ALAIN FINKIELKRAUT SUR FRANCE-INTER ...
Alain Finkielkraut était l'invité de Nicolas Demorand et Léa Salamé mardi 19 mai dernier dans le 7/9 de France-Inter. On peut l'écouter ICI.
Cela m'afflige de le trouver chaque fois un peu plus has been, figé dans des certitudes inébranlables et empêtré dans son incapacité à s'adapter au temps qui passe. Lors de sa parution en septembre 2005, j'avais été tout à fait séduit par son cours de l'Ecole Polytechnique, "Nous autres, modernes" , paru chez Ellipses. Et je me suis à partir de là intéressé à ce qu'il pensait, disait, publiait. Mais je l'ai vu progressivement (ou j'en ai progressivement pris conscience) raidi sur des positions sans nuances, ne parvenant pas ou plus à examiner les différentes facettes d'une situation, ne résumant plus à lui seul qu'une vision nostalgiquement inefficace du ressaisissement pédagogique à opérer.
Il n'a dit que quelques mots sur l'école dans cet entretien de France-Inter, mais caractéristiques de ses blocages, déplorant que la remise en route du système éducatif pour quelques maigres semaines ne prenne pas pour objectif l'achèvement des programmes. Une ambition, compte tenu des circonstances parfaitement inappropriée. Il nous a resservi Albert Camus et Monsieur Germain. Certes, le ministère, sous la houlette de JM Blanquer - et ça ne date pas du Coronavirus - rame à contre-courant, incapable d'invention, fonctionnant par inertie. Mais ce n'est pas une raison pour ne lire dans le naufrage général que les Mozart qu'on assassine.
L'objectif de l'école est d'abord de conduire toutes les générations, une à une, à l'intelligence par la réflexion et tous les moyens disponibles d'accession à une large culture, respectueuse des acquis antérieurs et ouverte aux problèmes du moment. L'objectif de l'école n'est pas de fabriquer du prix Nobel à dose nécessairement homéopathique, mais, loin de fabriquer du crétin, comme l'en accusa naguère un best-seller de Jean-Paul Brighelli, de faire accéder chacun à une maîtrise de la langue, des processus élémentaires de la spéculation raisonnée et d'une connaissance des principes et des forces en oeuvre dans le fonctionnement d'une société élargie au monde qui fasse de lui un citoyen éclairé, lucide, actif et pénétré du sens de l'intérêt général. L'achèvement des programmes est là-dedans un épiphénomène et même sans doute une visée contre-productive.
Dans un aveuglement désormais passéiste, Alain Finkielkraut ne sait pas voir l'opportunité offerte par le coup d'arrêt général du Covid-19 qui, ouvrant une béance de plusieurs mois dans le déroulement inadapté et pourtant maintenu d'une formation initiale à revoir, permettrait, à l'abri de la sidération créée, si on savait la saisir, les redéfinitions nécessaires .
Las ....
Sur le confinement, Alain Finkielkraut a eu ces mots: [J'ai apprécié] le retour inespéré du silence, entrecoupé simplement par le chant des oiseaux. C’était un moment de grâce. Ça n’a pas été un changement radical dans ma vie, je vis confiné, avec au coeur l’angoisse selon laquelle j’ai peut-être déjà dit tout ce que j’avais à dire." Oui, peut-être. Et alors, dommage.