JM BLANQUER ET JEAN DE LA FONTAINE
Le Ministre et l'École
(d'après: Le Coche et la Mouche)
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé
Et de tous les côtés aux élèves exposé
Les enseignants tiraient leur Coche.
Garçons, filles, parents, tous leur tombaient dessus.
L'attelage suait, soufflait, été rendu.
Un Ministre survient, des pédagos s'approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'il sait faire aller la machine,
Prend quelques décisions assez inopportunes
Croit faire que le char chemine
Sans dotation d'argent aucune
S'en attribue d'avance et aussitôt la gloire
Va, vient, fait l'empressé ; il semble que ce soit
Un sergent de bataille allant à chaque endroit
Faire avancer les gens et hâter la victoire.
De félicitations le Ministre a besoin,
Se plaint qu'il agit seul, et qu'il a tout le soin
Qu'aucun n'aide les profs à se tirer d'affaire.
Le syndicat récitait son bréviaire,
Faisait perdre du temps ! Les proviseurs dormaient !
Partout, la somnolence sévissait !
Le Ministre prétend leur tirer les oreilles
Et fait quelques sottises à nulles autres pareilles.
Après bien du travail, l'année arrive au bout
Respirons maintenant dit le Ministre à bout
J'ai tant fait que les jeunes ont la cervelle pleine.
Messieurs les enseignants, payez-moi de ma peine.
Les Ministres ainsi, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires,
Ignorent tout du nécessaire
Et partent en nous laissant, pilule fort amère
L'École chaque fois un peu plus affaissée.