L'APPARITION - Le film ...
Deux mots, peut-être de L'Apparition, le dernier film de Xavier Giannoli, avec Vincent Lindon. La présence à l'écran de Lindon est toujours d'une densité étonnante, mais elle s'épuise un peu, ici, au fur et à mesure de la progression du film, à travers la relation trop peu crédible que le metteur en scène veut installer entre lui et la jeune mystique à qui la Vierge Marie serait apparue.
L'invraisemblance rationnelle (l'irrationnalité) de l'apparition d'un personnage biblique au sein d'un brouillard bienveillant est évidemment un blocage certain pour le spectateur en quête d'un peu de logique. Toutefois, l'enquête canonique décidée par le Vatican et dont les prolégomènes s'installent au début de la projection est bien venue, avec visite des sous-sols et découverte de kilomètres de rayonnages remplis de comptes-rendus relatifs à d'innombrables invalidations de soi-disant manifestations divines.
Mais ce qui gâte un peu le plaisir, c'est que l'enquêteur-Lindon ne semble pas suffisamment réfractaire à l'énormité de la chose affirmée. Sans doute, la folie crédule des convaincus par avance qui contribue à la marchandisation immédiate de la croyance, avec cars de touristes éperdus et Vierge Marie en plâtre dessine un documentaire crédible sur la transformation d'un patelin paumé des Alpes du Sud, bien ancré dans sa ruralité, en un autre Lourdes, mais la fascination de l'enquêteur, le magnétisme qu'il semble absurdement exercer sur la jeune mystique, la relation dénuée de toute logique qui se noue entre eux, tout cela décrédibilise la situation.
Et puis Giannoli en veut trop. Lindon est en fait un reporter retour d'Irak, traumatisé par la mort d'un très proche collègue de travail dont une photo s'avèrera déterminer une piste de rapprochement avec une amie de la gamine touchée par la grâce, gamine disparue peu après l'apparition, repartie en Irak où Lindon, dans une fin pleurnicharde, ira la retrouver ... au terme d'une enquête qui aborde la piste d'une mystification de l'ordre du suaire de Turin, et met en scène un probable escroc peut-être dévot et certainement manipulateur associé au curé local, dépassé par les événements et que Xavier Giannoli fait jouer sur un mode mystérieusement ambigu et tout-à-fait répulsif...
Etc. Ça ne va pas !
En dépit d'une bonne critique, on a un assez mauvais film qui ne parvient pas à porter le poids des vastes sous-entendus métaphysico-psychologiques qu'il voudrait aborder. Les acteurs sont bons, mais ils se noient dans un empilement de situations finalement trop confuses ...
Bref, si l'on veut prendre un vrai plaisir de bon cinéma, c'est Jean Dujardin et Mélanie Laurent qu'il faut aller voir, dans Le retour du héros !