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AutreMonde
28 juin 2016

LE DERNIER JOHN IRVING : AFFLIGEANT!

 

FCF

Quatrième de couverture :

Lors d'un voyage aux Philippines, Juan Diego Guerrero, écrivain américain célèbre et vieillissant, revit en rêves récurrents les épisodes de son adolescence au Mexique, à la lisière de la décharge publique de Oaxaca où lui et sa sœur Lupe ont grandi.

Infirme depuis le jour où une voiture lui a écrasé le pied, Juan Diego a en outre le cœur fragile; il prend régulièrement des bêtabloquants, qui le protègent des émotions, et occasionnellement du Viagra, car on ne sait jamais …..

Des émotions, il en aura tout au long de son périple, notamment avec Miriam et Dorothy, mère et fille aussi désirables qu'inquiétantes.

Balloté d'hôtels en aéroports, Juan Diego se remémore entre autres la mort de sa mère, femme de ménage chez les jésuites et prostituée à ses heures, "tuée" par une statue géante de la Vierge Marie; son adoption par un couple improbable rencontré dans un cirque, où son destin et celui de sa petite sœur extralucide basculent. Marqué par le hasard et l'inéluctable, ce destin s'accomplira peut-être dans une modeste église au fin fond d'un quartier pauvre de Manille.

Dépaysement assuré dans ce récit jubilatoire et débridé, qui se teinte de gravité lorsqu'il aborde les mystères insondables de la condition humaine.

*******************************

Ce gros roman (515 pages) – traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun et Olivier Grenot – est une catastrophe. La quatrième de couverture – qui fournit un survol approximatif de l'affaire et des précisions … inexactes (le couple rencontré dans un cirque) – s'efforce de vanter au lecteur à venir un récit qui serait picaresque et profond et qui se révèle hélas une catastrophe sans queue ni tête.

 John Irving a écrit deux livres assez enthousiasmants (Le Monde selon Garp ; Hôtel Newhampshire ) dont le contenu autant que la facture étonnaient. L'œuvre de Dieu, la part du Diable est un roman très attachant et l'idée directrice de Une prière pour Owen émeut et fait qu'on se souvient  du livre. Quelques histoires mineures: Un mariage poids moyen, l'Epopée du buveur d'eau, Liberté pour les ours! - et puis,  progressivement, adossé à une imagination fertile à l'excès, Irving s'est abandonné à ses tics pour structurer à partir d'une documentation la plupart du temps impressionnante, des contes hypertrophiés où la profusion finit par ruiner la littérature. C'était évident dès Un enfant de la balle qui semblait le canevas sursaturé de plusieurs romans.  Une veuve de papier, La quatrième main, Je te retrouverai, Dernière nuit à Twisted River, A moi seul bien des personnages : A boire et à manger. Mais on a continué, si j'ose dire à cause de Garp, et puis il y avait ici ou là un éclair, on supportait, on ne voulait pas comprendre, même si tout ça devenait pesant, outre l'idiosyncrasie de petits fantasmes sexuels itératifs, récurrents, puérils au fond, agaçants.

 Là, cette Avenue des mystères, c'est vraiment le bouquin de trop!

On ne peut rien sauver. Le grand n'importe quoi qui préside au déroulé du livre relève souvent de l'incohérent, c'est une accumulation d'idées inabouties, de personnages sans épaisseur, de pistes abandonnées, de tentatives ratées de morceaux de bravoure, de discours ennuyeux, de vague narcissisme (le héros comme écrivain: nous les écrivains …), de pittoresque de bazar, de fantastique de série Z, c'est au fond pathétique : l'agonie d'un talent qui a raclé ses fonds de tiroir.

 Dans Le Monde des livres du vendredi 17 juin dernier, Frédéric Potet, qui titre astucieusement son billet A court de miracles, après avoir essayé de ne pas être d'entrée immédiatement négatif, conclut avec lucidité (et retenue!) : L'auteur du Monde selon Garp n'en fait-il pas un peu trop, dans ce roman - le 14ième de sa carrière – qu'une écriture sans éclat ne contribue pas à rendre plus crédible?

 Oui, le livre de trop, vraiment.

Très triste. 

Josée Kamoun                                 John IRVING                                            Olivier Grenot

Josée Kamoun

Irving

Olivier Grenot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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D
Hmm... le mal américain progresserait-il pendant que le mâle américain régresse ?<br /> <br /> Sur une inspiration venue de je ne sais où, j'ai commandé la traduction (en bel anglais, comme il faut, celui, non pas de Wall Street, mais d'un poète très doué des années 70/80, Horace Gregory) de "Les Métamorphoses" d'Ovid, et je le lis avec délectation.<br /> <br /> On a du mal à s'imaginer qu'Ovid pourrait être encore... crédible ? actuel ? mais je vous le promets, il l'est, il l'est. Avec des passages à pleurer de lucidité, de poésie qui peignent l'âme humaine d'une manière qu'on n'oublie pas de sitôt.<br /> <br /> Je viens de terminer le livre 4, je crois, avec des passages sur le nouveau Dieu, Dionysos/ LIBER (mais si ! mais si !... si vous croyez que le Dieu LIBER n'est pas actuel, regardez bien autour de vous), qui précipite Penthée dans la ruine, et fait transformer des filles incroyantes en pâles chauve souris.<br /> <br /> ...<br /> <br /> Autre lecture d'une très grande actualité, "The Road to Serfdom" par F. Hayek, écrit par celui-ci en Angleterre après son départ de l'Allemagne, lors de la montée de ce qui (certains d'entre nous s'obstinent à vouloir l'oublier) s'appelait le.. national SOCIALISME...<br /> <br /> Hayek se montre d'une lucidité époustouflante. Il constate à quel point l'Angleterre d'entre deux guerres montre déjà les prémices d'un national.. socialisme qui a peut-être perdu sa légitimité du côté "national" de nos jours, mais n'a pas perdu grand chose de son côté... socialisme totalitaire...(la litanie qui chante les louanges du tout management en est une belle preuve pour ceux qui en ont besoin).<br /> <br /> Bon été. Faites de belles lectures.
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