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AutreMonde
4 novembre 2011

Hollande plus fort qu'Apollinaire

Les 60 000 verges

Guillaume n’en avait revendiqué que 11 000, François est allé beaucoup plus loin. En mourra-t-il, comme le héros du poète? Dans le Landerneau pédagogique, l’affaire en tout cas, fait débat. C’est sans doute François Dubet, dans une chronique récente (Le Monde du 2 Novembre dernier), qui soulève la vraie question: créer des postes n’a de sens que dans la mesure où l’on sait qu’en faire. Or, paradoxalement, la pensée éducative et ici spécifiquement hollandaise, abrite derrière des affirmations quantitatives un véritable vide créatif. Il n’existe pas à gauche – ne parlons pas de la droite dont c’est en quelque sorte la vocation – de schéma réellement novateur relatif à l’emploi des moyens au sein du système éducatif.

L’échec du système tient beaucoup plus à l’absence de méthodes qu’au manque de crédits.

A la louche, l’éducation nationale emploie 1 000 000 de personnes dont 850 000 enseignants. 60 000 postes représentent donc un volet d’ajustement de 6%. 5 adultes supplémentaires « étalés » sur 5 ans pour un établissement que font tourner 80 personnes? On restera toujours, et toujours à la louche, à 12 fois plus d’élèves que de personnels éducatifs au sens large.

Les chiffres du ministère pour 2009-2010 donnaient un ratio globalisé (sans nuances: tous personnels/tous élèves) de 11,76. L’apport de 60 000 postes abaisserait ce ratio à 11,13 … au bout de cinq ans. Sur la première année (+12 000) le gain se traduirait par un ratio de 11,63. Faut-il commenter ces bonds spectaculaires?

Reste le symbole. Coûteux, car sans ressaisissement au niveau des objectifs et des méthodes du système, la querelle du quantitatif est totalement vaine. Le système éducatif comptera 60000 fonctionnaires désemparés de plus dont probablement (en appliquant le ratio 850 000 / 1000000) 51 000 enseignants découvrant le malheur de ne pouvoir enseigner.

Excessif et simpliste? Plus ou moins. Et plutôt moins que plus.

Car nulle piste n’existe, qui soit explicitée et qui réponde à la question essentielle de l’échec global de la formation initiale, forêt qu’on camoufle de quelques arbres élitistes. Alors, quand François Hollande va enfourcher cette chimère à Soissons, de sinistre mémoire pour un autre au moins qui, en 486, s’était avisé d’y briser un vase. … c’est Dubet qui a raison: être plus nombreux pour faire la même chose, en l’occurrence pour prolonger à l’identique des démarches obsolètes, c’est se donner la certitude qu’on ne servira à rien. Comment ne pas le rejoindre pour souligner, en élargissant un peu son propos, les premières exigences:

- Construction (et, pour l’existant, reconfiguration) de bâtiments scolaires adaptés à un renouvellement de la prise en charge éducative

-Redéfinition du métier permettant la présence à temps complet des enseignants sur place (ce pourquoi il leur faut des salles de réunion, des bureaux, de la bureautique; d’où le point précédent)

-Redéfinition du management des établissements en s’appuyant sur l’autonomie (à introduire via une formation des maîtres à repenser) d’équipes élisant en interne et sur projet-programme à trois ans le chef d’établissement

-Fusion Ecole-Collège dans le cadre unique d’une véritable Ecole de la scolarité obligatoire, pour un véritable enseignement de masse, de socle, dont le lycée cesse d’être l’objectif

-Dichotomie du processus de formation obligatoire en deux mi-temps, l’un de socle pour la classe d’âge, l’autre d’excellence individuelle, alors totalement modularisé en fonction des aptitudes et des goûts

-(…)

Heureusement que pour défendre le creux, valoriser l’inutile et valider le vain, François Hollande peut toujours compter sur Jack Lang, monté au créneau dans Le Monde daté de ce vendredi 4/11 pour ne rien dire de décisif selon son habitude, sinon la fierté de voir son candidat porteur d’une ambition éducative aussi élevée, et bla-bla-bla, et bla-bla-bla …

Avec photo: chemise rose, brushing impeccable et regard plissé fixé sur des lendemains éducatifs qui chantent.

La main, bien entendu bagousée, sur le cœur.

Enfin …

 

 

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