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AutreMonde
11 septembre 2007

Rentrée ....

Les derniers problèmes domestiques d’août ayant sérieusement entamé/dilué mes temps de lecture, de la littérature passée aux oubliettes aux quotidiens plus que survolés, qu’émerge-t-il de la compilation / classement des quelques numéros du Monde restés en pile sur la table et de la lecture en biais, agacée car les retards pris agacent (m’agacent!), des téléramas en attente récupérés dans la loge de la gardienne?

Des titres ...

Une rentrée scolaire tranquille (le Monde du 1/9 - Luc Cédelle)
Darcos face aux lecteurs (un Aujourd’hui en France du 3/9 coincé entre deux Mondes...)
On a supprimé le bonnet d’âne mais on est encore loin de l’Europe du nord (le Monde du 4/9 - Interview de Christian Forestier, ex dir.Cab de Jack Lang, ex président du HCEE)
La baisse du nombre d’enseignants passera par celle des heures de cours (le Monde du 5/9 - Catherine Rollot)
M. Sarkozy écrit à tous les enseignants (le Monde du 5/9 - Luc Cédelle et Philippe Ridet)
Repensons maintenant le métier d’enseignant (le Monde du 5/9 - une contribution en pages “Débats” de JP Boisivon, M. Braunstein, P. Dasté, A. Legrand, J. Richard et G. Septours, anciens directeurs au ministère de l’éducation nationale)
Le débat sur l’école le samedi est relancé (le Monde du 6 (ou du 7)/9 - Martine Laronche)

... et puis, last but not least, comme dirait (cf. Le Point) un agrégé d’anglais même faiblement anglophone, François Bégaudeau et l’adaptation par Laurent Cantet de son bouquin “Entre les murs” (Télérama n° 3007 du 29/8). J’avais été emballé par le livre, je crains donc le pire quant au film. On tombe toujours de haut et le thème me semble trop difficile à tenir, cinématographiquement. L’article de Télérama donne quelques informations sur les conditions du tournage, cet été (montage cet automne; sortie?), mais tout reste à découvrir de ce huis clos de Bégaudeau en Bégaudeau et de vingt-cinq élèves-acteurs, entre l’improvisation guidée et peut-être la “frime”. Je n’avais déjà pas supporté les faux-semblants de l’Esquive, d’Abdellatif Kechiche, par ailleurs encensé par une critique ... qui n’est pas dans les classes, avec son faux témoignage biaisé sur la “banlieue pédagogique”. Enfin, on ira voir. Wait and see comme dirait etc.

J’allais oublier un entretien, dans ce même Télérama. Gilbert Béréziat, ancien président de Jussieu, s’y exprime, fervent partisan de l’autonomie de gestion des universités prévue par la loi du 10 août dernier. Tonique. Des notations - sans être un spécialiste du créneau - qui me semblent de bon sens . Verrue ou joyau, au cœur de la mise en page de l’entretien, une plage de publicité que j’adore pour l’émission - non regardée car non abonné Canal - “Éducation nationale: un grand corps malade” , diffusée le 3/9. On voit une plaque, vissée sur le mur d’un établissement secondaire qu’on comprend baptisé du nom de notre grand Jean-Jacques: “Lissé Jenjak Roussot”. Force des raccourcis! De fait, là, tout est dit!

Pour revenir au fond, que retenir de tout cela (à quoi s’ajoute - décidément j’en veux à ce Télérama n° 3007 - un papier croisé, Erwan Desplanques / Eric Maurin, plus ou moins à propos de l’essai de ce dernier: “La nouvelle question scolaire”, papier dont je viens d’ailleurs de découvrir qu’il a excité l’ire de Jean-Paul Brighelli dans son blog ...) ? Gamin, souvenir de CM1 ou de CM2, depuis, ça m’a un peu passé, face aux difficultés que m’opposaient le monde et les adultes, qui refusaient de se plier à mes volontés, je me marchais rageusement sur les pieds dans un piétinement sur place excédé et violent, d’ailleurs en général sous les quolibets familiaux, ce qui n’arrangeait rien ... Il m’en reste quand même un peu, de ces rages, à ne pas voir comprises les quelques idées qui me paraissent essentielles au cœur de la question scolaire, et toutes les analyses que je parcours et qui les ignorent m’en paraissent sottises affligeantes et pertes de temps. Dixit Forestier Christian, cité par Luc Cédelle, “l’éducation nationale, ça se pilote à l’affect, pas avec des coups de pied au cul”. Je n’en suis pas si sûr, malgré les foucades inopérantes de Claude Allègre en son temps. On ne réformera pas en douceur.

Certes, dans cet empilement d’articles, quelques énoncés peuvent faire illusion, sur la nécessaire “liberté des équipes éducatives” ou “l’autonomie des établissements”. Certes, Christian Forestier a raison, qui veut “interpeller l’ensemble de notre système” (que ne le fit-il, Dir.Cab.). Et le phénomène des progressions à l’amble qui prétendent que sur tous les champs d’étude, tous les plans, une classe d’âge, aux tressautements près de quelques redoublements contestés, avance de front, ce phénomène commence à être bien compris comme aberrant, dans la logique proclamée d’un enseignement ouvert à tous. Mais le remède, la réponse fondamentale, la dissociation résolue, d’une part, de la formation à la compréhension des codes et des nécessités du fonctionnement social (la “socialisation”), qui doit effectivement se mettre en place dans la logique de groupes hétérogènes de même tranche d’âge, et d’autre part, de la poursuite d’une excellence de développement individuel qui doit oublier l’hétérogénéité pour cultiver la convergence de niveaux, d’ acquis, de goûts homogènes, sans référence d’âge, cette dissociation n’est pas vue et acceptée comme horizon. Et ses timides esquisses dans les systèmes de l’Europe du nord procurent par avance des frissons craintifs à nos penseurs de réforme, quand c’est considérablement plus loin qu’il faut aller. Car là est le nœud de l’affaire, et car c’est à partir de là qu’il faut restructurer. La question ne doit être que celle-ci: “Comment concilier ces deux exigences et ces deux facettes d’une scolarité soucieuse à la fois de bâtir une société ouverte et cohérente et de respecter chaque individu dans la singularité (à promouvoir) de ses capacités d’apprentissage? Comment réaliser cela? ”. Cette question n’est pas posée. Dès lors ...

Il est certain que la scolarité obligatoire doit être repensée dans un cadre sans discontinuités fusionnant l’école et le collège. L’objectif prioritaire y doit être la construction d’une polyvalence de base structurant une citoyenneté “éclairée”. La formation secondaire (le lycée) constitue un saut de niveau, où le prolongement du souci de polyvalence commence à s’appeler culture générale. Les formations supérieures pourront ensuite davantage basculer vers des spécialisations revendiquées. Mais tout au long des deux premières étapes, école obligatoire puis éventuellement lycée, en parallèle de la polyvalence à acquérir, des micro-spécialisations individuelles doivent déjà commencer à se dessiner, à se mettre en place, où le goût et les penchants de chacun trouvent à s’exprimer.
Tous les métiers de la vie active, toutes les activités du champ social, tous les prolongements d’études, doivent être associés non pas à des diplômes, mais à des profils de compétences que l’accumulation des acquis parallèles à la polyvalence (acquis à certifier par unités de valeur) permette individuellement de construire. Il y a là la recherche d’une information-amont (d’un effet de feed-back) visant à l’auto-mise en place d’une orientation positive chez l’élève ou l’étudiant produisant une sélection naturelle et volontariste au niveau de toutes les formes de débouchés. Et plutôt que le principe d’alternance, l’intégration, en complément d’un mi-temps de polyvalence à structurer, d’un mi-temps d’apprentissage (d’un métier) doit pouvoir être reçue au titre de construction d’acquis parallèles.

“Repensons maintenant le métier d’enseignant”? Avec le risque, pour les six anciens directeurs à l’administration centrale qui nous adjoignent cela, de mettre la charrue avant les bœufs. Car, dès l’abord, pour faire quoi? La question, bien sûr essentielle, des enseignants, ne peut découler que de la vision, à installer, des objectifs et perspectives des formations à leur confier. Où veut-on conduire les élèves? Ensuite, ensuite seulement, sous quelle houlette? Je crains fort là - et pour d’autres, ailleurs -, que nos conseilleurs officiels ou auto-proclamés ne fassent dès le départ fausse route ...

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