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AutreMonde
28 novembre 2016

CHANSON DOUCE - GONCOURT 2016.

Leïla Slimani

                                                                      Leïla Slimani

Goncourt 2016, donc – J'ai lu ça pendant le week-end, enfin, des bouts de week-end. Lecture facile. Lecture rapide. Je ne savais rien de Leïla Slimani. Ça n'est pas inintéressant. L'idée de départ accroche, évidemment. Une Nounou qui liquide les deux petits qui lui sont confiés, cela pose quelques questions.

Leïla Slimani apporte-t-elle des réponses?

L'écriture est sèche, factuelle. La Nounou, Louise, les deux enfants, Mila et Adam, les deux parents, Paul et Myriam, rôles principaux. Stéphanie, la fille de Louise, une voisine des parents, le propriétaire et une copine de square de Louise, la mère de Paul, un Hervé de passage, un capitaine de police de sexe féminin, tiennent de petits rôles, secondaires mais pas négligeables.

La peinture psychologique est minimaliste et, sans doute volontairement, on pénètre mal les ressorts du comportement de Louise. Paul est inexistant. Myriam un peu mieux dessinée mais sans grande cohérence.

L'image de Louise d'ailleurs n'émerge pas vraiment, on a beaucoup de mal à se la représenter, on nous donne quelques détails physiques mais ils ne construisent rien que l'on parvienne à vraiment visualiser. Son mari est mort depuis longtemps, sa fille est partie. Elle ne paie rien, ni les dettes laissées par son mari, ni son loyer. Sa solitude lui pèse, elle s'attache à se fondre dans cette famille dont du matin au soir elle gère l'appartement et les deux enfants en bas âge. Et probablement, l'échec vécu de cette fusion la conduit vers un désespoir irrationnel qu'inculte, elle ne peut pas verbaliser, qu'elle ne sait raccrocher à rien.  Elle est inexplicable et inexpliquée.

C'est bien fait, il y a de l'invention, de l'imagination, mais, n'était l'épaisseur dramatique apportée par l'horreur du fait divers, on reste au bord de la route.

Dans cette dramaturgie d'immeuble, on pense à L'élégance du Hérisson, de Muriel Barbery, enchanteur, et surtout à l'excellent dernier Yasmina Reza, Babylone. Leïla Slimani souffre beaucoup de la comparaison. 

Post-Scriptum - Leïla Slimani s'est fait connaître par un premier roman, Dans le jardin de l'Ogre, paru en 2014, dont on pourra lire les premières pages ICI. Je les ai parcourues (je n'ai pas lu en son temps le bouquin). Elles m'ont semblé dans la même manière que Chanson Douce et sans rien qui, d'emblée, m'accrochât.

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Commentaires
D
C'est ça, le problème.<br /> <br /> Il n'y a rien qui... accroche...<br /> <br /> Fut un temps, j'étais plongée dans le meilleur des milieux psychanalytiques. Avec des littéraires qui avaient un oeil aiguisé de scientifique, par la même occasion.<br /> <br /> Le paradis, c'est quand on parvient à équilibrer l'esprit littéraire avec l'esprit scientifique.<br /> <br /> Je connais très peu de personnes en France à l'heure actuelle qui parviennent à le faire, parce que les Français souffrent généralement d'un clivage désastreux, mais on peut toujours rêver...<br /> <br /> Retour à "accrocher".<br /> <br /> Dans mon milieu psychanalytique, on avait repéré les effets néfastes d'un langage/code (pas assez sophistiqué pour être qualifié de Verbe à mes oreilles) où l'Homme en tant que sujet ne pouvait pas raccrocher ses wagons. Le sujet en est exclu (même si on dit beaucoup "je"...). Donc, l'Homme tourne en roue libre, et fait office de pantin désarticulé.<br /> <br /> A faire la promotion du "factuel" du matin au soir, comme si la vérité devait objectivement s'y trouver, "on" s'appauvrit d'une manière vertigineuse, et "on" aggrave son aliénation.<br /> <br /> Le retour à l'épopée peut constituer une alternative au (roman) psychologique. Mais... tout le monde n'a pas le souffle (et surtout pas la foi...) pour faire de l'épopée. Loin de là.<br /> <br /> Et puis... l'épopée dans un monde aussi bassement cynique que le nôtre, et fier de l'être, par dessus le marché ??<br /> <br /> Là, je ris...<br /> <br /> Si seulement je pouvais peser sur ma petite structure de bibliothèque associative, richement dotée, qui va, dans l'intérêt de la nouveauté du progrès, (à moins que ce ne soit le progrès de la nouveauté...) OBLIGATOIREMENT acquérir ce lambeau de style journalistique, afin d'en empêcher l'achat, croyez-moi, je le ferais.<br /> <br /> Mais la foi dans le progrès du nouveau (prix littéraire) étant ce qu'elle est, je ne pourrai pas...<br /> <br /> C'est comme ça qu'on amène les moutons à l'abattoir, d'ailleurs. En faisant appel à leur désir d'éprouver du nouveau...
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