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AutreMonde
19 avril 2020

DÉCONFINEMENT - PROJECTION ÉDUCATIVE - 9

(Post n° 9)

REVENONS UN PEU SUR LA QUESTION DE L'ORTHOGRAPHE.

PIVOT

Il me semble assez clair que de façon générale, il faut absolument mettre la priorité  sur le français tel qu'il se parle et tel qu'il s'écrit, c'est-à-dire, tel qu'il devrait s'écrire.

L'effondrement de l'orthographe est une catastrophe et le mal se répand depuis longtemps même dans le corps enseignant. Les bulletins de notes, les annotations des copies corrigées contiennent de plus en plus de fautes!

Je me souviens de discussions il y a une vingtaine d'années et même d'un assez long article que j'avais publié dans une revue pédagogique, après lecture d'un bouquin qui m'avait accroché. J'ai retrouvé l'archive,  qui correspond encore assez bien à mon inquiétude.

J'avais titré le billet : "La Dictée de Gaspard Beuvain d’Altenheim ..." .

Je le relis avec vous.

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"Les arbres s’enfoncent dans la terre par leurs racines, comme leurs branches s’élèvent vers le ciel. Leurs racines les défendent contre les vents et vont chercher, comme par de petits tuyaux souterrains, tous les sucs destinés à la nourriture de leur tige. La tige elle-même se revêt d’une dure écorce qui met le bois tendre à l’abri des injures de l’air. Les branches distribuent en divers canaux la sève que les racines avaient réunie dans le tronc."

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Ce petit texte est de Fénelon (François de Salignac de la Mothe . 1651-1715). Il est extrait du Traité de l’existence de Dieu que Fénelon a rédigé entre 1701 et 1712. L’Inspecteur général de l’instruction primaire Gaspard Beuvain d’Altenheim l’a dicté dans plusieurs centaines d’écoles entre 1873 et 1877 (il en inspectait quotidiennement deux ou trois ) et chaque soir, il a corrigé personnellement les dizaines de copies ramassées dans la journée. Il a semble-t-il ainsi proposé ces quelques lignes à plus de 6000 enfants dont il a examiné ensuite lui-même les productions. Cet effort humble, têtu, constant est de ceux qui m’émeuvent et qui font honneur à la fonction qu’occupait Beuvain, tâcheron obscur et obstiné au service d’une mission essentielle: le maintien, le progrès de la langue.

Un livre, passionnant, d’André Chervel et Danièle Manesse, a été publié en 1989 sur la base du travail de Beuvain (La Dictée - Les Français et l’Orthographe (1873 - 1987) - Calmann-Lévy). Les deux auteurs y faisaient le bilan d’une étude comparative portant sur les quelque 3000 copies de Beuvain conservées aux Archives nationales et les 3000 dictées identiques auxquelles ils avaient soumis, dans deux cents groupes scolaires, des élèves des années 1986-1987. En très gros, les parents des ados et jeunes adultes d'aujourd'hui.

La conclusion globale (il y eut polémique) était à la hausse du niveau (!)

Puis le travail a été recommencé (dont Le Monde a en son temps rendu compte (dans son numéro du vendredi 9 / 2 / 2007 ), reprenant le même protocole  et en publiant les résultats : Orthographe: À qui la faute? - Février 2007 - Éditions ESF), par Danièle Manesse et Danièle Cogis, portant cette fois sur un échantillon représentatif de 2767 élèves de 123 classes du CM2 à la Troisième. Et la comparaison témoigne ... d’une importante chute du niveau.

André Chervel, dans un long entretien de portée générale accordé au Monde de l’Éducation (en Décembre 2006, juste avant la publication) donnait, entre autres sujets abordés, quelques éclaircissements sur cette affaire. On peut aujourd'hui encore le relire.

Pour cet historien de l’enseignement, c’est le développement de l’alphabétisation au XVIII° siècle qui a induit, avec l’exigence d’une écriture correcte, l’enseignement systématique de l’orthographe. Le brevet élémentaire, qui est l’examen de recrutement des maîtres d’école que crée Guizot en 1833, va peu à peu devenir un examen d’orthographe. Mais cet effort orthographique est un effort en porte-à-faux car on développe des procédures d’application des règles qui ont vocation à fonctionner même si le texte n’est pas compris. La nécessité de la compréhension ne s’imposera vraiment qu’avec et après Jules Ferry. Jusque-là, l'attention de l’élève n’est pas convoquée pour comprendre mais pour apprendre, c’est-à-dire d’abord pour emmagasiner. On n’exerce que sa mémoire, faisant peu de crédit à son intelligence et il sera très difficile de faire admettre au corps enseignant, du haut en bas de la hiérarchie, qu’il faut cultiver cette dernière et avec elle le jugement et le goût.

Ce problème du décalage entre le discours formel et le sens perçu ne cesse d’handicaper la communication enseignante. Chervel rappelle que l’explication de textes ne s’est installée dans l’enseignement au XIX° siècle que du jour où les professeurs ont pris conscience de ce que leurs élèves ne comprenaient plus les textes littéraires classiques. Le problème était profond puisque en 1839, c’est au niveau de l’agrégation de grammaire que le président du jury réalise que les candidats font des fautes considérables dans les épreuves de thème (latin ou grec) parce qu’ils font des contresens sur les textes français à traduire! Et il s'agit là de candidats qui sont déjà des professeurs de collège ... La langue avait évolué plus vite que les textes sur la base desquels on la faisait fonctionner en situation d’apprentissage. Et la question s'est alors posée, face à de tels écarts installés, de savoir évidemment à quel niveau de compromis faire les adaptations. Entre purisme et laxisme, le combat on le voit ne date pas d‘aujourd’hui ...

Pour revenir aux enquêtes orthographiques de 1986-87 et de 2005, André Chervel estime que le “mieux” de 86-87 (par référence à l’enquête de Beuvain) rendait compte d’une amélioration du niveau de compréhension du texte dicté, mais que nous étions déjà en fin de processus ascendant et que nous sommes depuis entrés dans une phase de descente, peut-être irréversible (ce que je crains que la suite n'ait confirmé!), qu'ont manifestée les mauvais résultats de 2005, interprétés par les auteurs de l’étude comme correspondant, en vingt ans, à un recul des apprentissages de l’ordre de deux ans, les classes de cinquième de 2005 ayant le niveau des CM2 de 1987, les quatrièmes de 2005 le niveau des sixièmes de 1987, etc.

Et quand Le Monde posait la question d’une possible remédiation, la réponse n’était pas encourageante: “Il n’y a que trois perspectives possibles. Ou bien on remonte le courant en modifiant les programmes et en reprenant "les bonnes vieilles méthodes", mais cela risque d’être inapplicable aujourd’hui; et aussi de faire rater d’autres réformes indispensables, parce que le temps scolaire est limité et qu’il faut bien faire des choix dans ce qu’on enseigne. Ou bien on dit qu’il faut réformer l’orthographe mais la dernière réforme [nous sommes en 2006], très légère, celle de 1990, n’est toujours pas appliquée quinze ans plus tard par les dictionnaires d’usage. Ou enfin on se résigne à une orthographe à deux vitesses. Il y aura ceux qui savent et ceux qui ne savent pas”.

On n'en est même plus là : L’Académie Française a fait savoir [en  août 2016] que le respect de l’orthographe deviendrait facultatif à compter du 20 mars 2020. Programmation d'une autre pandémie ! Oublieux de son origine, on y verra peut-être, si les faits suivent, une conséquence de plus du covid-19 ...

Position aberrante, défaitiste et scandaleuse.. L’accès à une orthographe maîtrisée doit rester un objectif premier et je ne suis en rien partisan de la réformer comme on rapproche le piano du tabouret, pour n’avoir pas accepté de rapprocher le tabouret du piano! Mais avant de parler d’un retour pour les élèves aux "bonnes vieilles méthodes" qui ne peuvent à l’évidence, connotées ainsi et ici trop négativement, que relever de la pratique centrale et essentielle de la dictée, il faudrait aussi  en passer par la contrainte forte d’un ressaisissement de l’orthographe au niveau ... des enseignants.

On se trouve, avec l’orthographe, devant le même phénomène qu’avec l’autorité: la dégradation des exigences scolaires est intériorisée par les enseignants en ceci qu’ils prennent comme base, pour ne pas estimer scandaleux un petit amoindrissement de leur pression sur leurs classes, le cadre d’enseignement qu’ils ont connu en tant qu’élèves. Ce faisant, de génération en génération, la fonte des exigences s’accélère et la dégradation s’exponentialise.

C’est donc d’abord au niveau de la formation des maîtres et des procédures de recrutement, quelle que soit la spécialité disciplinaire du futur enseignant, que les critères de filtrage en termes de maîtrise de la langue doivent être d’une rigueur absolue.

Ce point acquis, il doit être posé et compris des élèves que la correction orthographique est la condition sine qua non de la prise en compte du travail rendu, quel que soit son objet. On ne redressera la situation qu’en faisant accepter un principe d’exigence sans concession dans la communication écrite.

Et cette exigence est première. Évoquer comme le fait Chervel l’excuse des “autres réformes indispensables” et du “temps scolaire limité”, c’est partir battu. Il n’y a pas de réforme plus prioritaire. On exprimera peu, mais bien et, progressivement, on exprimera, la fluidité venant avec la pratique, de plus en plus. Focaliser sur la dictée n’est pas la seule approche, sanctionner lourdement les incorrections dans tout travail écrit et imposer le retour constant sur celles commises pour en intégrer la rectification doit être systématique.

L’hypothèse d’une orthographe à deux vitesses est en totale contradiction avec l’ambition d’une scolarité obligatoire fructueuse pour tous! Il faut absolument se saisir avant tout autre du problème que pointait il y a quinze ans Chervel : “On risque de se retrouver avec un "trou de l’orthographe" comme il y a un "trou de la sécu". Il y aura les privilégiés [i.e. ceux qui auront assimilé cet enseignement]. L’orthographe deviendra une discipline de luxe qui va jouer le même rôle ségrégatif que jouait le latin au XIX° siècle. Et il y aura les autres, tous ceux qui sortiront du système scolaire avec une orthographe sommaire [... ou inexistante!]: pas de ‘s’ au pluriel, confusion des verbes et des noms, etc. On peut imaginer, si on ne tient pas l’orthographe à bout de bras, que les jeunes sont en train de fixer les (non) règles de demain [et on vient de voir, avec l'aval semble-t-il de l'Académie française!]. Il n’est pas exclu dans vingt ou trente ans qu’une fraction de la population écrive "j’été" pour j’étais [on y est]. Qu’on pense à l’orthographe des textos (SMS). On peut très bien imaginer qu’une écriture fortement phonétique entre un jour en concurrence avec l’orthographe officielle”. Eh, oui! C'est bien ce qui se passe.

Cette question de l’orthographe  avait  fait alors l’objet d’un billet de Pierre-André Périssol, maire actuel de Moulins (Allier) qui fut ministre dans les années 1990,  sur le blog qu'il tenait. Un billet modéré qui avait provoqué une vingtaine de commentaires utilisant à quelques unités près 4000 mots, émanant de commentateurs à une écrasante majorité enseignants (du primaire à l’université). J'avais relevé une trentaine de fautes d’orthographe caractérisées (exactement et sauf erreur, car j’ai pu en sauter : 29). Elles étaient de tous ordres et très inégalement réparties mais, à deux ou trois près, elles n'étaient à l’évidence pas de l'ordre de la simple coquille. Le taux global doit-il être considéré comme faible (environ 0,75% des mots employés)? Sans doute, mais l’inégale répartition pointe quand même quelques récidivistes inquiétants qui entrent exactement dans le cadre des remarques que j’ai faites sur la nécessité d’un ressaisissement d’abord au niveau des maîtres, indispensable exemplarité oblige .... Faut-il s'en rassurer? Certains de leurs aînés furent pires : ... en 1831, le ministère de l’instruction publique reconnaissait que 63% des maîtres et 90% des maîtresses ne connaissaient pas l’orthographe et donc ... ne l’enseignaient pas! Jetons un voile là-dessus. C'était avant Jules Ferry , c'était avant les Hussards noirs baptisés par Péguy!

Je crois que la prise de conscience doit être collective, l’urgence déclarée et le combat scolaire quotidiennement mené, toutes disciplines confondues et toutes occasions bonnes à saisir, dans une tension attentive où le maître doit lui-même solliciter le regard critique de l’élève sur ses traces écrites au tableau, et où toute erreur doit donner lieu à rectification, explication, et mémorisation, tantôt d’une graphie, tantôt d’une règle, sans craindre de se répéter. La tenue et mise à jour constante et continue, quel que soit le cours, l’activité, d’un cahier individuel “d’orthographe justifiée” (qui pourrait inclure des règles de grammaire “par l’exemple”) ne me semblerait pas une perte de temps .....

L’avenir ne sera pas qu’à ceux qui se lèveront tôt. Il sera aussi à ceux qui écriront juste, tant mieux écrire, c’est mieux penser.

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J'ai fort peu à rajouter.

L'intégration de l'exigence orthographique au sein de toute évaluation dans quelque discipline académique que ce soit me semble la base de tout progrès en la matière . Elles doivent toutes, ces évaluations, quelles qu'elles soient, intégrer un volet important, et le cas échéant rédhibitoire, de contrôle de la langue aux niveaux orthographique et grammatical, jusqu'au refus des copies défigurées par les fautes.. Et ceci doit évidemment d'abord s'étendre aux écrits des concours de recrutement d'enseignants.

Cette tension collective est indispensable!

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Commentaires
C
Hommage à Francis BLANCHE… et petit plus<br /> <br /> Retour bref. L’honnêteté m’oblige à revenir rapidement vers vous. Il me semblait bien ne pas avoir inventé la formule que j’avais employée. Un petit tour sur internet et rendons la, à Francis Blanche sous la forme que j’y ai retrouvée. "Dans un monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement".<br /> <br /> Comme quoi, les comiques, le sont parfois moins que certaines caricatures d’intellectuels auto-homologués.<br /> <br /> Passons au petit plus.<br /> <br /> J’assume le reste du commentaire et c’est facile puisque vous le partagez.<br /> <br /> En revanche je ne vous suis pas sur deux points. <br /> <br /> Je ne partage pas votre optimisme sur « un jour ça se fera ». Peut être dans le domaine privé mais pas « naturellement » dans l’École Publique Laïque qui continuera à se déliter et qui deviendra l’École de « ceux qui ne sont rien » les autres ayant eu les moyens de la fuir.<br /> <br /> Je pense aussi que vouloir faire porter le projet par des « premiers de cordée » est illusoire. Le projet est suicidaire politiquement et ne pourra être tenté qu’en réponse à une demande du « peuple ». (D’où mes suggestions de présentation à des émissions ou manifestations « grand public » pour lancer le « buzz ».) Visiblement vous n’aimez pas. Tant pis.<br /> <br /> J’ai repris la lecture de « Ed Nat ». Et si ce livre peut, ainsi que vos messages, servir de base explicative, il faut les rendre assimilables par tous.<br /> <br /> Or, l’aspect narratif agréable ne suffit pas à faire passer l’amertume des pages « techniques ». C’est la pédagogie de la séduction qui fait prendre rapidement conscience aux élèves qu’on est en train de les rouler. « - Aujourd’hui, on va faire des jeux mathématiques.- Tu parles, ça va être pire que d’habitude. (Avec une traduction acceptable.)»<br /> <br /> Les pages 118, 119, 120, (Je n’ai pas fini la relecture) synthèse du « pour quoi » et du » comment » me paraissent inaccessibles en l’état, au commun des mortels pour soulever l’enthousiasme des foules.<br /> <br /> Or, l’adhésion à l’outil impose en amont l’adhésion au projet et le rappel du « Pour quoi » doit à mon avis être la première phase de tentative de conviction des élèves et de leurs tuteurs mais aussi de la société toute entière. Sa présentation ne pourra être que postérieure en réponse à ce « Pour quoi ? » de l’École Publique Laïque. <br /> <br /> Dans l’ordre donc : <br /> <br /> - En finir avec le déni de l’état catastrophique de notre École Publique Laïque dans certains territoires et au moins très préoccupant ailleurs.<br /> <br /> - Mobiliser toutes les bonnes volontés et inviter la « Société civile », le « Peuple » (qui, tout entier a des Droits et des Devoirs envers son Ecole) et non la restreinte «Communauté Éducative», à analyser collectivement le pourquoi de cet état.<br /> <br /> - Accepter « en même temps » que la responsabilité en est collective, des Présidents, Ministres successifs, Hiérarchie, Enseignants, tuteurs des élèves, Syndicats, Partis Politiques, élèves eux-mêmes …<br /> <br /> - Proposer la redéfinition de l’objectif global du projet : « … assurer la formation du futur adulte dans le cadre du système de valeurs que la société souhaite dominant…p 118 » Vous reconnaissez ? Vous y parlez de « valeurs » sans avoir peur de choquer. Bravo. C’est un peu réac mais quand même.<br /> <br /> - Saisir dans ce cadre, l’opportunité actuelle « coronavirussienne » de valoriser le travail à l’aune de son utilité sociale.<br /> <br /> <br /> <br /> - Réaffirmer la primauté de la relation État/Citoyen (et non « Marché Public Éducatif Gratuit/ Consommateur insatiable, libertaire et irresponsable) <br /> <br /> - Faire admettre ensuite les contraintes de l’apprentissage : effort individuel, discipline collective, potentialités et les limites du pouvoir de l’École (notamment quant à l’accès à des emplois prestigieux par leur image et le fric qu’ils génèrent.)<br /> <br /> Cela fait, proposer l’outil. <br /> <br /> Démontrer qu’il vient en réponse aux problématiques soulevées.<br /> <br /> A ce moment, si l’opinion a pu être mobilisé positivement, tous les favorables à l’inertie du système par intérêt ou paresse se coucheront et revendiqueront qu’il y a longtemps qu’ils œuvraient dans ce sens et se réjouiront que leurs efforts n’auront pas été vains. Amen
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G
Il pleut sans discontinuer depuis hier. Le confinement météo peaufine le confinement sanitaire. L’accès au jardin est impossible. Les consommables de bricolage épuisés. La musique en solitaire, ça va un temps. Une CURIOSITE endormie se réveille et vient en prévention de l’ennui.<br /> <br /> Je clique sur votre blog.<br /> <br /> Je sais que vous y publiez irrégulièrement mais souvent des propositions pour l’école. Son état me préoccupe profondément.. Je vous ai lu à plusieurs reprises, parfois avec des moments fugaces de PLAISIR (en fait quand je retrouve mes analyses et conceptions). Je ne crois pas en effet au plaisir intrinsèque de lire. Je lis pour SAVOIR. Quelques fois pour le « fun » le « Just to know » comme diraient des jeunes qui doivent déjà avoir pris de l’âge. Savoir pourquoi le ciel est bleu par exemple. Simple CURIOSITE, je ne vois pas à quoi cela pourrait servir mais par un INTERET gratuit. Le reste du temps c’est pour SAVOIR. SAVOIR pour POUVOIR. COMPRENDRE par exemple, comment fonctionne l’embrayage de ma tondeuse à gazon autotractée pour pouvoir commander la pièce défectueuse et la changer moi-même. Je lis, les textes, les images, les notices sans plaisir, sans « envie » d’apprendre mais conscient du BESOIN d’APPRENDRE. Je mobilise mes POTENTIALITES à cet instant « t ». J’ai CONFIANCE. Je suis convaincu que je vais trouver. Je fais l’EFFORT. Pourtant je n’ai pas « le goût de l’effort » qui pour moi est une forme de masochisme et l’école m’avait convaincu que j’étais paresseux. (« Ne travaille pas assez. Peut et doit mieux faire. ». En fait, je n’avais pas envie de faire l’EFFORT nécessaire à chercher à APPRENDRE un SAVOIR dont je ne voyais pas l’INTERÊT et j’ai surtout appris par des pressions affectives EXOGENES comme faire plaisir à mes parents, chez qui je mesurais le souci - presque l’angoisse - de l’avenir de leurs enfants, mais aussi par la peur des punitions des instituteurs puis des professeurs : lignes, retenues, et encore châtiments physiques.) En l’occurrence la situation est tout autre. Je veux me débrouiller tout seul. Etre AUTONOME. Par souci d’économie, d’indépendance, d’amour propre, d’orgueil presque. La MOTIVATION est endogène. Elle induira la réussite combinée de l’EFFORT et des POTENTIALITES dans un temps inversement proportionnel à ces deux nécessités à l’accès au SAVOIR.<br /> <br /> Vous avez compris que toutes les recettes affectives positives attendues des enseignants : qu’ils donnent l’envie d’apprendre, le plaisir de lire, le goût de l’effort me paraissent être inefficaces tant elles sont du domaine affectif personnel de chacun alors que l’ETAT s’est interdit toute pression affective coercitive exogène sur « l’enfant roi » de parents d’élèves « consommateurs » du Service Public d’Education. <br /> <br /> Je vous lis donc.<br /> <br /> La pulsion endogène est là. Nous partageons le même souci. La même ambition, immodeste de ma part : « Penser le changement plutôt que changer les pansements ». Des points d’analyse très convergents. Sur les propositions : Je lis. J’ai déjà intégré les grands principes. Je fais l’EFFORT. Je mobilise mes POTENTIALITES à cet instant « t ». J’ai CONFIANCE. Pourtant j’ai des difficultés. Je relis. Je reviens sur mes pas. J’imagine. Je ne comprends pas. Je doute de la faisabilité. Je me rebute. Je décroche. Je remets en cause mes POTENTIALITES. Perte de CONFIANCE ou alibi pour ne pas poursuivre l’EFFORT plus longTEMPS.<br /> <br /> La conviction qui s’insinue : une réforme sur 10 à 15 ans ? Elle ne se fera jamais. Quel INTERÊT ? Aussi pourquoi continuer à faire l’EFFORT ? <br /> <br /> Il faudra dites-vous : « expliquer, présenter, discuter, convaincre… » ; « l’enthousiasme de tous » ; pour le « bonheur de savoir et d’apprendre… » <br /> <br /> Oui. Mais qui ? Où ? Comment ?<br /> <br /> Qui aujourd’hui vous lit ? (Je ne vois pas beaucoup de commentaires critiques et constructifs.)<br /> <br /> Qu’a donné l’édition de votre ouvrage sur ce sujet ?<br /> <br /> De quels relais bénéficiez-vous ?<br /> <br /> A défaut : <br /> <br /> Je crois vous avoir suggéré une demande d’invitation chez un animateur télé genre Ruquier. Faudrait-il envisager Hanouna ?<br /> <br /> La Ligue de l’Enseignement pourrait-elle être support de diffusion, partage, critique, promotion ?<br /> <br /> « L’opportunité » de la pandémie et de la fermeture des classes (qui se termine déjà) l’est-elle vraiment ? <br /> <br /> Vous intégrez dans votre projet l’appui de l’audio-visuel, du numérique et de l’accès à Internet. Un évènement a lieu en Ariège depuis une vingtaine d’année sur les nouvelles technologies dans l’Education. Il s’agit de Ludovia. Connaissez-vous ? Ne pensez-vous pas qu’il faudrait vous y immiscer ?<br /> <br /> Ou votre travail est-il… pour « le fun », le « Just do It « ?
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