Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

AutreMonde

24 mars 2025

UN LIVRE DE PLUS - Christophe Kerrero

Voilà un drôle de titre que le contenu du bouquin ne justifie pas vraiment, pas plus d'ailleurs qu'il ne justifie cette accroche du "coup de gueule" qu'on veut nous vendre à la clé. Une ou deux flèches ad hominem. Mais la soupe est quand même un peu tiède.

Fier de son trajet scolaire moyen, Christophe Kerrero rédige avant tout un plaidoyer pro domo  relatif à son parcours de responsabilités et ne délivre pas de message entièrement construit sur une reconquête à venir de l'école au-delà de l'esquisse  pieuse et de la description des quelques combats qu'il a menés  qui ne me paraissent pas aller au fond du problème. 

Après nous avoir un peu saturés de descriptions techniques sur ses efforts et réussites dans les différents postes qu'il a occupés, s'efforçant d'en valoriser  tous les aspects, Christophe Kerrero affirme une approche très réservée des vertus et de l'avenir possible des classes préparatoires qu'il a un temps pratiquées comme élève, pour peser dans le sens d'une révision du concept qui en modifierait les spécificités. Il souligne leur coût et les avantages (indus?) consentis à leurs professeurs, qu'il rapproche des besoins criants du collège et du lycée.

Il est certain que tout le système éducatif est à revoir mais les pages qu'il consacre par exemple à Affelnet (Affectation des Elèves par le Net - Procédure d'affectation en lycée public des élèves issus des classes de 3ème) donnent surtout un sentiment décourageant de complexité administrative  excessive  découlant  de l'inadaptation relative de l'offre de formation (capacités d'accueil et contenus ) aux attentes et besoins de la demande (familles).

Là comme ailleurs - étant donné que mettre le tissu éducatif (locaux et personnels) à l'optimum de ce qui permettrait la fluidité de la réponse à la demande éducative serait un projet à long terme perçu comme démesuré (et démesurément coûteux) - on met toute l'énergie disponible dans le bricolage de solutions imparfaites de nature à limiter les dégâts sans rien changer aux insuffisances structurelles. Il y a là des batailles absurdes où l'on s'obstine à affirmer qu'un mauvais système peut (doit?) être maintenu au motif que sans les efforts que l'on déploie pour faire avec sans le modifier, il donnerait des résultats pires.  On s'inscrit ce faisant dans une logique du reculer pour mieux sauter dont les responsables n'osent pas sortir.

Du coup, le discours de Christophe Kerrero à travers lequel on perçoit le souci d'un enseignement de masse qui élèverait le niveau général de la formation sans interdire les réussites individuelles (au fond, du mieux pour tous sans moins bien pour certains), souci sans doute facilement partagé, se prend les pieds dans le tapis des difficultés techniques des améliorations de détail face aux rigidités d'un système dont la nécessaire et profonde reconfiguration obligerait à un chantier national de long terme qu'aucun politique ne se permet d'imaginer. L'affaire ne serait jouable qu'avec l'élection d'un chef de l'Etat qui se ferait choisir sur ce seul programme. Même le niveau ministériel est insuffisant, ne parlons pas du niveau rectoral. Il s'agirait de redéfinir l'école pour changer l'avenir. Utopie. Dommage.

 

Publicité
Publicité
17 octobre 2024

MOI, PROVISEURE ...

Moi, proviseure ... c'est-à-dire Moi, je ... Etonnant exercice d'autosatisfaction.

Quand on a derrière soi, à titre personnel, une longue carrière sur laquelle, se retournant, on jette un regard hésitant et navré, on s'étonne de voir comme ici des egos triomphants qui parviennent à se féliciter de leurs propres performances et, même bienveillant, on s'agace un peu.

La principale qualité de ce bouquin a été de me faire découvrir l'existence du lycée Lucas de Nehou, situé à 500 mètres de mon appartement. Par ailleurs, une vidéo que l'on trouve ici, où Mahi Traoré détaille un peu son parcours, éclaire positivement une personnalité inattendue. Enfin, un survol de différentes apparitions médiatiques depuis la sortie de son premier livre chez Robert Laffont (Je suis noire mais je ne me plains pas, j'aurais pu être une femme) fait apparaître sous un jour plaisant une femme pleine de charme et d'assurance rieuse qui porte avec élégance des tenues soignées aux couleurs souvent vives et des bracelets.

Mahi Traoré est visiblement ambitieuse. Son parcours ne s'arrêtera pas là.

Reste le livre, que je viens d'achever, et le fond. Que nous apporte ce panégyrique? Des anecdotes qui ne tranchent pas avec le quotidien de tout praticien de l'enseignement, l'affirmation de la qualité d'une gestion d'établissement volontariste et dynamique qui se réjouit de ses succès, le soulignement des différentes facettes d'un métier dont elles nimbent ici l'efficacité que lui procurent les initiatives et la personnalité de sa titulaire, etc.

Il est certain qu'un établissement peut devoir beaucoup au charisme et au savoir faire de son chef. Il est certain pour qui a beaucoup navigué dans le système éducatif que ce sont là deux atouts qui ne sont pas statistiquement majoritaires chez les cadres administratifs dudit système. Je suis tout disposé à croire qu'ils sont présents chez Mahi Traoré. Mais la portée d'une réussite personnelle est de peu de conséquences lorsque le problème est l'inadaptation globale de l'ensemble de la formation initiale d'un pays à la réussite collective de sa jeunesse. Or notre Ecole n'est plus adaptée à une mission que d'ailleurs elle ne sait pas même clairement définir. En ce sens, ce livre, comme tous les livres des personnels de l'éducation, essentiellement centré sur des témoignages factuels sans prospective, ne fait en rien avancer vers la solution au problème, qui exige une refonte générale.

Moi, proviseure ... je m'en sors mieux que d'autres et mes élèves ont de la chance de m'avoir. Peut-être, sans doute, mais après? On ne trouvera pas ici autre chose que l'optimisation individuelle et locale d'un système tel qu'il est, avec les satisfactions personnelles et ponctuelles que cela comporte. Et l'Ecole continuera sur son erre à se mal porter, dans la fatigue et le désarroi d'un corps enseignant mal considéré  livré à des usages et des modes de fonctionnement dépassés.

Le lycée Lucas de Nehou est particulièrement bien dirigé? Soit. Et l'Ecole de la République?

15 octobre 2024

HUSSARDS NOIRS - BRASSARDS NOIRS

On revient ces jours-ci, anniversaires obligent, sur les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard. Ce peut être l'occasion de redire à quel point, lors du premier de ces drames, le plus choquant dans sa forme, le plus traumatisant par sa nouveauté, l'Etat n'a pas su être à la hauteur de l'événement.

 

J'ai pensé à l'époque et je pense toujours, que la seule mesure symbolique forte qui s'imposait était un deuil national jusqu'à la fin du trimestre en cours (Noël 2020). Et que la plus éclatante et nécessaire forme de ce deuil eût été d'abord le port, sur sa durée, par l'ensemble des personnels de l'Education Nationale d'un brassard noir. Port ouvert, au-delà, à la solidarité de l'ensemble de la population civile. Le pays devait d'abord pleurer. Et pleurer collectivement à la face du monde comme à celle des assassins de l'Esprit des lumières. Il ne l'a pas fait.

 

Ce signe seul, très au-delà des grimaces que sont les minutes de silence où des classes ennuyées regardent leurs pieds en attendant que ça passe et parce qu'il aurait répandu dans toute la société civile et dans toutes les activités quotidiennes, aussi bien dans les établissements que lors des déplacements publics, dans la rue, dans les transports en commun, dans les salles de spectacle, partout, le rappel constant, évident, pesant et dramatique de l'horreur d'un crime qui atteignait tous nos idéaux, et de l'exigence absolue de n'oublier à aucun moment la mise en demeure qu'il constituait, était indispensable.

 

L'Etat n'a pas su réagir, la communauté éducative n'a pas été sommée par ses responsables de se lever au-delà des grimaces déploratoires, la monstruosité des obscurantismes n'a pas rencontré la nécessaire résistance. Ce geste national, ce simple et profond geste silencieusement ostentatoire du brassard noir, aurait pu être un pas, un véritable pas, vers les véritables prises de conscience.

 

L'Education Nationale dont les politiques chantent qu'elle les obsède sans seulement commencer vraiment à y réfléchir car sa complexité se situe dans un long terme qui décourage leurs ambitions toujours immédiates, est au centre absolu de tout tant c'est par elle que la société d'aujourd'hui peut bâtir la société de demain. Tout peut en découler. La repenser intégralement devrait être le seul véritable souci de la nation. Samuel Paty, Dominique Bernard, les suivants, sont et seront les morts exceptionnels d'un système incapable de se réorganiser dont les adultes qui l'ont traversé oublient, dans les remous de leur vie active, qu'il n'est pas le long passage ennuyeux et obligé où l'enfant attend impatiemment que l'heure de la récréation sonne, mais le creuset de la nation dont on pourrait faire l'arme principale de son avenir et sur les fissures duquel des ministres successifs appliquent la tête ailleurs des sparadraps inopérants.

 

En cette période de vaines commémorations, il est affligeant de voit jeter sur  deux enseignants morts de l'avoir été, la poudre d'inutiles et lénifiantes paroles qui devraient céder la place à un drastique ressaisissement du dossier dans la perspective d'une redéfinition complète des objectifs de l'Ecole et des moyens de les atteindre, par l'ouverture au monde et l'accès par l'intelligence à tous les équilibres.

28 juillet 2024

MATHÉMATIQUES AU BAC 2024

Épreuve de 4 heures pour les mathématiques en "Spécialité".

Quatre exercices (respectivement, 4-5-5-6 points) :

Un "vrai-faux", c'est-à-dire des affirmations (fonctions, suites) dont il faut dire ce qu'elles valent.

Un survol de probabilités (Une agence de marketing a étudié la satisfaction des clients ...)

De la petite géométrie analytique en 3D

Une étude de fonctions.

Très facile. Une seule question (7-b exercice 2) demandait au candidat un peu de réflexion, l'artifice sous-jacent consistant à voir qu'une variable entière qui doit rester inférieure ou égale à 2 est une variable entière qui ne doit pas être supérieure ou égale à 3.

Il n'y a pas grand-chose à dire ici d'une épreuve qui se contente de contrôler que l'élève a suivi avec sérieux mais sans nécessité de génie les enseignements proposés. Sur ce type de contrôle, une note inférieure à 16 n'est pas une note satisfaisante.

On retrouve ainsi une réflexion déjà suggérée sur le niveau des exigences dans les conclusions à tirer de sujets d'examen ou de concours "faciles". Il n'est pas nécessaire de proposer aux candidats des difficultés insurmontables pour la plupart et les sujets modestes sont agréables à chercher et permettent au candidat moyen de déployer optimalement ses acquis, mais il faut dès lors considérer que les obstacles raisonnables qu'on lui soumet doivent être franchis, ce qui rend dérisoires des résultats d'examens ou de concours où le succès, l'admissibilité, l'admission, se décident avec des notes que l'on juge par référence à une époque où avoir 10/20 à une épreuve était la manifestation d'une maîtrise honnête des contenus étudiés. C'est cette distorsion qui ruine la signification des bilans.

Je suis absolument favorable, dans le contrôle de l'acquisition des savoirs, à un système tout du long continu fondé sur la multiplication d'unités de valeur portant sur un champ chaque fois précis, de volume modeste, permettant la construction progressive de profils personnels nettement identifiés. Adossé à la perspective garantie d'un corps enseignant compétent, constamment "mis à jour", à l'exigence rigoureuse, un tel contrôle permet la disparition des examens et des recrutements en aval sur dossiers (anonymes)  et entretiens (personnalisés) moins aléatoires et plus équilibrés. On perd un temps et un argent fou en délivrance de peaux d'ânes et en attribution de médailles en chocolat là où l'on pourrait mieux répartir et organiser le soutien des efforts d'apprentissage individuels et la prise en compte de leur réussite.

Le rapprochement en ce début d'été 2024 des épreuves du Brevet des Collèges, du Baccalauréat et de celles proposées au recrutement des enseignants qui peu ou prou y forment après cinq à huit années d'études supplémentaires est porteur d'interrogations.

Refondre la formation à tous ses niveaux et sous tous ses aspects devrait être le premier des projets politiques. C'est une certitude sans écho.

25 juillet 2024

CAPES - MATHÉMATIQUES.

L'étude des deux épreuves du concours (externe) 2024 [https://capes-math.org/data/uploads/ecrits/ep1_2024.pdf  et  https://capes-math.org/data/uploads/ecrits/ep2_2024.pdf] ne laisse pas d'interroger, surtout lorsqu'on ne s'est pas livré à l'exercice depuis un certain temps. Où sont les sujets que je corrigeais lorsque je faisais partie du jury?

Et cela remonte à quand, mon bon Monsieur?

Les années 1980 à 1984 si ma mémoire est bonne.

Ah ... Quarante ans ... Déjà ... Sans commentaire !

***************************************************

La première épreuve comportait deux problèmes indépendants. Le second était une étude à thème sur "Quelques modèles dynamiques d'une population". Le premier , sous l'intitulé général "Vrai - Faux", proposait 23 affirmations portant sur: la proportionnalité, l'analyse, l'arithmétique, la géométrie, les dénombrements, les probabilités et l'algorithmique, avec cette consigne : "Pour chacune des assertions suivantes, préciser si elle est vraie ou fausse et  justifier la réponse donnée".

La deuxième épreuve était à forte dimension "pédagogique", adossée à des productions d'élèves et au rappel des textes officiels, et supposée mettre le candidat devant des situations quasiment pratiques où sa compétence devait lui permettre, selon l'intitulé des différentes fractions du sujet, de : Concevoir des situations d'enseignement (5 questions) - Approfondir une procédure automatisée (4 questions) - Rectifier des représentations (3 questions) - Analyser des productions d'élèves (9 questions) - Préparer une séquence d'enseignement (5 questions) - Consolider des apprentissages (2 questions) - Exploiter des erreurs d'élèves (3 questions). Trois petites questions terminales prenaient un léger recul autour de l'axe  "Produits définis sur différents ensembles".

L'ensemble, techniquement, était d'un niveau extrêmement modeste. De fait, les connaissances et savoir-faire mobilisés correspondaient à un balayage assez diversifié et non approfondi des programmes des classes du lycée. Une seule question, isolée, (Epreuve 1 - question 22), dont je n'ai pas vu de solution générale simple hors le recours au lemme de Burnside, est sortie de ce cadre.

La première épreuve semblait destinée à une classe de terminale, spécialité: mathématiques. La deuxième épreuve relevait pour beaucoup de notions de type 3ème / 2de.

Tout cela n'est pas désagréable à chercher. Mais y trouve-t-on les exigences d'un concours de recrutement de professeurs de lycée en termes de connaissances et de pratiques mathématiques? Suffit-il vraiment pour enseigner d'être (de n'être que) le meilleur élève de sa classe? On sent là - et la deuxième épreuve en porte l'éclatante preuve - une sorte de victoire du "pédagogisme" sur l'ambition des connaissances magistrales. On place en quelque sorte la charrue avant les boeufs, le "Comment enseigner?" avant le "Quelle science pour enseigner?". La seconde épreuve serait typiquement un très bon canevas de dialogue interactif pour des séquences de formation continue, on voit mal sa pertinence en amont.

Mais à supposer qu'on accorde toute sa bienveillance à ces sujets en prenant acte de ce que les chercher a été l'occasion de deux demi-journées distrayantes d'un mois de juillet toulousain par à-coups maussade, il reste la question des exigences du correcteur. Car après cinq années post-baccalauréat d'études mathématiquement spécialisées, sur les 54 questions cumulées des deux épreuves, on ne voit pas motif à pardonner plus de trois ou quatre fausses routes. Or les années précédentes, les notes des derniers admissibles descendaient je crois en dessous de 6/20, ce qui est parfaitement inavouable et ne devrait pas être.

J'ai vu passer au moment des écrits, en avril dernier, un article sur ces questions qui rend assez bien compte de réactions rejoignant à peu près les miennes [Sophie Hiénard - Le Point - Réf: https://www.lepoint.fr/education/capes-de-mathematiques-2024-une-epreuve-ecrite-de-niveau-lycee-19-04-2024-2558094_3584.php#11]. Il y a là un réel problème. Et la conception d'ensemble de la formation des enseignants (concours de recrutement, exigences théoriques, formation pratique (qui doit être organisée sur le tas avec une entrée progressive dans la carrière), formation continue) reste entièrement à revoir. Comme le reste!

Publicité
Publicité
22 juillet 2024

UN COUP D'ŒIL AU DNB

Référence:   https://www.education.gouv.fr/brevet-bac-et-cap-les-sujets-des-examens-2024-414462

(L'examen a porté sur les sujets "Métropole").

Peut-on rapprocher sans être taxé de provocation  les sujets du DNB (Brevet des Collèges - fin de classe de 3ème) et ceux du CRPE (Concours de recrutement des professeurs des écoles - Bac + 5)? L'exercice est en tout cas intéressant tant, à comparer les épreuves, on se demande comment et pourquoi il a fallu huit années d'études supplémentaires pour passer des premières aux secondes!

Dans leurs libellés 2024, la nuance tient essentiellement à l'introduction au CRPE de prétentions à la conception pédagogique dont j'ai dit dans l'article précédent qu'elles me paraissaient inappropriées, car pour ce qui est de la maîtrise académique des disciplines, on peine à trouver des différences significatives!

Les prétentions ci-dessus gommées, les sujets sont quasiment interchangeables, voire potentiellement plus pertinents au DNB en vue du CRPE !

En Sciences et Technologie, toxoplasmose et domotique. Lisible, sans difficulté.

En Histoire-Géographie : Shoah / Europe géopolitique / Service civique. Plus intéressant que le sujet CRPE.

En Français: dictée / texte de Marc Dugain (La chambre des officiers - plus intéressant que les élucubrations de Lola Lafon au CRPE). Questions standards, faciles .

En Mathématiques : cinq exercices très simples demandant à peine moins de connaissances et de réflexion que l'épreuve du CRPE.

En Anglais: un petit texte de compréhension aisée (pourquoi au CRPE n'y a-t-il pas d'épreuve obligatoire de langue vivante mais seulement une épreuve orale facultative dont ne comptent que les points obtenus au dessus de la moyenne?). Questions très faciles plus difficulté d'un paragraphe de 50 à 80 mots à rédiger.

Il y a là matière à des rapprochements qui posent malgré tout quelques questions et invitent à relire avec un peu d'inquiétude les attentes effectives du CRPE en termes d'épaisseur comme de surface de la culture générale polyvalente du maître des premières formations. On dirait que le niveau requis / visé est celui de la classe de 3ème! Dans mes souvenirs des discussions avec l'oncle "pédago" dont je parlais la dernière fois, ce sentiment qu'il savait "un peu de tout" et sous cette expression cachait plus qu'un très solide vernis généraliste m'est resté. Il ne faudrait pas que ce "un peu" soit devenu le "trop peu" d'un vernis craquelé.

21 juillet 2024

UN COUP D'ŒIL AU CRPE

Instit ou Pédago, ce sont les termes qui me sont restés d'une scolarité qui respectait les instituteurs et durant laquelle, outre les maîtres que j'ai eus, un oncle paternel qui officia longtemps en Tunisie incarnait avec une bonhommie attachante et des savoirs qui me paraissaient vastes cette fonction que je trouvais essentielle et estimable.

Professeur des Écoles, le changement de dénomination m'a fait regimber, et puis on s'habitue. Va pour PE.

J'ai regardé en ce début d'été un peu attentivement les épreuves spécifiques du dernier concours de recrutement (Groupement 1 - Métropole - référence bas de page (*)) :  mathématiques, français, histoire-géographie, sciences et technologie, arts. Je suis étonné par certaines attentes pédagogiques des sujets qui vont jusqu'à la construction a priori de séquences d'enseignement dont il me semble que seules des épreuves pratiques, in situ, peuvent être le cadre approprié. Un éventail robuste de connaissances académiques me paraît le seul véritable préalable nécessaire, contrôlable à l'écrit, avant des entretiens oraux permettant de "sentir" (toute subjectivité des jurys assumée) chez le candidat une vision du métier et de faire un pari raisonnable sur son charisme, son bon sens et ses aptitudes. En ce sens, je ne saurais me prononcer sur le sujet de l'Épreuve écrite d'application dans le domaine des arts proposée.

L'épreuve de Sciences et Technologie examinée comportait deux volets. L'un relatif à la physiologie du sportif, l'autre à l'escrime de compétition et à ses innovations technologiques. On est frappé par le hiatus existant entre le volume et presque la complexité des documents fournis et la faiblesse des questions posées,  parfois entourées d'un certain flou, hiatus qui crée un doute. De l'ensemble naît un sentiment de gêne. Pourquoi tout ce fatras quand il s'agit de savoir si le candidat a quelques notions vraiment élémentaires sur l'alimentation du sportif, la circulation sanguine et la sollicitation de l'organisme à l'effort d'une part, le fonctionnement le plus élémentaire d'un circuit électrique (lampe, générateur, interrupteur) et l'incidence d'un conducteur, bon ou mauvais, sur le passage du courant de l'autre?

En Histoire-Géographie (en fait, ici, Histoire et Enseignement civique) on se trouve sommé de préparer, à partir d'une documentation fournie, deux séances pratiques dont l'intérêt me paraît second par rapport au contrôle qui resterait à effectuer de la présence d'un socle satisfaisant de culture générale historique. Simone Veil d'une part, la question garçons-filles de l'autre. Je passe pour me concentrer sur les deux axes qui restent essentiels, les mathématiques et le français.

Regardons le français.

On nous propose un texte, guère folichon, de Lola Lafon, figure notoire de l'univers littéraire, musical (chanson) et féministe actuel qui a rencontré un succès certain sans que j'en aie à ce jour rien lu ni, au vu de ce court extrait, sois tenté de m'y mettre.

Il s'agit d'écriture : Écrire est un engagement à ferrailler . Etc. L'étude de langue et lexicale (9 points sur 20)  se réduit à des questions de brevet des collèges (DNB). Le développement demandé ensuite (11 points) est très général (Les pouvoirs de l'écriture), avec la suggestion de s'appuyer entre autres sur le texte donné. Là, la porte est ouverte et tout est possible à un talent d'expression et à une réflexion de qualité. Donc pourquoi pas ? Mais il serait je crois plus pertinent de tester la qualité et l'étendue du fond de culture littéraire qu'on peut attendre d'un enseignant généraliste en proposant un texte plus "classique" dont on demanderait le commentaire succinct mais complet, et en ouvrant un questionnement annexe ou connexe sans exigence excessive touchant à l'histoire de la littérature.

Et pour finir les mathématiques.

C'est en gros encore du niveau du DNB, mais c'est varié et même assez amusant. Il n'y a aucune difficulté technique ni théorique et si c'est résolu impeccablement de bout en bout, on peut juger que les compétences du candidat sont satisfaisantes. C'est là d'ailleurs qu'est le problème. Il est judicieux de donner des sujets tout à fait raisonnables, ne visant qu'à définir le socle nécessaire au futur enseignant, mais l'exigence doit alors être absolue et l'intransigeance de rigueur. Sur ce sujet 2024, bon exemple, il ne s'agit pas de rendre une solution partiellement correcte. Les réponses doivent être exactes en totalité. Des nuances de notes peuvent se jouer sur la rédaction, une inattention ponctuelle et évidente peut être acceptée, mais aucune véritable erreur ne doit être tolérée. Ce doit être, avec un tel sujet, une épreuve couperet.

A ce titre-là (couperet) il faut insister - ce que ne souligne aucun des intitulés des épreuves - pour que l'épée de Damoclès de la correction orthographique plane sur l'ensemble du concours. Toutes disciplines confondues, les rédactions des candidats doivent être soumises à une grille de lecture rigoureuse et il devrait être fixé un niveau-seuil de correction formelle de l'expression en dessous duquel la candidature est écartée.

En conclusion, une impression globale mitigée et le sentiment que des adaptations auraient pu rendre plus convaincantes les épreuves, les mathématiques me donnant encore le sentiment d'être les moins mal traitées si on convient qu'elles exigent une solution exhaustive sans faille et qu'il vaudrait la peine de se pencher sur la possibilité d'en faire une épreuve éliminatoire.

(*) Référence : https://www.objectif-crpe.fr/annales-crpe?utm_source=google&utm_campaign=OC_All_Pmax&gad_source=1&gclid=Cj0KCQjwwO20BhCJARIsAAnTIVSxoGgkpKl2SINuTI7RXzszfcClRG8QREbzcutsPGBMTlCYy-X_oKUaAnjcEALw_wcB

18 juillet 2024

PUISQU'ON A VOTÉ CHOSE, C'EST FAIT ...

... on va pouvoir y aller et laisser nos irresponsables désormais aux manettes se dépatouiller avec le bordel ambiant et persister à s'enfoncer consciencieusement, puisque l'on n'y peut mais .

Du coup, on s'aperçoit qu'après y être allé il faudra en revenir et que la prérentrée des enseignants est fixée au vendredi 30 août prochain.

Quelle mascarade ces prérentrées! J'en ai, en poste et en 1970, connu l'installation. Plus de cinquante ans de n'importe quoi. Fixer celle-ci au vendredi 30 août est une provocation. La mesure raisonnable à prendre, que je suggèrerai à Caroline Pascal qui vient d'être désignée comme numéro 2 (DGESCO) d'un ministère en attente de son numéro 1 à venir, serait de rapporter cette affaire et de prendre par décret la décision d'aligner enseignants et élèves sur un retour dans les établissements le lundi 2 septembre, début d'une semaine de reprise entièrement à la main des équipes locales en vue du redémarrage de l'année scolaire le lundi 9 suivant. Foin de caporalisme et foi en l'autonomie et en le sens des responsabilités des personnels: "Vous avez la semaine pour vous retrouver, faire le bilan de l'année scolaire précédente, organiser l'accueil administratif des élèves et leurs activités douces mais efficaces de remise en route, la semaine pour réfléchir ensemble".

Dans le cadre de la formation initiale, qui est celui qui m'intéresse, école-collège-lycée, je trouverais par exemple intéressant que puissent être examinés par les équipes enseignantes les sujets du DNB (Brevet des collèges), du baccalauréat, et des deux concours de recrutement CRPE et CAPES, 2024. Il y a là une façon fructueuse de discuter des approches, des attentes et des objectifs de la formation-élèves, comme des compétences-professeurs espérées. Il va de soi qu'il me paraîtrait sain qu'au long de l'été, tout ou partie de ces sujets ait retenu l'attention des collègues et que ce soient donc des échanges déjà très informés qui puissent avoir lieu.

Quand je parle d'activités "douces mais efficaces de remise en route" pour les élèves, je pense à des prises de contact entre eux et les équipes chargées des classes, à des discussions maîtrisées mais ouvertes sur les événements de l'été, à des occasions de faire s'exprimer à l'oral et à l'écrit des jeunes gens dont il est avant tout essentiel de développer l'aisance et la correction à ces deux niveaux. Les situations sont à bâtir. Aux enseignants d'inventer l'atterrissage optimal mais constructif de leurs ouailles désignées après des vacances qu'ils leur souhaiteront avoir été planantes. Une première semaine pour réfléchir, se projeter et s'apprivoiser.

On peut y songer ...  

 

 

 

 

1 juillet 2024

ET MAINTENANT, VOTEZ TRUC!

Truc? Non, pas Truc quand même...

Ben, si, pas le choix.

Mais, je ...

Y'a pas de mais. Maintenant, il faut voter Truc! Capito?

Bon, bon, Truc, OK. Mais quand même  ...

 

25 juin 2024

VOTEZ MACHIN

Il n'y a guère le choix, en réalité.

La seule chose à faire est de calmer quelques frilosités devant le vote NFP. Certes, il y a là-dedans, pour qui comme-moi a le grand tort de juger les gens sur leur mine, des physionomies dissuasives:

... mais enfin, le NFP ne se réduit pas aux deux aboyeurs de LFI, on y trouve quelques bonnes têtes:

... Allons, allons, comme disait le pape Jean-Paul II: N'ayez pas peur.

Cette fine analyse politique étant posée, le bilan est clair. Circonscription par circonscription, on glisse le bulletin NFP dans l'urne.  De toute façon, dès le lundi matin du 8 juillet, si l'on a bien voté au sens que je viens d'indiquer, un aimable bordel gagnera le pays et les craintes de tous bords se dilueront en même temps que les radicalités pronostiquées, dans le réalisme des arrivées aux commandes. Mais il vaut mieux vivoter les tentatives du mieux vivre ensemble de la gauche, même boiteuse, que les excitations sans doute à terme vaines mais qui peuvent faire de provisoires vrais dégâts du RN.

Reste la question Emmanuel Macron. Pourra-t-il se maintenir? Pas évident peut-être, auquel cas, les J.O. seront doublement sportifs!

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 > >>
AutreMonde
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité