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AutreMonde
12 mai 2006

Tiens! "Le Monde de l'éducation" ... ?

Parfaitement inavouable, je ne suis même pas un lecteur régulier. Ici ou là, au gré d’une humeur, d’un ouï-dire ou d’une couverture chez le kiosquier, j’achète un numéro. À ma décharge, tout ça, à la longue, c’est un gouffre à pognon. Je me fais déjà estamper par le quotidien, devenu grand spécialiste de la main forcée depuis qu’il s’est découvert une vocation pour les suppléments du week-end et du coup, je patine sur les excroissances. Enfin pour ce début mai, déplacement dans le sud-ouest à la clé, on va meubler avec le numéro 347. Il affiche que le niveau - des professeurs - monte (sans doute à proportion de celui des élèves tant il est incontournable qu’un professeur y est d’abord passé! Ça promet!) et m’appâte d’un débat Jourde-Bégaudeau (“Une école contre l’autre”, me dit-on...). L’affaire, d’ailleurs, fait un peu flop, mais je ne vais pas me plaindre, et j’ai dit précédemment pourquoi (Chronique “Lire Pierre Jourde” du 10 / 05). Et puis le reste est .... distrayant, c’est à dire m’exaspère et m’agace! La lecture du Monde en général et de celui de l’Éducation en particulier est comme ces démangeaisons sournoises qu’on pourrait calmer en les ignorant et sur lesquelles, avec un plaisir pervers et sot, on revient sans cesse, au point d’en être finalement gratté jusqu’au sang. C’est du média horripilant, mais les autres sont pires... Alors je feuillette, et je lis, en râlant. D’entrée, l’édito de Brigitte Perucca me met de mauvaise humeur. Qu’est-ce que c’est que ce jeunisme béat? Les gamins (CPE oblige) ont donné une bonne image de la démocratie? La spécialité de la sensibilité politique “Le Monde”, c’est de ne trouver que des vertus à des adolescents tire-au-flanc qui sautent sur toutes les occasions - que leur offrent des meneurs arrivistes à qui leur poil dans la main fait un tremplin - de ne rien foutre en faisant semblant de manifester pour quelque chose. Poursuivons... Ah, voilà Christian Forestier! Ça faisait longtemps! Il doit passablement s’emmerder au HCE où il s’est recasé dans l’anonymat, après avoir présidé la version HCEE précédente, un déjà bien modeste perchoir pour qui fut, en bras de chemise et bretelles flamboyantes dehors, directeur de cabinet de Jack Lang au MEN. Les temps sont durs. Un petit article sans vice ni vertu, si ça ne fait pas de bien, ça ne fera pas de mal. On survit comme on peut en attendant, qui sait, des jours meilleurs... et puis quand même, on a une gueule un peu plus spectaculaire, polo noir et crinière blanche, que le pâlichon et cravaté Bruno Racine, faut la montrer! Justement, on l’entrevoit page suivante, ledit Racine, à la droite du mieux peigné de nos ministres (on aura reconnu de Robien). Diable, mais il y a Forestier aussi et là, tudieu!, cravaté comme un chien de métairie avec, si je ne m’abuse, la légion d’honneur au revers du veston! L’air dégoûté aussi. Ben oui, il faut ce qu’il faut, et se déguiser, de temps en temps! Pour parler de quoi? Du Socle commun, of course! La photo est de novembre 2005, Laurent Lafforgue ne s’est pas encore fait virer, il est là, en bout de brochette, bien sage, et du coup, on n’a pas la binette de son remplaçant, Antoine Compagnon. Ce Socle commun finira comme tout le reste, en eau de boudin. On va le “définir” - c’est en route, le projet de décret vient de sortir, j’irai regarder - mais on ne saura qu’en faire car son approche généraliste est incompatible avec les usages pédagogiques induits par des découpages disciplinaires qu’on n’ose pas toucher. Alors, on affirmera qu’il va porter ses fruits (Demain, on rase gratis) ... et puis assez rapidement, on n’en parlera plus. D’autant qu’au delà du printemps 2007..... Plus loin : je ne vais pas m’exciter tout seul sur le dossier des jeunes enseignants dont le niveau monte... Mais enfin, nous sommes et depuis assez longtemps entrés dans un système où la qualité réelle des “premiers de la classe” , qui savent tirer parti de tout ce qui leur tombe sous la main, bouquins et enseignants, fait que tout concours produit une “botte” réellement excellente de quelques dizaines de lauréats et cache, derrière eux et l’exigence affirmée de ses programmes, l’effondrement des acquis réels de ceux qu’il est, ce concours, au delà, mis en demeure de recruter pour que la machine tourne. Ce qui d’ailleurs ne serait pas si dramatique, la bonne volonté des jeunes “entrants” étant plutôt la chose du monde la mieux partagée, si de réelles procédures de soutien et de formation continuée venaient prolonger, encadrer, guider, épauler in situ les débuts et les suites de la carrière, à déployer au sein de démarches d’équipe et non dans la solitude des tâtonnements aléatoires. Encore Racine (Bruno!) quelques pages plus tard? Et droit sur son Socle comme Juppé dans ses bottes ? Si ce n’est pas une opération communication-marketing ça, qu’est-ce que c’est? Agrégé de lettres 1975 (l’année Bayrou me dit-on. Une référence?). Avec l’ENS, Sciences-Po et l’ENA, ça fait en tout cas un joli socle, mais personnel celui-là. N’empêche, il n’a pas l’air du tout content sur la photo, Monsieur Bruno. C’est l’épisode Lafforgue qui passe mal ? Ou la perspective de ne servir à rien, vocation incontournable de tout président de Haut Conseil? Bah, il écrit des romans, ça va lui passer, c’est juste un petit coup de déprime. L’été arrive, et après les vacances avec les quatre gosses et quelques lectures, bronzé, il va pouvoir s’intéresser à la campagne présidentielle. Ségolène (ou François...)? Sarkozy? Mais si, ça va être marrant. Allez, il faut la jouer finement, il y aura des perspectives, il ne faut pas tirer la gueule à l’avance, sans savoir..... Tiens, j’apprends la différence entre “Bizness” (on bricole dans la vente des produits “tombés du camion” / “trouvés par hasard”) et “Business” (on s’insère dans la société de consommation “standard”). L’économie souterraine des Campus! J’ignorais. Voilà un article qui informe! Sympa. Et, sincèrement, très intéressant, l’article. Le dossier sur l’Égypte aussi (L’école publique à bout de souffle) . Bien. Instructif. Par contre, les TICE à l’Université et Polytechnique comme exception française, ça sent un peu son remplissage. Et puis plus loin: “Les maths par la compétition”? Allons-y. On trouve une Sandrine, le bureau couvert de pelures de gomme, les yeux rivés sur sa copie, qui écrit, efface, tâtonne.... Que cherche-t-elle? Ceci me dit-on: “Combien de fois Noémie a-t-elle attrapé le pompon du manège (qui fait bénéficier à chaque prise de deux tours gratuits), sachant qu’elle a reçu huit tickets au départ, pour elle et pour sa sœur, qu’elle a attrapé deux fois plus souvent le pompon que ladite sœur et qu’elles ont pu chacune faire sept tours”. Diable! Sandrine est en CM2 (ou en 6°) et, ma foi, l’affaire n’a pas l’air simple! Un peu d’algèbre? Voyons, si avec les tickets de départ Noémie se paye X tours et sa sœur Y, nous avons : X+Y=8. Si la sœur a attrapé Z fois le pompon, Noémie l’a fait 2Z fois ce qui a valu à la première 2Z tours gratuits et 4Z à Noémie. Elles ont, chacune fait 7 tours? Nous voilà donc avec trois équations : X+Y=8 ; X+4Z=7 ; Y+2Z=7. Additionnant les deux dernières et nous souvenant de la première, il vient : 6Z=6, soit Z=1. D’où immédiatement : X=3 et Y=5. Noémie s’est payé 3 tours et, arrachant deux fois le pompon, en a gagné 4. Sa sœur, qui n’en a fait autant qu’une fois, a dû payer 5 tours sur les 7 qu’elle a faits. Et la petite Sandrine, elle, comment a-t-elle résolu tout ça? L’histoire ne me le dit pas. Dommage ... Une incidente très intéressante dans le corps de l’article : “On voit bien que les CM2 ont des compétences que les 6° n’ont plus, qu’ils ont perdues “. Assez souvent vrai, hélas. Les gamins régressent au début du collège, oubliant dans les arcanes de la science que veulent leur faire ingurgiter les “spécialistes” quelques tours de main et quelques intuitions approximatives que le “généraliste” du primaire avait su laisser s’installer. Il y a là une phase transitoire où le mieux est l’ennemi du bien et que ne surmonteront pas ensuite ceux qui n’ont pas la tête mathématique. On pourrait y réfléchir. Je passerai rapidement sur l’entretien avec René Girard, ce “Darwin de la Culture” dont je ne suis pas certain que l’article (un peu survolé, j’avoue) m’ait entièrement ouvert à sa “Théorie mimétique”. Le discours de réception à l’Académie Française dont l’avait honoré l’an passé, darwinienne caractérisation incluse, Michel Serres, m’avait paru singulièrement (abs)con(s)..... Ces choses là, sans doute, nous dépassent, ou requièrent trop d’attention. “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement” semble bien être une affirmation définitivement datée ! Mais enfin, Girard a une bonne tête, et un téléphone portable, cinq photographies en témoignent! Pas mal de choses sur le Web, mais je passe aussi. Juste une remarque: quand on parle de l’ordinateur comme “boîte à outils pour un travail d’équipe”, on pointe en réalité le contraire. L’ordinateur enferme le prof dans un monologue appuyé sur le réseau et coupé des autres. Il faut au contraire développer le travail en équipe au sens premier, au sens de l’établissement, au sens de la difficulté partagée de prise en charge des élèves, au sens de l’échange concret, là, autour de la même table, entre personnes physiques, dans le cadre d’un travail vrai, parlé .... L’outil informatique, oui, mais pour mettre sur cette table autour de laquelle on s’est réunis, le produit, l’idée qu’on a trouvés grâce à lui et dont on va discuter la pertinence. Et puis soudain, invité surprise, cerise accablante sur un gâteau décalé, le témoignage de Bernard Laporte, histoire de clore le numéro par la mise en lumière de l’inutilité absolue des efforts pédagogiques que voulaient chanter les pages précédentes. Où on se fait confirmer que l’école, c’est tout sauf la liberté, qu’on y écoute pendant des heures des cours inintéressants, qu’on y est empêché de faire du sport au bénéfice de l’apprentissage de trucs dont on ne comprend pas l’utilité, qui ne serviront effectivement jamais à rien. Non, vraiment, pourquoi tout ça? Je vous le demande... Prise de tête! Finalement, on passe un bac F3 électrotechnique avec retour sur investissement égal à zéro. Alors franchement, quand on a lu ça, on se dit que si on dégraissait le Mammouth en n’y gardant que les profs de gymn et puis juste une petite filière ou deux pour les têtes d’œuf - il en faut quelques unes pour faire quand même tourner la machine - les gamins auraient une enfance plus heureuse, non? Sacré Laporte! Directement au ministère au prochain remaniement! Il va nous simplifier tout ça en moins de deux! En attendant, pour un prochain numéro, je suggère un débat Laporte - Girard. Ce devrait être bien! Avec le même sous-titre que pour Jourde-Bégaudeau: Une école contre l’autre. Allez, faut bien s’occuper! Et honnêtement, au bout du compte, je n’ai pas regretté mes 4 euros 50 ! J’ai lu ça dans un village du midi toulousain, sur le pas de porte, tranquille, au soleil et dans un temps rythmé par les cloches de l’église ... J’ai passé un bon moment ....
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Commentaires
S
L'énigme proposée (Diophante a vécu ici 84 ans) est donnée pour son épitaphe et souvent citée dans les manuels de Collège. Mais la source utilisée a des imperfections: le malheureux a perdu son "t" et on le fait naître environ cinq siècles trop tôt.Il est du troisième siècle ... après J.C.<br /> L'exercice fourni est résolu en détail à l'adresse : www.loribel.com/fun/enigmes/enigme_diophante.html
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A
Et on se lamente que le niveau des élèves a baissé! Si nos petits de 6ème réussissent à mettre en équation ces tours de manège, bravo, je suis admirative quant à la qualité de l'enseignement de leurs professeurs. Quant à savoir si cela développe en eux (les enfants, pas les profs) leurs facultés de raisonnement, cela est discutable. <br /> Comme vous semblez apprécier ce genre de problème, en voici un, que je soumets à votre sagacité: <br /> <br /> On ne sait que peu de choses sur le mathématicien grec Diophane qui vécut à Alexandrie environ 250 ans avant J.C. Grâce à un de ses élèves qui a en quelque sorte écrit sa biographie en équations mathématiques, on peut en apprendre plus sur celui qui a été surnommé "le père de l'algèbre". <br /> <br /> La jeunesse de Diophane a duré 1/6 de sa vie. Il est devenu barbu dans le 1/12 suivant de sa vie. Puis il se maria à la fin du 1/7 suivant de sa vie. Cinq ans après cela il eut un enfant, un garçon qui vécut exactement 1/2 de la vie de Diophane. Ce dernier mourut quatre ans après le décès de son fils. Savez-vous combien d'années a vécu Diophane?
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