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AutreMonde
2 septembre 2013

Sur le motif ...

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Finalement, je l'ai fait. Mais pour éviter à mon petit-fils l'éventuel handicap d'un grand-père farfelu, si j'étais découvert,  je me suis transporté dans un autre bahut que celui où il va faire ses premières armes en classe de seconde. Ma prérentrée s'est faite ce matin dans un bon collège parisien, au pied de la tour Eiffel.

J’étais en avance. Le café de bienvenue était prévu à 9h15 pour une réunion plénière à 10h et j’étais sur site à 8h55. Trois quarts d’heure de café - jus d’orange – viennoiseries, cela permet un premier contact même si ce n’est pas optimal pour la ligne. Il y a , ce sont toujours ceux-là qui arrivent les premiers, une demi-douzaine de nouveaux, dont trois historiens-géographes. Civilités. Poignée de main au chef d’établissement.

« Et vous ? »

« Oh, moi, je ne fais que passer. Retraite à la fin du mois. Je suis là en rattachement administratif. »

« Vous n’êtes pas sur les listes. »

« Surnuméraire. Pour si peu de temps … Le rectorat m’a téléphoné vendredi de me présenter. Mon arrêté ne sera signé que dans la semaine. Mon poste de l’an dernier a été supprimé, c’est un peu la pagaille… »

« Oui, ça arrive. » 

Et voilà. Un assez bon scénario. Et M. Sejan, professeur réputé encore en activité pour une poignée de jours a rejoint l’équipe des mathématiciens.

Mme la principale est agréable et vive, la séance est ouverte, as usual,  sur des généralités, dès les présentations des nouveaux arrivants faites.

Les résultats au diplôme national du brevet (DNB) ont été excellents, nettement supérieurs aux moyennes académiques. Un seul exemple : à l’échelon académique, 12% de mentions bien ou très bien, et ici, près des deux tiers !

La population scolaire est pourtant présentée comme très hétérogène, ce qui pose bien sûr la difficulté d’une gestion cohérente et simultanée de l’excellence des meilleurs et du maintien des objectifs de réussite pour chacun.

J’apprends que l’académie de Paris a vu arriver 1500 élèves supplémentaires dans le courant de l’été et que les effectifs de classe vont frôler la trentaine.

Rien de précis sur le projet d’établissement, qui s’inscrit dans le projet plus global de l’académie, avec ses cinq axes : développement du numérique , promotion d’une politique culturelle, ouverture à l’international et langues vivantes, parcours adaptés et individualisés autant que possible, offre d’un cadre serein et respectueux. Tel qu’énoncé, bla-bla.

Peu de nouveautés. On fermera l’établissement le vendredi à 17h et le maximum est fait pour qu’un maximum d’élèves n’aient pas de cours après 17h en semaine.

On passe dix minutes sur l’appel, le carnet de liaison, la fiche volante fournie quand on a oublié ponctuellement le carnet de liaison, la gestion des retards, des rapports d’incident, des rapports d’exclusion, des retenues … ce qui, compte tenu du quartier, me semble une sur-valorisation des questions de discipline. Ou alors ….

Une brève intervention du gestionnaire souligne le bon niveau d’équipement des salles en majorité pourvues de v.n.i. (vidéoprojecteurs numériques interactifs), l’offre d’une salle de réunion permanente où l’on pourra aussi recevoir les parents, le renouvellement du matériel en salle des professeurs (imprimante, photocopieuse, ordinateurs).

La salle frémit quand la principale-adjointe intervient pour distribuer les emplois du temps. Un effort a été fait pour libérer, au bénéfice de chaque professeur individuellement, deux demi-journées par semaine.

On clôt cette première séance par un petit speech, sympathique, de la vice-présidente de l’amicale des enseignants, avec quelques projets de voyage et de cours de remise en forme.

Je m’éclipse, faisant l’impasse sur une réunion de P.P. (professeurs principaux ; je ne saurais y prétendre, cette charge étant affectée depuis juin) et sur le pot suivi d’un buffet promis pour  12h.

Prérentrée

Retour à 14h pour le conseil d’enseignement des professeurs de mathématiques. Ils sont six, et moi, le septième. Ambiance sympathique et détendue ; si je m’exclus, deux hommes pour quatre femmes.

La programmation de l’année, autour des évaluations initiales en sixième, d’une épreuve commune à mi-année pour les quatrièmes, de deux brevets blancs pour les troisièmes, est examinée. Bon climat de collaboration active. Rien à redire.

On discute l’organisation du soutien pour une partie des classes de cinquième et les deux tiers des classes de quatrième, et la possibilité de reconduire en l’améliorant dans son organisation un atelier hebdomadaire ouvert à tous sur un créneau de deux heures, adoptant le principe « SOS maths » de coups de mains individuels d’une dizaine de minutes à la demande. L’idée m’a semblé excellente.

On bidouille un peu la répartition des salles de classe selon leur niveau (ou leur absence) d’équipement, et j’en profite pour mettre un terme à ma présence.

Et la rénovation, dans tout ça ?

Eh bien rien, pas un mot. Je n’avais pas remis les pieds dans une prérentrée depuis celle de septembre 2003 et c’était là le but du jeu : quoi de neuf, dix ans après ?

La réponse est nette : rien !

Un bon établissement, une salle des professeurs un peu triste, un climat humain agréable, le souci de faire au mieux avec les élèves (ici pas de problèmes majeurs) … tout à l’identique et strictement dépendant de la seule qualité humaine des personnels nommés.

Ah, oui, des TBI (tableaux blancs interactifs), des TNI (Tableaux numériques interactifs), des VNI (vidéoprojecteurs numériques interactifs), tout cela en termes de TICE (Technologies d’information et de communication pour l’enseignement), autrement dit, en lieu et place de la craie et du tableau noir, des sigles.

Progrès ? Un peu de mieux, sans doute, au prix fort.

Mais pour quelle amélioration dans l’efficacité du geste pédagogique. Ici, beaux quartiers, l’impact est néanmoins possible, sinon probable. Ailleurs ?

L’éducation nationale est réellement ce voyageur immobile qui fait de gros efforts sur un tapis roulant défilant sous lui en sens contraire. On discute un peu avec les collègues, et on constate que rien n’a changé, les mêmes questions, les mêmes inquiétudes chez les débutants, le même paysage pédagogique.

Cet établissement fait au mieux. Peillon cédera la place aux suivants et à la rentrée 2023 – mais je ne pourrai plus faire illusion, si je suis toujours là, pour retenter mon petit tour de piste – ce sera, j’en prends le pari, la même chose. Avec ceci : stabilité dans les établissements de ce type et, je le crains, dramatique effondrement dans les zones difficiles, ce qui prouverait au moins qu’aujourd’hui,  le fond n’est pas encore atteint.

On peut faire pire ! Et c’est bien triste, car ministre en tête, je continue à croire qu’on y va.

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