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AutreMonde
26 février 2015

WORDS, WORDS, WORDS ….

Proposer un  Plaidoyer pour la fraternité depuis la  Place de la République ?

                           Abdennour Bidar II

Abd al MalikPlace de la République

                           Laurent Bouvet

               <<< Laurent Bouvet          -             Leçon magistrale d'Abdennour Bidar:

"L'école laïque se fonde dès sa naissance sur l'ambition de transmettre une éthique non confessionnelle. Malheureusement, celle-ci a été laissée progressivement en déshérence. Certes, il y a un enseignement qu'on appelle l'Éducation civique, juridique et sociale. En réalité, il s'agit souvent simplement d'une éducation à la citoyenneté, d'une éducation au respect. Mais le respect ne fait pas l'alpha et l'oméga de la morale."              

Hâte de lire son livre !  >>>                        

                           ************************

Voici à peu près l'enchaînement :

                                                      Laurent Bouvet, professeur de Sciences Politiques, est un penseur extrêmement intéressant et pertinent. Lorsqu'il avoue sa hâte de lire Plaidoyer pour la fraternité, j'achète et je lis. Par ailleurs, à réception du Télérama de la semaine dernière, je consacre les minutes nécessaires à l'interview d'Abd al Malik, dont les propos directs me semblent riches, et j'achète et je lis son petit opuscule, Place de la République.

Double Bilan?

Double et amère déception.

Aucun des deux auteurs ne manque de sincérité et une foi voisine dans les vertus de la France républicaine telle qu'elle gagnerait à être, qu'elle pourrait être, encore plus que telle qu'elle est les anime.

Mais même s'ils se prémunissent par avance contre les accusations d'angélisme qu'ils voient déjà venir, c'est pourtant ce sentiment d'hommes de bonne volonté s'enlisant progressivement dans un prêche qui domine.

Malgré leurs efforts, on reste coi devant l'appel à une foi aux contours totalement incertains de l'un (Abd al Malik), foi assurément d'une spiritualité laïque mais qui comme toute foi repose surtout sur elle-même, et le recours à une fraternité transversale presque décourageante de décalage quand on hume l'air du temps et qu'on se retourne sur l'histoire chez l'autre (Abdennour Bidar).

Au lieu de sortir de ces lectures animé de l'enthousiasme qu'elles veulent me communiquer, je me retrouve accablé au pied d'un Everest à grimper mais où nulle voie ne m'a été bien clairement tracée. 

Je ne discute pas les dénonciations, je ne refuse aucun des constats faits, mais où est le chemin à suivre?

Rien d'étonnant à ce que l'opus d'Abd al Malik soit publié par la même maison d'édition , Indigène, qui avait déjà assuré à l'Indignez-vous! de Stéphane Hessel l'énorme succès que seules les incitations creuses peuvent obtenir. L'ouvrage m'avait irrité par son inutilité. Moins celui d'Abd al Malik, en raison peut-être du profil de l'auteur qui a des titres à faire valoir (Hessel aussi, sans doute, mais quoi qu'on en pense, au-delà d'une certaine limite (d'âge) votre ticket n'est plus valable - cf. Romain Gary). Moins, mais pour des résultats que je crains voisins en termes d'efficacité. Je veux bien adhérer à ce qu'Abd al Malik souhaite. Mais je n'en vois pas l'opérationnalisation possible.

Abdennour Bidar lui aussi a des titres à faire valoir, et même des titres universitaires. Mais laissant ici culture et érudition de côté, il délivre ce que je souffre de ne pas savoir qualifier autrement que de prêchi-prêcha.

La fraternité est un mot magnifique que l'accumulation des siècles n'a pas su faire vivre. La fraternité est un mot … et malheureusement n'est qu'un mot. Et le Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil de Jean Yanne, est en embuscade derrière les phrases.

Lenine se demandait en 1902, reprenant le titre d'un roman russe du XIX° siècle: Que faire? Et bien, après lecture, moi aussi.

Rien qui soit dessiné chez Abd al Malik et dix propositions chez Abdennour Bidar.

J'adhère à l'ambition, mais ensuite?

Par exemple, chez le second, Se mobiliser pour casser enfin la logique des ghettos, qu'est-ce d'autre qu'un vœux pieux? Et Centrer la morale à l'Ecole sur la culture de la fraternité, peut-être, mais comment? Apprendre aux élèves à débattre sur les valeurs m'intéresse particulièrement, mais ne peut être mis en œuvre, et rien n'en est dit, que dans le cadre d'un remodelage complet de la méthodologie éducative. Il faut que l'Ecole apprenne l'art difficile de libérer la parole sans déclencher l'hostilité n'est qu'une phrase tant qu'une démarche précise n'est pas mieux dessinée que par le mantra Il faut un corps professoral capable de …  Etc.

Aussi bien Abd al Malik qu'Abdennour Bidar savent qu'une grande partie de la solution passe par l'Ecole, mais le dire ne suffit pas et ce qui ne cesse de nous manquer, c'est une véritable et totale refonte de celle-ci dans ses structures, dans ses cursus. Totale.

Bien sûr les maîtres, la formation de maîtres à rendre capables de , bien sûr. Mais même cela n'est pas la réponse première. La réponse première est dans le remodelage de la conception même de la scolarité. C'est une scolarité redéfinie dans ses fonctionnements qui engendrera une formation des maîtres adéquate et non l'inverse.

Et on est loin de la Place de la République, et la Fraternité nous sera donnée peut-être, mais par surcroît. C'est une école intelligente qui conduira aux idéaux revendiqués. L'affirmation de ceux-ci ne suffit pas.

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Commentaires
D
Non, je n'ai pas lu les livres dont vous parlez.<br /> <br /> Parce que... il faut avoir lu les livres dont vous parlez pour commenter ce que vous dites ?...<br /> <br /> Je n'ai rien dit pour ou contre les auteurs de ces livres, ni vraiment contre vous, mais contre votre... titre, qui est un préjugé occidental très destructeur.<br /> <br /> Je passe ma vie à examiner ce que sont les évidences pour nous, dans notre civilisation. Puisque j'ai raté ma.. carrière en travail monnayé, j'ai décidé que la vie pouvait se vivre autrement.<br /> <br /> Examiner les évidences de notre civilisation est passionnant, et constitue un véritable plein temps pour moi. Un défi très difficile, d'ailleurs, car il est très difficile de voir les évidences. <br /> <br /> Pour les troubles d'érection, je peux comprendre, quoique d'une perspective de... femme...<br /> <br /> Mais en réponse à Romain, je peux dire que Sigmund (Freud...) a écrit la majeure partie de sa géniale oeuvre après avoir été banni du lit de sa femme.<br /> <br /> Trouvait-il consolation ailleurs ? Difficile à dire.<br /> <br /> Même impossible à dire, à mon avis.<br /> <br /> Mais en dehors des bras de Martha il y avait bien un salut quelque part...
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D
Bon... je vais essayer de me calmer face à vos propos sur l'âge, et le discrédit qu'il apporte à la parole, la pensée.<br /> <br /> Je n'ai pas compris votre référence à Romain Gary, en raison de mon inculture, et ma paresse de consulter afin de remédier à mon ignorance. (Mais vous allez peut-être expliciter votre référence, qui sait ?)<br /> <br /> Mais les mots, c'est.. beaucoup, et faire une opposition sans aucun doute structurante, mais simpliste entre les actes, et les mots, ne tient pas la route.<br /> <br /> Je vais vous donner un exemple.<br /> <br /> Quand George Bush, président inculte d'une nation devenue très inculte, avec des politiques aussi incultes que son peuple.. de plus en plus inculte, a eu l'extrême malheur d'évoquer les croisades après les attentats du 11 septembre, il a fait un rapprochement qui était une étincelle dans une poudrière qui a agi grandement pour radicaliser de jeunes hommes (comme vous ?) d'une culture loin de la sienne, et nous lancer dans une nouvelle... guerre sainte.<br /> <br /> Et ce n'était que... des mots...<br /> <br /> La "fraternité" est un mot de nouveau en quête de nouvelles significations.<br /> <br /> Il est comme une pièce de monnaie qui a beaucoup circulé, qui a tellement circulé qu'on ne voit plus la.. valeur écrite sur la pièce, et qu'il faut l'imprimer de nouveau afin qu'il puisse continuer à circuler (de toute façon, il continuera à circuler longtemps après que vous, et moi, nous servirons de nourriture aux petits vers).<br /> <br /> Personnellement, je n'aime pas la généralisation des substantifs, et je n'apprécie pas le fait que les Lumières ont appauvri le Verbe au profit des substantifs abstraits et désincarnés.<br /> <br /> Je trouve que cela nous appauvrit tous, et que ça finit par appauvrir le "faire" en même temps que ça appauvrit le Verbe.<br /> <br /> (N'oublions pas que le Verbe est aussi.. le verbe...)<br /> <br /> Et ce qui appauvrit le Verbe/verbe ?<br /> <br /> Ça appauvrit l'Homme et ses sociétés...
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