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AutreMonde
19 janvier 2022

DISCOURS SUR L'ECOLE - Billet pré-présidentiel n° 4

QUESTIONS DE GOUVERNANCE ET D'ÉQUIPE ...

 

PATRONPATRON COOLréunion de travail

Le problème du chef d'établissement est, et de longtemps, mal traité. Le recrutement par liste d'aptitude qui prévalait auparavant a cédé la place en 1989 à un concours dont il n'est pas certain qu'il soit la panacée. L'éducation nationale est malade et la question de ses cadres et de la gouvernance de ses établissements est une partie importante du problème.  Elle est d'ailleurs intimement liée à une autre question qui est celle de l'autonomie de ces derniers, horizon obligé d'une refonte réaliste, efficace, après leur redéfinition.

Au départ de la réflexion, la notion première d'aire pédagogique devra s'imposer.  Il y a à partir de là une conception à reprendre de l'établissement, en même temps que la réinstallation du système éducatif passe par la reconstruction nécessaire d'un socle de formation initiale adapté sur la durée de la scolarité obligatoire. Cela couvre donc l'école maternelle, l'école élémentaire et le collège. 

Renouvellement de l'idée de carte scolaire, partant de l'existant, il faut examiner le maillage éducatif du pays sur la base d'une analyse démographique et sociologique qui se donne l'objectif suivant : définir des aires pédagogiques, secteurs géographiquement et sociologiquement cohérents (certainement  géographiquement cohérents, et qu'on peut travailler à rendre sociologiquement cohérents en utilisant l'école comme un puissant levier - j'y reviendrai) dont la population scolaire soit approximativement un multiple de 1200.

Pourquoi ce chiffrage, stricto sensu à 1152? Il correspond, en cumulant les trois années de maternelle, les cinq années d'élémentaire et les quatre années de collège à 12 cohortes de 96 enfants (où 96=4x24, soit quatre groupes-classes; 12x96=1152) dont 288 en maternelle, 480 à l'école élémentaire et 384 au collége pour des unités d'enseignement, des entités "à taille humaine".

Derrière ce nombre, 1200, il y a donc un bloc unitaire qui peut définir la notion d'établissement comme réseau scolaire chargé de toute la formation initiale, celle de la scolarité obligatoire, qu'on peut dire formation de premier degré  (l'établissement suivant est alors naturellement le lycée, chargé de la formation de second degré). C'est dans la cohérence de cet établissement-réseau ( je dirai ER; de ces ER unitaires en cas de multiple effectif de 1200) qu'il faut penser l'aire pédagogique, pour garantir un continuum équilibré et harmonieux de formation initiale. Le chiffrage n'est évidemment qu'indicatif, il marque une intention "raisonnable".

Il peut y avoir plusieurs ER dans l'aire pédagogique et l'établissement suivant, de second degré, le lycée, y prendra aussi sa place, avec toutes les variations que pourront nécessiter les effectifs de l'aire et la philosophie du "post-obligatoire" mais je vais laisser cela pour l'heure de côté.
J'affirme simplement que le cœur des principes que j'expose y restera valable.

Venons-en alors à la gouvernance et aux équipes.

Chaque aire pédagogique doit pouvoir adapter les directives pédagogiques nationales aux spécificités locales de sa population scolarisée. C'est le sens à donner à son autonomie. Chaque ER est un tout cohérent avec par nécessité un leader, le chef d'établissement, mais qui doit être l'émanation naturelle de l'ensemble des personnels de l'ER, et qu'on peut imaginer issu d'un processus interne électif (mandat de trois ans par exemple, renouvelable) plus que désigné par l'administration. Il doit impulser (et aider à) la mise en œuvre collégiale de la politique pédagogique et éducative de l'aire. Chaque entité du réseau, chaque unité d'enseignement, développe elle-même ses adaptations dans le respect de l'intention collective autour d'un adjoint local au chef d'établissement, qui est lui-même l'émanation de l'équipe locale et désigné par elle en son sein.

On pourrait dire que de haut en bas, il y a des indications de stratégie, mais que chaque niveau est libre de sa tactique. Croire en la possibilité de cela, c'est faire beaucoup confiance aux hommes (ici au sens où les femmes sont des hommes comme les autres). Il n'y a pas moyen de faire autrement pour essayer de sortir des excès du caporalisme jacobin.

C'est au niveau du réseau que doit se penser et se définir une politique (un projet) d'ER. Les conditions matérielles et de fonctionnement doivent être assurées en sorte que le réseau se perçoive et fonctionne comme homogène, dans le contexte des spécificités géographiques et sociologiques de son environnement, se vive comme partie prenante et acteur essentiel d'un microcosme en devenir, en construction constante, et le fasse en dialogue avec tous les autres acteurs locaux de la vie collective comme avec les  services publics déconcentrés.

L'émergence d'une conscience de réseau est sans doute un objectif ambitieux, mais indispensable.

Une structure technique de réseau sera mise en place par l'administration, avec antenne dans chaque unité d'enseignement et avec à sa tête un secrétaire général de l'ER, personnel non décisionnaire, désigné par l'autorité hiérarchique et chargé d'aider administrativement le chef d'établissement dans la dimension extra-pédagogique du projet pédagogique de l'aire.

L'émergence des équipes doit naître de l'autonomie. Dans la nécessité d'adapter au local des directives nationales indicatives mais modestement contraignantes, en un sens maximalistes, mais pour que chacun puisse y faire son miel, les personnels en place devront faire des choix qui soudent et développer à travers des échanges continus des habitudes de travail en commun et en harmonie visant à faire avancer le projet de réseau dans le sens de son efficacité.

Parce qu'ils n'auront pas d'autre choix.

Tout ceci demande énormément de coordination, et si dans une même aire pédagogique, on est dans la nécessité de structurer plusieurs ER, il faudra encore monter d'un cran en désignant un de ces ER leader pour émergence et pilotage de cohérence d'une politique d'aire.

Mais toute cette construction n'est qu'une affaire de bon sens une fois que le dessein d'ensemble est compris et que tous sont décidés à œuvrer dans la nouvelle direction. Le système se mettra en place en fonctionnant. La certitude de tracter soi-même la réforme sera un puissant moteur pour  les personnels.

Capture d’écran 2022-01-19 à 18

 

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Commentaires
G
J'imagine difficilement qu'un secrétaire général désigné par l'autorité hiérarchique acceptera de ne pas être décisionnaire vis à vis d'un enseignant élu par ses pairs. Et c'est peut être utopique aussi d'imaginer que tous seront "décidés à œuvrer dans la même direction" dans le cadre des règles actuelles du mouvement des personnels. En revanche, je note que vous paraissez (en les ignorant) remettre à leur place de parents "d'enfant" ceux dont on a pu croire qu'ils collaboreraient naïvement à permettre à l'école d'émanciper les "élèves" de leur tutelle.
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