ENTRE LES MURS ... QUATORZE ANS APRÈS
La palme d'or 2008 de Cannes repassait hier soir à la télévision, sur la 4 sauf erreur.
Je suis retourné voir.
Et ça m'a démoralisé.
Du coup, j'ai cherché le compte-rendu que j'avais mis en ligne à l'époque.
Et ça m'a démoralisé.
Il n'y avait pas grand monde en salle ce matin. Séance de onze heures, MK2 Odéon, Paris V° arrdt. Une grosse demi-douzaine de " troisième âge ", deux ou trois trentenaires. Des profs sans doute. La question posée était finalement : Peut-on rendre, vraiment, la vérité du collège ?
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En 2008, j'étais encore assez jeune retraité pour que les souvenirs de ma dernière année scolaire dans un collège difficile (Hector Berlioz, 75018) m'aient conduit à estimer presque calme l'ambiance de classe reconstruite autour de François Bégaudeau qui puisait, lui, dans ses souvenirs d'enseignant du Collège W.A. Mozart, 75019.
Les bras m'en tombent. Comment ai-je pu produire un commentaire aussi "soft" sur une situation scolaire qui m'a semblé, hier soir, au-delà de l'intolérable? Je crains malheureusement de connaître la réponse: c'était encore bien pire à Berlioz! Le temps, heureusement, efface les souvenirs, même les mauvais, mais je me demande, sur cette base, comment j'ai pu tenir ma dernière année scolaire, là.
Sur le fond, sinon, je ne désavoue pas ma lecture de 2008, la gestion pédagogique de Bégaudeau est extrêmement criticable, au-delà de sa bonne volonté un peu déprimante/déprimée. Le chef d'établissement est assez lamentable dans sa non-réaction en conseil de classe devant l'attitude des deux déléguées des élèves qui méritent parfaitement le qualificatif de pétasses que Bégaudeau leur attribuera ensuite, déclenchant une cascade de réactions regrettables. C'est typiquement le laisser-faire dans une circonstance où l'autorité était pourtant en situation de force qui conforte les gamins dans des attitudes injustifiables.
Quoi que je ne cesse de plaider par ailleurs, dans la peinture de l'effondrement pédagogique que décrit le film, on doit aussi comprendre qu'à côté d'une refonte des structures du système et des pratiques enseignantes, la réinstallation d'une forme justifiée et par là consentie de l'autorité du maître sur l'élève est indispensable. On peut et doit enseigner dans la chaleur d'un échange équilibrée, dans un effort clairement partagé vers le progrès de tous et de chacun, mais dans le respect mutuel et pas à vau l'eau.
Cinématographiquement, la palme d'or m'a semblé hier soir amplement méritée.