UN LIVRE DE PLUS - Christophe Kerrero
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Voilà un drôle de titre que le contenu du bouquin ne justifie pas vraiment, pas plus d'ailleurs qu'il ne justifie cette accroche du "coup de gueule" qu'on veut nous vendre à la clé. Une ou deux flèches ad hominem. Mais la soupe est quand même un peu tiède.
Fier de son trajet scolaire moyen, Christophe Kerrero rédige avant tout un plaidoyer pro domo relatif à son parcours de responsabilités et ne délivre pas de message entièrement construit sur une reconquête à venir de l'école au-delà de l'esquisse pieuse et de la description des quelques combats qu'il a menés qui ne me paraissent pas aller au fond du problème.
Après nous avoir un peu saturés de descriptions techniques sur ses efforts et réussites dans les différents postes qu'il a occupés, s'efforçant d'en valoriser tous les aspects, Christophe Kerrero affirme une approche très réservée des vertus et de l'avenir possible des classes préparatoires qu'il a un temps pratiquées comme élève, pour peser dans le sens d'une révision du concept qui en modifierait les spécificités. Il souligne leur coût et les avantages (indus?) consentis à leurs professeurs, qu'il rapproche des besoins criants du collège et du lycée.
Il est certain que tout le système éducatif est à revoir mais les pages qu'il consacre par exemple à Affelnet (Affectation des Elèves par le Net - Procédure d'affectation en lycée public des élèves issus des classes de 3ème) donnent surtout un sentiment décourageant de complexité administrative excessive découlant de l'inadaptation relative de l'offre de formation (capacités d'accueil et contenus ) aux attentes et besoins de la demande (familles).
Là comme ailleurs - étant donné que mettre le tissu éducatif (locaux et personnels) à l'optimum de ce qui permettrait la fluidité de la réponse à la demande éducative serait un projet à long terme perçu comme démesuré (et démesurément coûteux) - on met toute l'énergie disponible dans le bricolage de solutions imparfaites de nature à limiter les dégâts sans rien changer aux insuffisances structurelles. Il y a là des batailles absurdes où l'on s'obstine à affirmer qu'un mauvais système peut (doit?) être maintenu au motif que sans les efforts que l'on déploie pour faire avec sans le modifier, il donnerait des résultats pires. On s'inscrit ce faisant dans une logique du reculer pour mieux sauter dont les responsables n'osent pas sortir.
Du coup, le discours de Christophe Kerrero à travers lequel on perçoit le souci d'un enseignement de masse qui élèverait le niveau général de la formation sans interdire les réussites individuelles (au fond, du mieux pour tous sans moins bien pour certains), souci sans doute facilement partagé, se prend les pieds dans le tapis des difficultés techniques des améliorations de détail face aux rigidités d'un système dont la nécessaire et profonde reconfiguration obligerait à un chantier national de long terme qu'aucun politique ne se permet d'imaginer. L'affaire ne serait jouable qu'avec l'élection d'un chef de l'Etat qui se ferait choisir sur ce seul programme. Même le niveau ministériel est insuffisant, ne parlons pas du niveau rectoral. Il s'agirait de redéfinir l'école pour changer l'avenir. Utopie. Dommage.