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AutreMonde
6 janvier 2022

NE MÉLENCHON PAS TOUT !

L'Avenir en commun Un bouquin & un France-Inter Capture d’écran 2022-01-06 à 16

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon essuyait lundi dernier les plâtres de la série d'interviews spéciales que la station compte consacrer aux candidats (tous?... nous verrons) à la prochaine élection présidentielle. Créneau : 8h20 - 9h30. Interviewers, Nicolas Demorand et Léa Salamé. J'ai écouté ça en différé, dans l'après-midi, m'étant trouvé indisponible à l'heure du direct.

Pour compléter mon information, un saut hier chez Gibert, boulevard Saint-Michel, Paris 5ème arrdt, m'a permis d'acquérir contre 3 €, masqué et, à l'entrée, hydroalcoolisé par le préposé à la chose, le programme de "La France insoumise", d'ailleurs assez récemment devenue, si j'ai bien suivi, "L'Union populaire".

Je me demande comment un type si à l'aise (et parfois brillant) à l'oral, peut être (cf. son introduction au bouquin) aussi terne et chiant à l'écrit. A se demander s'il est bien l'auteur de ce qu'il signe et s'il n'a pas malencontreusement délégué à une plume embarrassée le soin de rédiger à sa place les quelques pages d'ouverture de son programme. 

Je l'ai écouté trois fois dans la période récente: lors de son face à face très décevant avec Zemmour, durant une grosse heure de présentation-débat dans le cadre d'un petit-déjeuner organisé par l'amicale des anciens élèves de l'Ecole Polytechnique (il y a été particulièrement allant, sympathique et percutant) et à l'occasion de ce passage de lundi à France-Inter où il a fait un très bon numéro face à des journalistes qui ne parvenaient pas à hausser le verbe à sa hauteur. D'autant plus grande la déception en feuilletant le livre.

Le problème, d'ailleurs, avec Mélenchon, c'est que quand on dépasse ses effets réussis de tribune et qu'on essaie de rentrer dans le concret de la prospective dont se chargent ses cercles proches, le soufflé retombe lamentablement . J'en ai fait l'expérience en 2017. Je me se suis embarqué dans une participation vite interrompue aux réflexions d'un groupe piloté par deux ou trois de ses conseillers sur les questions éducatives. Le niveau ne dépassait pas la réunion syndicale bricolée sur un coin de table en salle des profs dans un quelconque collège, la veille d'une grève. Aucune vision d'ensemble, aucun projet global, de la revendication au petit pied; j'ai repris mes billes sans pouvoir me faire entendre. Avec cette question: Et si c'était comme ça pour tout?

Une équipe de médiocres? Alexis Corbière et Adrien Quatennens ne font pas de mauvais passages dans les médias audiovisuels pour ce que j'ai pu en juger. Mais au-delà, pour ce qui les concerne? Mais derrière, pour les autres? J'ai des doutes.

Bon, déception de 2017. Voyons cinq ans après. Deux mots autour de ce qu'il a affirmé sur France-Inter ... où d'ailleurs, en une heure et demie, premier point, fondamental, il n'a rien dit de l'Ecole. Il plaide excellemment sur tous les sujets qu'il aborde, la nécessité d'une VI° République, la liberté, le référendum révocatoire d'initiative citoyenne, l'impôt (enfin, là, il est malgré tout imprécis avec certains très gros salaires, il évacue les footballeurs, ...), Taubira qu'il renvoie dans les cordes. Il virevolte, il cloue les becs. Bien. Au passage pourtant, la question de la liberté de genre m'étouffe un peu. Je n'en comprends pas l'intérêt. Ces changements d'état-civil au feeling, parce qu'homme on veut avoir une CNI de femme, ou l'inverse, me paraissent d'une absurdité résolue. D'autant qu'il ne parle absolument pas d'une bascule physique, on n'est pas dans la transition de genre avec lui, non, c'est juste Robert qui veut s'appeler Roberte et probablement se maquiller et porter des jupes et Julia qui exige des papiers au nom de Julien. Je rêve. Je suis totalement fermé à ces machins-là. Il a plaidé leur souffrance, disant qu'il avait changé sur ce point, que de jeunes camarades lui avaient ouvert les yeux,  sans obtenir mon empathie. Et il voudrait inscrire ce droit à la liberté de genre dans la constitution. C'est un n'importe quoi dont je ne devine même pas le sens, ou alors de l'électoralisme en direction des jeunes qui trouvent ça formidable juste pour emmerder les parents? Oui, du n'importe nawak et rien d'autre.

Revenons au bouquin, détaillant le programme présidentiel futur sur 168 pages . Consacrées à l'Ecole (intitulé exact : "Education et formation"): 10 pages. Aïe !! Un chapitre et des sous-chapitres. Je recopie :

Chapitre 11 : Education et formation ......................................... 121

Eradiquer l'illettrisme et développer l'alphabétisation ..................... 121

Faire le service public de la petite enfance ................................... 122

Reconstruire une école globale pour l'égalité et l'émancipation ....... 123

Qualifier tout le monde .............................................................  126

Refonder l'enseignement supérieur ............................................. 127

Un temps de jeunesse au service de l'intérêt général

et de la sûreté de la nation ........................................................ 129

Je veux bien, mais à la lecture, les contenus sont expédiés assez télégraphiquement et on voit mal comment tout cela va se mettre en oeuvre. Par exemple : "Repérer les personnes en situations d'illettrisme par des actions nationales et annuelles et  leur proposer une remise à niveau gratuite." Et alors? Quelles actions? Une remise à niveau? Sous quelle forme? Dans quel cadre? Apparemment, l'énoncé est considéré comme auto-suffisant.

Ou encore : "Mettre en place une véritable politique d'éducation prioritaire sur la base des bilans effectués des différents dispositifs ([ZEP, RASED]". Ah bon, et c'est quoi, cette véritable politique? On n'en saura rien, mais c'est certain, elle sera "véritable". Faites-moi confiance, en quelque sorte. Ben, non, on veut des détails!

Etc. J'ai trouvé ça peu rassurant. Et quelle pauvreté dans les idées et l'expression! Aucun souffle, aucun dessein d'ensemble du projet éducatif. Juste des intentions de style syndical et des mesures présentées comme le rapiéçage d'un système dégradé par les exécutifs précédents. Pas de quoi ouvrir l'appétit.

Wait and see, mais je ne m'attends pas à trouver mieux ailleurs, hélas.

Alors? Mélenchon? Deux lignes sur la question des impôts. JLM a souligné chez Demorand/Salamé qu'il avait accepté l'idée, selon lui un peu large, d'une amplitude de 1 à 20 pour les salaires et il a évoqué des histoires de super-riches à qui, au-delà je crois de 400 000 € (annuels? mensuels?) on octroyait un taux de prélèvement de 90 ou 95%, soulignant bien qu'il allait raisonner par tranches, 14 tranches quand il n'y en a, dit-il, que 5 aujourd'hui, etc. Tout ça m'a semblé un peu confus, compliqué, sans parler, je l'ai évoqué, des salaires des footballeurs qui semblent le gêner aux entournures et sur lesquels il tâche de jeter un voile pudique. Je ne comprends pas ces complications, ces emberlificotages.

En janvier 2019, j'ai proposé  .....

RIONS UN PEU : TAXATION ET LIMITATION DES REVENUS. - AutreMonde

Il me paraît aberrant que des individus, quelles que soit leurs responsabilités et leurs mérites, bénéficient de revenus nets illimités. D'où l'idée d'une limite. Choisissons 300 000 € par an. Cela me semble confortable. Il me paraît aberrant que l'on ne demande pas au citoyen qui touche un revenu, quel qu'il soit, de participer sur celui-ci à l'effort collectif.

http://ednat.canalblog.com


 .... un système de calcul parfaitement progressif, continu, sans effets de seuil, qui soumet à l'impôt tous les revenus dès le premier euro, et qui fixe à 300 000 € annuels le maximum possible après prélèvement. Un tel système ultra simplifié, avec usage d'une formule unique, allégerait considérablement les tâches d'une administration qui pourrait ainsi se consacrer efficacement à l'éradication de la fraude. Mais apparemment, le goût français pour le "Pourquoi faire simple et juste quand on peut faire compliqué et inégalitaire" prime.

Enfin bref. Nous avons là sans doute le meilleur tribun de la proche campagne, qui sait parfaitement je pense qu'il ne passera pas le premier tour, qui semble se satisfaire du bruit qu'il fait, de la position médiatique qu'il occupe, et certain que personne ne lira vraiment l'ennuyeuse prose des bras cassés dont il s'efforce d'affirmer qu'ils préparent à ses côtés la suite, qui se contente du plaisir que vont lui procurer les quelques semaines d'agitation qui viennent, pendant lesquelles il pourra expliquer comment faire le bonheur "des gens" à coups d'effets d'annonce, d'idées générales et d'envolées lyriques.

Au suivant ...

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D
Résolution de la nouvelle année : me procurer un livre, de préférence assez ancien, qui explore le contexte dans lequel la Rome encore républicaine a mis en place les jeux de cirque qui se sont consolidés pendant ce que nous appelons "l'empire" (se souvenir que "imperium" veut dire "commander"... donc POUVOIR commander, et savoir qu'on sera obéi). <br /> <br /> Il me semble que sur fond d'aristocratie déliquescente, ça devait faire scandale aux gens qui gardaient encore une certaine idée, un certain idéal de la noblesse possible de l'être humain. Ça devait faire scandale aux vrais ? militaires, des gens qui ont fait la gloire de l'armée romaine, de ses conquêtes, de voir des talents militaires gâchés... dans l'arène. En tout cas, je l'imagine.<br /> <br /> J'ai envie de lire des textes sources pour entendre comment les sujets singuliers ont perçu leur monde... décadent, si décadent, à ce moment là. Cela pourrait m'ouvrir des portes pour comprendre notre contexte actuel.<br /> <br /> A ceci près que, comme j'ai dit à une amie hier, nous, les modernes, nous tombons dans les pommes, pour la plupart (y compris moi...) à la vue du sang...<br /> <br /> L'absence de sang ne rend pas impossible les jeux de cirque, pourtant. Modernes.<br /> <br /> J'ai goûté aux talents de tribun (un mot latin) de Mélenchon. Il est doué. C'est fréquent que les gens qui ont la parole glorieuse lors des tournois ne gouvernent pas très bien. C'est un vieux problème. De même que les hommes qui sont le plus doués au lit ne font pas forcément les meilleurs pères, de même les tribuns doués ne font pas forcément les meilleurs gouvernants.<br /> <br /> Insoluble, tout ça, n'est-ce pas ? Comment faire avec nos illusions de jeunesse, maintenant que nous sommes vieux dans un monde qui hait ses vieux (senatus, en latin, si j'ai bien appris ma leçon. Qui nous a donné "sénateur", mais "sénile" aussi.).
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