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AutreMonde
19 septembre 2007

Pruderie ou Raison?

J’ai toujours été partisan de la presse à l’école, et navré des modalités retenues, et constatées dans les établissements où je suis passé, pour la traditionnelle semaine consacrée à ce thème, le plus souvent vague affichage au CDI (Centre de Documentation et d’Information) de quotidiens en même temps qu’escamotage du fond du problème: Peut-on faire de la presse, non pas ponctuellement mais en continu, au fil de l’actualité et de l’année scolaire, un auxiliaire éducatif fournissant de l’information et , y compris dans ses dérapages, donnant à penser?

Justement, aujourd’hui, sur ce couplage “Dérapage / Donner à penser”, j’ai deux sujets d’interrogation.

Dans Le Monde du mercredi, qui fait son usuelle présentation des sorties (cinéma) de la semaine, je parcours le papier de Jacques Mandelbaum : “L’histoire de Richard O”, de Damien Odoul. En titre: “Un marathon fantaisie de fantasmes sexuels / Mathieu Amalric, méconnaissable et touchant, dans une quête qui échappe au scabreux”. Sur le fond, rien de particulier à dire; Mandelbaum développe une critique très positive sur le traitement d’un sujet qui se veut ambitieux et quasiment métaphysique où “... le sexe, représenté ici dans toute sa vérité, de la jouissance à la douleur, de l’humiliation à l’effusion, de la vulgarité à la drôlerie, est une sorte d’expérience totale ...”. Bon, je suis un peu (plutôt ...) méfiant et au moins réservé mais ... faut voir. Non, ce qui m’épate, au détour d’un paragraphe, c’est le changement de niveau de langue (si j’ose dire, eu égard aux sujets abordés) et, tout à trac, ceci: “... Amalric (...) vieilli, barbu, cheveux tirés en arrière et gominés, bandant enfin, pour dire les choses telles qu’elles sont, comme un âne ...”. Je m’avoue un peu déstabilisé par l’expression, certes sans surprise dans l’échange oral relâché, mais malgré tout inattendue ici. Alors? Dérapage stylistique qui “donne à penser” et ouvrira (disons, en lycée, car le film est interdit aux moins de seize ans) un fructueux échange, pédagogique et transdisciplinaire ? Ou sotte frilosité du lecteur que je suis, dès lors taxé de pisse-froid, devant une formulation qui n’appelle, toute naturelle dans son efficace concision, nul commentaire? Sauf bien sûr toutes nos félicitations aux partenaires de couette, adoptons le ton Mandelbaum, du bien monté Mathieu ...

En première page de Charlie Hebdo, trônant à la devanture de mon kiosquier, un dessin de Cabu. Jacques Martin est mort l’autre semaine dans sa suite de l’Hôtel du Palais, à Biarritz, et toute la France mi-ragoteuse, mi-people/isée (dont je suis) a glosé in petto sur l’impact élyséen et intime de ce décès, Cécilia née Cinganer-Albeniz ayant été Mme Martin avant d’être épouse Sarkozy.
Cabu dessine un Jacques Martin micro en main, penché vers un petit Sarkozy en costume marin juché sur une estrade et, Dimanche-Martin oblige, l’interrogeant, dans un dialogue phylactérisé :
- Et toi, que veux-tu faire plus tard ?
Avec cette réponse:
- Je veux me taper ta femme.

J’en suis quand même un peu resté sur le cul! On peut rire de tout, je le crois, et l’insolence a quelquefois du bon .... Mais enfin là, c’est le bon goût qui a du plomb dans l’aile et la délicatesse qui connaît des vapeurs. Comme dit sauf erreur Ventura dans “Les tontons flingueurs”: “C’est du brutal ...”

Alors? La presse à l’école avec ce dessin de une? D’un autre côté, pourquoi pas? À comparer avec la violence des Mazarinades du XVII° siècle ... On peut toujours tâcher de faire feu de tout bois et, avec tout matériau, du “culturel”. L’exercice est sans doute délicat mais à la réflexion, pourrait être instructif sur le ton de l’époque. Une gageure apte à développer chez l’enseignant le goût du risque?

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