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AutreMonde
18 février 2007

La Présidente de la réussite éducative et culturelle?

On regarde ça de plus près ?
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C’est dans le Monde de Mardi 13 / 02 dernier. Cent propositions parait-il, dont 14 sous le chapeau de la “réussite éducative et culturelle”, celles-là numérotées de 22 à 35. Je voudrais les examiner rapidement, afin d’y mieux lire le grand dessein global, marque d’une philosophie éducative en cohérence enfin efficace avec cette belle volonté “de gauche” de bâtir un monde meilleur rempli de lendemains qui chantent qu’on attend encore, tous Jospin, Allègre, et Jack Lang ...bus.

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Je reprends un à un les intitulés du Monde.

N° 22: Organiser des États généraux des enseignants sur le mode participatif (...)
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Déjà fait. Mais on ne s’en lasse pas! Visiblement! C’est le grand débat Thélot pour l’Avenir du système éducatif qui a donné ce qu’on pouvait en attendre: très exactement rien. Parlottes et incompréhensions brouillonnes, absence d’idée directrice, vaste catharsis collective, impossible réorganisation des rancœurs individuelles microscopiques, acmé du “C’est-la-faute-aux-autres” et apogée de la déresponsabilisation, dans l’attente d’un Deus ex machina touché par la fumée propitiatoire des Yaqua-Fauquon qui montent vers lui.

N° 23 : Mettre en place un service public de la petite enfance et la scolarisation obligatoire dès 3 ans (...)
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Oui, bon .... État du dossier (que je connais mal)? À voir.

N° 24 : Organiser le soutien scolaire gratuit pour tous les élèves grâce à des répétiteurs.
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Archéo-foutaise démagogique. Toute proposition de “soutien scolaire” signe une incompréhension résolue du problème éducatif, ancrée dans le maintien de ses errements, avec accroissement des moyens permettant aux élèves-mêmes qui prouvent son inadaptation de courir en vain après des progrès qui pourraient occulter la nécessité de sa rénovation. Le vocabulaire: “répétiteur”, flatte à souhait la nostalgie du bon vieux temps, quand l’école de la république ne savait pas qu’il faut à la fois transmettre des connaissances, communiquer des techniques et déniaiser la soumission en développant l’esprit critique.

N° 25 : Limiter à 17 le nombre d’élèves par classe en CP et en CE1 dans les ZEP et fixer la dotation aux établissements par élève en difficulté à 25% de plus que la dotation ordinaire.
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La référence ZEP relève du T.O.C. (Trouble Obsessionnel Compulsif). Syndrome analogue: la Carte scolaire. Chaque établissement, chaque secteur scolaire a ses spécificités et les standards technocratiques sont inopérants à ce niveau. Des cadres indicatifs, fondés sur les résultats d’une sociologie éducative sérieuse, peuvent être offerts à l’autonomie des établissements pour guider leurs directions de réflexion et leurs premiers choix. Mais c’est la mise en place d’une structure efficace d’impulsion-conseil-suivi des projets pédagogiques locaux qui doit être la clé de voûte d’une procédure d’affectation des moyens basée sur des objectifs et la méthodologie arrêtée pour les atteindre. C’est donc la compétence des acteurs (enseignants, management (direction), ...) et la philosophie des structures (autonomie, réseaux coordonnés d’établissements, impulsion-guidage des autonomies et des coordinations, ...) qui sont à “penser” avant d’ouvrir la perspective d’une ventilation - qui doit être “sur projets”- des moyens.

N° 26 : Réviser la carte scolaire pour supprimer les ghettos scolaires, assurer la mixité sociale et constituer les réseaux d’éducation prioritaire.
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Même position que précédemment. On psalmodie des idées reçues pour éviter d’affronter les problèmes! Il n’y a pas d’éducation prioritaire au sens des slogans, car tout secteur éducatif est par définition prioritaire. C’est “L’Éducation” qui est prioritaire. Et c’est par la redéfinition de ses maîtres et la re-conception de ses structures qu’on lui donnera les moyens de faire face, partout, sans exclusive et sans ciblage absurdement stigmatisant, à ses difficultés. L’Éducation nationale, comme la République, doit rester “Une et Indivisible”, mais dans des souplesses que des maîtres et des cadres à compétences revues et renforcées doivent encore inventer. Et dans cette perspective, la “révision de la carte scolaire” est un concept creux destiné à éviter des remises en question autrement difficiles du côté des missions enseignantes.

N° 27 : Renforcer la présence adulte dans les établissements (...)
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Évidemment .... mais pas en termes de gardes-chiourmes. La seule lecture efficace de cette “proposition” renvoie d’abord à la redéfinition des temps de service et des missions des enseignants. S’agit-il vraiment de cela? Le “(...)” est à voir !

N° 28 : Implanter des classes préparatoires aux grandes écoles dans les quartiers qui en sont dépourvus (..)
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Fumisterie pseudo-socialisante. Le système des grandes écoles est à rediscuter au sein d’une vision à renouveler de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le principe de l’excellence est ... excellent, mais il n’y a pas unicité dans ses modalités d’application et c’est mettre la charrue avant les bœufs que parler de “CPGE pour quartiers démunis” avant de se demander comment s’y ressaisir efficacement de la formation initiale pour tous. Le problème crucial n’est pas au niveau des CPGE mais de la scolarité obligatoire. Le reste ne fait qu’amuser le tapis!

N° 29 : Créer des emplois-parents, généralisation d’écoles des parents et des consultations de médiation familiale (...)
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On connaît la chanson de Ferrat: “Faut-il pleurer? Faut-il en rire? Fait-elle envie ou bien pitié?”, peut-être bien applicable à cette “proposition”! L’autonomie d’établissements conscients du nécessaire élargissement de leur réflexion au contexte parental de leur population scolaire doit logiquement déboucher sur une extension de leur mission éducative englobant des préoccupations de ce type. Mais cette extension s’inclut dans la mise à disposition des établissements de la possibilité (à prévoir) de recruter sur des missions rétribuées à durée déterminée des intervenants extérieurs - et le cas échéant des parents -. C’ est alors une bonne perspective, mais à immerger dans cette souplesse plus vaste et générale qui doit être reconnue à toute l’École.

N° 30 : [Universités] Adopter une loi de programmation. En cinq ans la dépense par étudiant sera portée au même niveau que la moyenne des pays de l’OCDE. Renforcer l’autonomie des universités dans le cadre national. Associer les régions (...)
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Tout ce qui renforce l’autonomie, tout ce qui joue dans le sens de la décentralisation est bon. Mais le vocabulaire “loi de programmation, dépense, OCDE ...” ne dispense pas de se saisir du vrai problème qui est celui des modalités de (l’échec de) la formation universitaire, surtout dans les deux premières années et d’en voir clairement les causes, largement en amont, avec donc retour à des soucis déjà exprimés (scolarité obligatoire; autonomie et management et guidage-impulsion-suivi des établissements de premier et second degré; formation des maîtres;...).

N° 31 : Créer un service public d’orientation (...)
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Foutaise! Foutaise s’il ne s’agit que de se payer de mots sans rien changer au fond!
C’est la notion de profil individuel validé d’une part, de profil de recrutement souhaité de l’autre, qu’il faut travailler.
Comprendre que le système éducatif doit concilier:
- une formation de socle commun pour tous, généraliste, minimale, socialisante, efficace
- des choix modulaires par unités de valeur cumulables ouvrant sur des formations totalement individualisées
Comprendre qu’il faut:
- Porter les contenus de l’ensemble des modules enseignables à la connaissance de tous les interlocuteurs du post-formations initiales (post-scolarité obligatoire; post-bac; tous secteurs de recrutement: administrations, entreprises, ...)
- Solliciter de ces interlocuteurs la définition claire sur la base de regroupements modulaires des profils d’acquisitions souhaités pour accès aux emplois, postes, poursuites d’études, activités qu’ils offrent
- Porter en continu l’ensemble (qui peut fluctuer au fil de l’expérience des “recrutements”) de ces profils d’acquisitions à la connaissance des établissements scolaires, obtenant par effet feed-back un guidage amont des orientations d’études choisies.

À partir de là, que des conseillers d’orientation efficients gèrent les deux flux d’informations, oui, mais dans ce cas, dire à quoi ils vont œuvrer, c’est à dire “le dire”, avant de les proclamer “service public”...

N° 32 : Allocation autonomie pour les jeunes, sous condition de ressources (...)
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Démagogie “djeune”! Offrir aux élèves, à tous les élèves, de vraies et bonnes conditions de travail encadré d’abord. Les laisser prendre leurs responsabilités ensuite. C’est à eux de se construire “autonomes”!

N° 33 : Engager le chantier national proposé par le Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale [pour les 190 000 jeunes laissés pour compte par le système d’enseignement)
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Déjà dit, en pire: “Faut-il pleurer? Faut-il en rire? ... “.
C’est vraiment se foutre du monde.
S’il y a 190 000 jeunes “laissés pour compte par le système d’enseignement”, et bien on se préoccupe de mettre en œuvre une véritable refonte-réforme-renouvellement, au besoin drastique, dans tous les cas immédiate, dudit système d’enseignement!
Où en est la volonté? Où en est l’esquisse convaincante? Quelles sont les forces mobilisées? Où en sont les prémices?
Il ne s’agit pas de cautériser la plaie, il s’agit de supprimer ses causes!

N° 34 : Soutenir la création et l’emploi culturels.
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Syndrome Jack Langgien et derechef, démagogie “djeune”.
Bien sûr, les disciplines artistiques sont un facteur important d’épanouissement, au même titre que les disciplines sportives et la pensée spéculative. Il faut leur reconnaître leur vraie place.
Mais de grâce, il ne faut pas les sortir du contexte général de redéfinition des formations et, tant en amont que dans le cadre d’activités professionnelles à suivre, le “culturel” n’est qu’une des facettes de la vie sociale et il est bon aussi qu’il se soutienne tout seul!

N° 35 : Inscrire l’éducation et la pratique artistique à tous les niveaux de la maternelle à l’université (...)
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Déjà commenté, de fait, en N°34....

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Voilà. On s’énerve, on s’énerve.... La gauche est à pleurer ! Quelle misère de trouver si vaine ce qu’on pense pourtant globalement être sa propre famille de pensée. Pourquoi, au moins sur l’École, faut-il que “gauche” rime avec “inefficacité, angélisme béat, vaticinations molles, atomisation d’embryons d’idées bricolées”? Pourquoi?

Je ne pronostique rien de mieux que les impuissances éducatives de 1981 et la suite si Ségolène - ce dont je commence sérieusement à douter - enlève l’affaire.
J’en suis à me dire que pour créer le choc, il faudrait en venir à ceci, en cas de succès en mai:
- boucler en termes d’affaires courantes l’année scolaire 2006-2007
- et proclamer que, ne sachant pas où on va, on arrête tout! Garderie jusqu’en décembre avec réquisition à temps plein de l’ensemble des personnels pour mise en chantier parallèle d’une véritable refonte. Effet au 1er janvier 2008 et tant qu’on y est, redémarrage avec alignement de l’année scolaire sur l’année civile.

Axes de réflexion a priori pour le chantier Juillet - Décembre 2007:

1. Fusion primaire-collèges: école de la scolarité obligatoire. Corps d’enseignants spécifique unifié.
2. Rénovation et équipement des locaux (scolarité obligatoire et lycées) pour accueil à temps plein des élèves et des équipes éducatives
3. Simplification des catégories de recrutement: un seul niveau (type CAPES); forte augmentation des salaires pour des carrières de 3000 (début) à 4500 (fin) euros/ mois
4. Refonte de la formation des maîtres; renforcement des exigences académiques (à niveau Bac+3); trois premières années de carrière à statut d’assistant, formation “sur le tas” (binômage avec maître de stage), diplôme définitif délivré à Bac+6; remise à plat des IUFM dans ces perspectives
5. Programmes nationaux (stratégie) souples et autonomie complète (tactique) des établissements; élection en interne des chefs d’établissement sur projet; perspective de management des équipes éducatives dans la logique d’une gestion collective des problèmes scolaires; stabilité des équipes par nominations sur “missions locales (affectations)” de 3 à 5 ans.
6. Mi-temps de formation socialisante de socle commun en groupes hétérogènes de même âge confiés à un binôme de professeurs référents à polyvalences complémentaires
7. Mi-temps d’acquisitions individuelles d’unités de valeur “hors socle commun” en groupes de niveau sans critère d’âge confiés à des enseignants spécialistes disciplinaires
8. Suppression des examens actuels (brevet; bac); délivrance de certificats de bonne fin de scolarité obligatoire et de bonne fin de scolarité secondaire sur la base des socles communs correspondants; validation complémentaire des profils individuels sur la base des unités de valeurs acquises; modalités : contrôle continu.
9. Redéfinition-refonte complète des “corps d’inspection” basculés, au niveau départemental-régional en “personnels chargés d’une mission d’impulsion-suivi-guidage des équipes éducatives”, avec maintien au niveau national d’une inspection générale revue et aux effectifs considérablement réduits (une centaine au lieu des trois ou quatre cents actuels)
10. Réexamen-suppression des congés scolaires au profit d’une gestion des temps de travail et de repos plus individualisée dans des logiques emboîtées d’individus, d’établissement, de réseaux d’établissements et dans le cadre d’un alignement de l’année scolaire sur l’année civile.

Et avec ça? Bah, c'est déjà un début....

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Commentaires
S
Votre programme est sans aucun doute la direction à prendre... Combien pensent comme vous dans ce clergé sectaire ??? Je vous vois bien seul, aucun doute... (Réexamen-suppression des congés scolaires, là vous risquez votre vie...) La seule mesure de Mm Royal qui m'intéresse est la constitution de jury populaire, mais attention que le peuple ne commence pas par condamner ceux qui l'auront mis en place... Nous pourrions bien avoir envie de guillotiner quelques têtes... Les leurs, justement...
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S
Les intitulés des propositions sont ceux fournis par Le Monde, qui les a, je vous crois volontiers, sur ses propres critères, "tronqués"... ce qui effectivement fait porter le commentaire sur des éléments parfois partiels. Désinformation standard, je suppose ...<br /> Néanmoins, sur le fond et l'exemple cité, cela ne modifie guère mon point de vue. On peut toujours décréter des "Etats généraux pour changer le monde", si on y va les mains dans les poches, on ne risque guère de le changer.<br /> Quant à l'Utopie ....Au point où en est le système éducatif, le raisonnable c'est le timoré et le timoré n'est pas efficace. Il faut, assurément, demander l'impossible pour amorcer vraiment la discussion (pas forcément pour l'obtenir!).
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P
Bonjour,<br /> <br /> Les propositions du Pacte Présidentiel sont ici tronquées. <br /> Je venais lire avec plaisir vos remarques sur ces propositions. Mais, je m'interroge, est-ce le fait de la source (Le Monde) ou du votre (pour ne pas surcharger votre billet ?<br /> <br /> En effet, la proposition n° 22 (La première sur l'éducation) s'énonce ainsi : <br /> [22- Organiser des Etats généraux des enseignants sur le mode participatif, pour améliorer leurs conditions de travail dans l’école, assurer la pleine reconnaissance de leurs missions et préparer un plan pluriannuel de recrutement des enseignants, de formation et de résorption de l’emploi précaire.]<br /> <br /> Or, si les états généraux ont bien déjà eu lieu, comme vous le dites dans votre commentaire critique, ils n'avaient pas pour objet d'améliorer les conditions de travail dans l'école ni de préparer un plan de recrutement pluriannuel de recrutement. En tout cas, ils n'ont débouché sur aucun de ces deux objectifs.<br /> <br /> "Rénovation et équipement des locaux (...)" que vous pronez, n'est-ce pas aussi dans le but d'améliorer les conditions de travail des enseignants et de leur public ?<br /> <br /> Votre "chantier" est certes intéressant à bien des égards, mais bien trop utopique, voire révolutionnaire, pour servir de trame à un projet présidentiel. <br /> Qui oserait décrêter 4 à 6 mois de "garderie" au risque de mettre le feu là où une étincelle suffirait...
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