, méthode dont les travaux de la commission Pochard sont la dernière mouture, avec cet argument final et d’une forte réflexion que “seule une réforme concertée, expliquée, comprise et partagée peut être efficace” [Fayol / Gombert] Fatigue.... Au fait, j’ai fini de lire - ce n’est pas une lourde tâche ... - l’opus montpelliérain du chevalier Brighelli, sabre (un peu émoussé) au clair ("Fin de Récré" / JC Gawsewitch ed.). Il faudrait que j’en parle .. Il faudrait. C’est gentillet, pro-Darcos, avec des poussées de lyrisme et des propositions qui se veulent structurées et ne m’ont pas laissé grand souvenir. Il faut que j’y revienne, mais là, comme ça, de chic .... je ne crois pas qu’on aille très loin avec ces pages pour viatique. Le problème une fois de plus est ailleurs.... Bien dommage tout ça, bien dommage .....