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AutreMonde
28 mai 2015

PENSER ...

 

Fikielkraut at Home

gorille01

Souvent, je me suis demandé jusqu'où pouvait aller le conseil pascalien, son Faites semblant de croire et bientôt vous croirez. Par exemple, et je m'y suis encore hier exercé, adopter au pied de l'If qui trône en mon jardin une attitude voisine de celle d'Alain Finkielkraut songeant en son bureau, pourrait-ce être de nature à me transformer en philosophe ... médiatique?

J'y verrais divers avantages et de multiples inconvénients. Je serais ainsi dans le Figaro Magazine. Pour un type qui se dit de Gauche, c'est un inconvénient. Mes amis se moqueraient de moi - fort heureusement, je n'en ai pas. En même temps, cela semble en ce moment très tendance. Du coup, peut-être pourrais-je faire entendre quelques idées qui me sont chères. Ce peut être un avantage. Mais à y réfléchir, rien n'est moins certain. Les idées sont la chose du monde la plus difficile à développer et l'on s'expose surtout à n'être pas compris.

On notera d'ailleurs que si Alain Finkielkraut songe, c'est éventuellement non pas au devenir de notre civilisation,  mais peut-être bien aux petits paquets devant son coude droit, et à ce qu'il pourrait en faire. Que peut diantre contenir la boîte jaune aux petits dessins?  On parvient à lire Sale. Terme probablement anglais, tant il est rare qu'on décourage l'achat en prévenant : le produit emballé est malpropre. Sale = vente ? Soit, mais on n'est guère avancé. Par contre, au-dessus, s'agit-il de saucissons ou de pains de plastic? C'est pour le moins curieux, avec un petit côté artisanal fort sympathique en termes de conditionnement, genre toile de sac. Donc, plutôt des saucissons? D'ailleurs que ferait Finkielkraut de deux pains de plastic? Bien sûr, il perd facilement son sang-froid, mais de là à basculer dans le terrorisme, il y a un fossé qu'il ne me paraît pas pensable qu'il franchisse. 

Tout cela, me direz-vous, n'est pas sérieux. Le monde court à sa perte, l'effondrement des valeurs est avéré, et Alain Finkielkraut rêverait de saucisson? Mais non, c'est très logique. Dans le cadre comme le prolongement de certains de ses propos en relais des vaticinations de Renaud Camus sur le Grand Remplacement qui vient, le philosophe, à la recherche d'un symbole fort, envisage probablement de faire converger son goût pour les produits du sud-ouest et sa réflexion sur le vivre ensemble en lançant un Saucissonnons Ensemble qui serait à la fois l'affirmation d'une tradition franco-française et l'offre à l'Autre d'un pas décisif et commun vers le syncrétisme plus que l'assimilation, étant bien entendu qu'après avoir saucissonné, on pourrait partager un couscous.

Oui, c'est un peu tout cela que je crois deviner.

De toute façon, sur les rayonnages, à l'arrière, une demi-douzaine de titres sont lisibles. Guère plus m'a-t-il semblé, sauf à se croire dans un film américain et à employer les grands moyens de l'exploitation des images.

N'oubliez pas et Finissons-en, qui sont les deux volumes d'Edwy Plenel consacrés aux Faits et gestes de la présidence Sarkozy. Du même Edwy Plenel, on remarque aussi Le droit de savoir. Un ouvrage sans doute collectif L'Islam dans la Cité, et sauf erreur, l'essai d'Henri Tincq paru en 2009, Les Catholiques. Enfin, La foi laïque, une compilation de discours et d'écrits de Ferdinand Buisson.

Le panel est amusant. Souci du politique hexagonal, ouverture sur le religieux, fût-il paradoxalement laïque. Avec cette question: mais où sont Hannah Arendt et Gustave Flaubert? Discrétion des grands …. et grosseur des titres!

Tout ça n'est pas incompatible, mais tout ça fait songer.

 

gorille-songeur

 

Tout est parti, en réalité, de l'arrosage des plantes. Une amie de ma femme est aux Etats-Unis pour quatre semaines et ses plantes, d'intérieur et de balcon, méritent quelques soins. D'où les visites de ma moitié dans l'appartement inoccupé, car le double de la copine est parti avec elle. Elle en revient, arrosage effectué, avec le courrier et les journaux. Or, ce couple d'amis penche à droite, d'où un abonnement au Figaro qui implique, le week-end, le Figaro-Magazine. Vous suivez?

Dans une récente livraison , fin de semaine dernière, ce titre, sous les figures respectivement angoissée et légèrement narquoise d'Alain Finkielkraut et de Michel Onfray: Ecole, Islam, Politiquement correct ... comment la Gauche a perdu les intellectuels.

Titre un peu ambigu d'ailleurs, pouvant se comprendre au sens de la perte, de l'éloignement … du retournement de veste, mais aussi au sens de la perdition, les intellectuels allant alors à la leur. On se doute que c'est le premier sens qui est à retenir ici, mais le second serait amusant: penser à Gauche comme effondrement de la pensée. Amusant et plutôt conforme à l’idéologie du magazine. Et de surcroît, peut-être compatible avec la première interprétation …

Comme à l’accoutumée - et la remarque vaut pour ce média mais aussi pour tous ses concurrents - on n’apprend au fond pas grand-chose. Quelques photographies, Hollande peu sensible à la culture et non-lecteur, du moins de romans, une gauche impuissante et des ministres résolument incultes, une absence totale de grand projet, penser, selon eux, fatigue et plus encore prend du temps, etc.

Je me souviens de mon premier sujet de dissertation philosophique en classe terminale, en 1960 je crois : Qu’est-ce qu’un intellectuel? Au fond, c’est peut-être ceci: un type qui réfléchit et qui, au vu de ce qu’elle est devenue, tourne le dos à la Gauche. Dommage.

Qu’est-ce qu’un intellectuel « de Gauche »? Un type qui pense, et qui en sort découragé … Oui, je comprends qu’Onfray se marre et que Finkielkraut fasse la gueule. Les temps sont durs pour les neurones …

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Ni classé franchement intellectuel, malgré son agrégation de lettres, ni présumé de Gauche, François Bayrou lui aussi a décidé de penser. Dans LeMonde.fr, il livre en dix paragraphes son point de vue sur le réforme du Collège. Pour s'en tenir aux assertions ou questions paragraphiquement développées:

1. La crise du collège n'est pas une crise du collège; (i.e. mais du primaire, qui livre un produit mal fini)

2. Le collège unique n'est pas la question, la question, c'est le collège uniforme.

3. La réforme de NVB est mal inspirée, elle supprime ce qui marche et généralise ce qui ne marche pas et ne marchera pas.

4. Condamner à mort le latin et le grec, c'est amputer des générations.

5. Amoindrir l'enseignement le plus attractif des langues vivantes, c'est une régression.

6. L'enseignement des langues régionales ne se relèvera pas de cette démolition.

7. Et tout cela pour quoi ? (i.e. les EPI).

8. En plus, c'est inapplicable.(i.e. la gestion du temps)

9. Quelles sont les conséquences de cette "réforme"? (le recul de l'égalité par excès d'égalitarisme)

10. Alors que faire?

                                                                   Une sorte de cri d'alarme ? 

gorille-gueulard

La position de François Bayrou est assez significative d'une pensée qui voudrait réformer et se heurte à l'impossibilité de le faire en raison de son ancrage dans la logique des structures acquises. FB et NVB ont ceci de commun qu'ils veulent penser la réforme en conservant partout la classe, ce qui signe d'emblée leur échec programmé.

La classe peut fonctionner dans son hétérogénéité sur des thématiques générales (mais c'est une erreur de les imposer, une erreur même d'en dresser une liste – ce choix doit être délégué aux équipes pédagogiques) qui sollicitent la convergence active des talents et des acquis dispersés des élèves. Mais il faut voir là un principe d'action auto-constructrice loin de la transmission organisée des connaissances.  Confié à la compétence d'un binôme de professeurs référents polyvalents (et d'un niveau de polyvalence élevé!), la classe est, avec eux, un microcosme qui va se structurer et s'investir dans l'élévation collective de sa capacité d'appréhension et de maîtrise des problèmes via la mise en commun des talents. Cette visée compliquée ne saurait excéder le mi-temps scolaire.

Dans le second mi-temps, il n'y a plus de "classe". En fonction de leur parcours de progression, les individus évoluent, par matière, dans le maillage des unités de valeur spécialisées dont l'acquisition progressive va établir leur profil d'excellence et constituer leur compétence propre de sortie de la scolarité obligatoire.

Dans sa souplesse, un tel système duel répond à peu près à tous les problèmes inutilement soulevés par l'obstination générale à maintenir des structures en opposition résolue aux objectifs qu'on dit se fixer.

Dans le détail et pour reprendre le questionnement bayrousien (bayrouesque?):

1 & 2 : la question du primaire et du collège est à refondre en une école unique de la scolarité obligatoire. Tout est à reprendre sur cet a priori!

3, 4, 5, 6, 7 : le système encadré des unités de valeur optionnelles, plusieurs fois exposé ici, élimine totalement les différentes craintes énoncées, tant il propose à tous comme à chacun, les possibilités raisonnées d'une excellence.

8: l'inapplicabilité ne résiste pas à la proposition d'un mi-temps encadré par un binôme dédié de professeurs référents polyvalents.

9 : Je ne pense pas que la réforme version NVB aille à son terme. Ses conséquences, du coup, ne sont pas vraiment à craindre.

10 : Se mobiliser, dit le d'Artagnan de Beuste. Certes, mais encore faudrait-il que ce soit pour aller ensemble dans la bonne voie, qui suppose une révolution scolaire dont François Bayrou le premier ne cerne pas me semble-t-il les axes nécessaires.                                                     ………

Allons, il se fait tard, je vais rentrer. Tout ça est quand même bien préoccupant.

 

gorille-incertain

    

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