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AutreMonde
3 septembre 2009

On rentre ...

Le redémarrage informatisé va être un peu difficile pour cause de matériel personnel soudain défaillant. Les remplacements sont en cours mais dans l’immédiat, c’est à la boutique Web du coin qu’il faut aller déposer son écot chroniqué et consulter sa messagerie. Pas très commode, même si on y gagne en e-convivialité, encadré de surfeurs divers de l’internet ludique. ..... Bah, il faut savoir s’adapter. Il paraît que c’est une caractéristique de l’intelligence. Alors … Premier choc : L’aveu de François Dubet. J’écoutais tout à l’heure la matinale de France-Inter. Nicolas Demorand avait invité, rentrée scolaire oblige, François Dubet et Bernard Kuntz. Le premier sociologise dans le supérieur, université bordelaise, spécialiste médiatiquement très introduit de la réflexion éducative et de la vacuité propositionnelle qui va avec, le second, professeur de lettres, préside aux destinées du SNALC, syndicat qui se proclame a-politique, ce qui veut en gros dire droitier, et qui, passées ses foucades réactionnaires, finit par ne pas dire sur certains sujets que des âneries. Tout est affaire d’équilibre. La tranche 8h20 – 9h de l’émission se découpe en trois tiers inégaux. Dix minutes de dialogue de Demorand avec son (ses) invité(s), vingt minutes d’échange à partir de questions des auditeurs et au milieu, coupure, une revue de presse généraliste (donc ‘‘hors thème’’) de dix minutes (sauf erreur confiée dorénavant à Bruno Duvic suite au limogeage par Philippe Val de Frédéric Pommier, trop enclin selon lui à citer Ciné Hebdo – mais ceci est une autre histoire). C’est le seul François Dubet qui dialoguait à 8h20 avec Demorand et, quoi qu’il en soit de mes préventions, il a été pour dix minutes excellent. Sans vraie surprise à y réfléchir. Il s’agissait d’analyser le système existant et ses blocages. Or, dans le constat, la vision de Dubet me convient tout à fait ou peu s’en faut. Lucide, équilibrée, affûtée, précise. Non, là où le bât blesse, c’est lorsqu’il s’agit d’avancer, lorsqu’il s’agit de dire : ‘‘Et maintenant, que faire ?’’. Et de développer. François Dubet commet régulièrement dans la presse écrite des billets où rien, jamais, qui relève d’un dessein structuré de rénovation du système ne se lit. L’analyse est là. Mais d’horizon, point. Si, quand même, et qu’il a reprise ce matin mais sans la pousser à son terme, une idée, une seule, sans doute trop en filigrane, mais enfin une idée à mettre à son crédit : la primarisation de fait du collège, dont il faudrait se décider (… qu’il se décide !) à tirer la conclusion qu’elle est porteuse de la nécessité de construire une seule École fondamentale de 6 à 16 ans couvrant, avec ses méthodes et ses maîtres propres, la scolarité commune et obligatoire. Dans le débat avec Bernard Kuntz et deux ou trois auditeurs (d’ailleurs surtout ‘‘trices’’)- intervenants, les deux ‘‘experts’’ antinomiques (Dubet vs Kuntz) se retrouvaient (en prétendant s’opposer !) sur les difficultés (pour ne pas dire l’aporie) d’une éducation ‘‘pour tous’’ s’épuisant à ne pas parvenir à concilier pédagogie collective et excellence individuelle, Dubet voyant bien les impuissances du modèle hérité napoléono-ferryque mais n’en tirant guère autre chose que l’affirmation que quelles que soient les structures et les méthodes, il y avait toujours 1/3 de bons, 1/3 de convenables et 1/3 de ‘‘paumés’’ par classe, chacun renvoyant à l’étape antérieure la responsabilité de l’émergence desdits ‘‘paumés’’, la fac accusant le lycée, le lycée le collège, le collège le primaire, le primaire la maternelle, la maternelle les parents et les parents … Dieu ! Amusant certes, mais peu efficace en termes de prospective. Et puis soudain, cet aveu : « Je n’ai pas véritablement d’idées pédagogiques ». Au moins, il le reconnaît, et il signe. C’est bien là le problème. Cela dit, personne ou presque, au fond, n’a ‘‘véritablement d’idées pédagogiques’’. Et d’ailleurs, y en aurait-il en circulation d’excellentes, le pessimisme assez profond de Dubet quant à l’aptitude du politique à promouvoir et introduire/imposer une véritable rénovation/refonte – n’en sût-il/pût-il pas lui-même dessiner les linéaments – soulignait significativement leur potentielle inutilité. Peut-être cela pourrait-il excuser qu’il n’en propose aucune … Faut-il pourtant en rester là, observateur désabusé du désastre en route ? Le numéro daté du Mercredi 2/09 du journal Le Monde déployait sur quatre pages, dont une introduction conjointe de Luc Cédelle et Maryline Baumard, la présentation de « Douze idées reçues sur l’éducation », effort journalistique respectable mais rejoignant Dubet dans ce goût immodéré du constat sans avenir autre que le vœu pieux qui me désole. J’ai adressé aux deux coupables (et en toute cordialité) le courrier transcrit pour information ci-après, successeur plus ou moins à l’identique de bien d’autres protestations/propositions. Il n’est pas nécessaire de réussir pour persévérer …. Au contraire, peut-être. COPIE : À l’attention de L.C. et M.B. 12 idées reçues sur l’école à déchiffrer ? Pourquoi pas … … mais après lecture des quatre pages du Monde que vous introduisez, permettez moi une suggestion davantage tournée vers la prospective: l'élaboration d'un très prochain insert de quatre pages sur "Education: 12 idées hétérodoxes ( ?) pour avancer". Vous pourriez ainsi mettre en route un "brainstorming" (un "think tank"?) journalistique sur, par exemple (à chaud): 1- Donner son sens au concept de masse d'une scolarité obligatoire en fusionnant le primaire et le collège en une seule entité École de la Scolarité Obligatoire de 6 à 16 ans.. 2- Donner une cohérence accrue aux cursus par l'émergence en réseaux d'établissements d'aires pédagogiques homogènes couvrant l'obligatoire et le lycée. 3- Donner un sens à la notion d'autonomie des établissements dans le cadre d'une gouvernance locale à définir, gestionnaire d'une politique in situ des moyens, des équipes et des méthodes sans contrôle a priori. 4- Donner un sens au concept d'équipe éducative (et de projet d'établissement) par le biais d'une désignation élective en son sein du chef d'établissement pour un mandat sur programme local de trois à cinq ans. 5- Envisager de fidéliser les équipes éducatives et de développer la mixité sociale sur les zones à problèmes en offrant aux nouveaux nommés des logements de fonction à proximité immédiate des établissements et à des conditions de quasi-gratuité. 6- Mettre en place et/ou Renforcer dans les zones à problèmes tous les partenariats possibles entre les établissements scolaires et toutes les structures publiques ou para-publiques (police, justice, administrations,...) localement implantées. 7- Prendre conscience de la nécessité, pour justifier une formation initiale de masse compatible avec le déploiement des excellences individuelles d'élaborer des cursus dichotomisés. 8- Prendre conscience que la structure "groupe-classe" du collège unique est inadaptée à l'hétérogénéité des publics scolarisés dans la perspective du non-assassinat du petit Mozart... et qu'elle reste par contre indispensable à l'émergence d'une véritable conscience du collectif, de ses tensions et de la nécessité de les surmonter dans l'ouverture et la tolérance. 9- Réfléchir à la mise en place sur la scolarité obligatoire d'un mi-temps de formation collective permettant l'installation d'un socle commun de communication et de socialisation: groupe-classe hétérogène, binôme en continu de maîtres polyvalents référents et complémentaires (dominante lettres / dominante sciences), activités d'échange, de lecture du monde et des autres, d'expression et de communication écrite et orale, de compréhension des environnements, .... 10- Réfléchir à la mise en place d'un mi-temps d'excellence individuelle fondé sur des apprentissages disciplinaires sanctionnés par unités de valeur dans de petits groupes de niveau homogène en acquis sans critère d'âge, confiés à des maîtres spécialistes de la discipline. 11-- Réfléchir à la logique d'une progression en cycles - chacun sans solution de continuité: la maternelle, l'obligatoire, le lycée - excluant la notion de redoublement à l'intérieur d'un cycle, dégageant in fine: a) une aptitude/compétence à l'intégration/socialisation sur une base commune solide b) l'émergence par cumul d'unités de valeur d'un profil strictement individualisé d'excellence, système conduisant entre autres à la suppression de fait du baccalauréat et à l'ouverture à la sélection sur profil individuel acquis du post-scolaire (université, vie active) 12- Réfléchir aux exigences d'une formation des maîtres inscrite dans le droit fil ... des 11 idées précédentes. Tout ceci à titre d'exemple bien sûr, bien sûr ...... et on pourrait aller très au delà de 12.... Le sujet et ses perspectives/potentialités réformatrices ne sont pas épuisés. Mais pourquoi pas commencer par là? Serait-ce trop demander au journal que d'en attendre un pas de plus que celui de l'exploration raisonnée des réflexions, comme il est des brèves, de comptoir?
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Commentaires
S
Piratez, piratez ... <br /> Vous avez ma bénédiction!
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G
Je dois participer à un débat public sur la transmission des savoirs et "l'Ecole mutuelle".<br /> L'Ecole actuelle et ses problèmes seront, sans aucun doute, abordés.<br /> Je me propose d'évoquer vos propositions.<br /> Me le permettez vous, en citant bien sûr mes sources et donc votre site?
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S
Il n'y avait rien à voir, ni là, ni ailleurs, nulle réaction d'aucune sorte n'ayant suivi mon courrier.<br /> Sans surprise en fait.<br /> La routine...<br /> J'aurais dû signer Jean Sarkozy, je pense ...
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G
Je ne vois aucun commentaire.<br /> Luc Cédelle et Maryline Baumard auraient-ils donné leur point de vue sur ces propositions par un autre canal?<br /> Merci.<br /> GC
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