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AutreMonde
11 avril 2019

LA LUTTE DES CLASSES

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C'est un film de Michel Leclerc, avec Edouard Baer, Leila Bekhti, formidables, et quelques autres, pas mal non plus. Et c'est depuis une semaine à l'affiche. C'est un film tout à fait excessif, assez injuste, mais très jubilatoire sur la "tempête sous un crâne" de parents qui veulent concilier équilibre de leur gosse et attachement aux valeurs républicaines et à l'école publique.

C'est aussi un film paradoxalement trop optimiste. Les conflits évoqués ne se résorbent pas "comme au cinéma". Mais cela vaut la peine d'y aller. Il y a un peu de provocation, mais avec des limites : on peut y enculer le pape en chanson, mais on se garde bien d'y conchier Mahomet, par crainte des mots qui tuent, et le voile finit par y sauver la vie d'un homme. Passons. En termes de divertissement, Edouard Baer en vieux rocker distancié est impayable et Leila Bekhti est extraordinairement attachante, touchante. 

En termes d'analyse de la situation de l'école publique, on reste dans la caricature, et le traitement est trop superficiel. Ce n'était pas non plus la philosophie du film, qui a des objectifs avant tout ludiques. Mais enfin, même en grinçant un peu des dents à l'arrière-plan, on voit passer et se poser des problèmes réels. Simplement, l'impuissance affichée dans des registres différents des deux enseignants en première ligne est trop simpliste. 

C'est malgré tout la deuxième fois (sur ma seule et étroite cinéphilie) qu'un film peut être l'objet d'un prolongement de réflexion. Il y a eu "Entre les murs", palme d'Or à Cannes, tiré de l'indispensable roman de François Bégaudeau, et celui-ci. D'autres certainement, que je n'ai pas vus, mais ... Je ne compte pas le très médiocre et regrettable  "L'esquive" (malgré les engouements d'une critique aveugle pour ne pas dire imbécile) d'Abdellatif Kéchiche. Seul Bégaudeau a vraiment frolé le réel de la classe, mais on peut sortir des deux en se disant que le système ne se réformera pas par le haut. 

Il faut absolument des prises de conscience locales et alors même que globalement, les chefs d'établissement sont le maillon faible du système, ils pourraient en être le recours. C'est à ce modeste niveau hiérarchique que la notion (asexuée) d'homme providentiel peut paradoxalement jouer. Le ministère malgré la tentative de réforme du recrutement de 1989 n'a pas trouvé la bonne méthode.  Il faut dans cette perspective des marges de manoeuvre réelles couplées avec une véritable autonomie des établissements pour aller vers un maillage efficace du territoire à l'aide de cellules d'enseignement cohérentes et coordonnées. On tâtonne et on en est loin, car l'extraordinaire défiance des enseignants ne peut pas se lever par décret. Il reste toujours à engager un travail de longue haleine et de fond, adossé à une clarté absolue dans le dessein qui fait défaut.

Tout redétailler est lassant. Ce billet fatigué n'est là que pour mémoire. Mais au moins, il faut aller voir le film, dans la logique tant de fois répétée après lui de Beaumarchais : Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.  

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Commentaires
D
Oui, je comprend votre désir de rire.<br /> <br /> Par le passé, j'ai eu un faible pour Edouard Baer, et même, dans "Mademoiselle de Jonquières", je l'ai trouvé... excellent, et au mieux de son registre. Il est très doué pour les raisonnements que notre époque pourrait qualifier d'assommants, (mais des fois, j'aime bien encore les entendre, ces raisonnements). Même s'attendrir, des fois, avec ces raisonnements, et la fragilité de l'animal humain...<br /> <br /> Mais je trouve qu'on affuble Edouard Baer de rôles de mâle "faible" dans le cinéma français, et en France où de nouveau sévit cette idéologie o combien suspecte qu'on ne peut pas cantonner à un parti politique particulier (suivez mon regard..), et où on presse la main contre le coeur en faisant voeu de croire que la force fait office de loi, et la remplace. Cette idéologie est indigne d'un honnête homme ou femme, où qu'elle se trouve, même si on peut.. comprendre la tentation d'y céder.<br /> <br /> Donc, je résiste à la tentation d'aller voir Edouard Baer incarner des hommes brouillons à côté de femmes brillantes. Peut-être ai-je tort ? Mais vous avez bien prononcé le mot "caricature" plus haut, et j'ai bien entendu. Il y a trop de caricature, et de stéréotypes dans ces films... ludiques qui nous ramènent plus aux cirques d'autrefois qu'à d'autres jeux.<br /> <br /> Et ne croyez pas que je fais l'apologie d'une culture où nous aurions tous des canines arrachées, pas du tout.<br /> <br /> Mais j'ai nettement préféré regarder Clint Eastwood dans "The Mule", même si Clint est nettement moins beau à regarder qu'Edouard à l'heure actuelle, et beaucoup plus vieux.
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