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AutreMonde
13 mai 2015

LA MEFORME DU COLLEGE - 4

AlainF

Pourquoi, médiatiquement parlant, toujours Alain Finkielkraut? Peut-être tout simplement parce qu'Alain Finkielkraut? Peut-être.

L'interview accordée au Figaro (propos recueillis par Vincent Trémolet de Villers) que relaie, sans imagination ni recul, Alexandre Coste dans Marianne – je viens de le découvrir – n'est que la répétition obsessionnelle d'une approche des nécessaires évolutions pédagogiques et éducatives marquée par la méconnaissance du réel des classes d'aujourd'hui.

Ce qui est tout à fait frappant, c'est la manifestation de la même méconnaissance dans le texte concomitant, en page Débats du Monde, qui sous le titre Halte à l'élitisme conservateur! prend le contre-pied et s'attache à défendre cette réforme des Collèges, façon Najat Vallaud-Belkacem, décrétée par Alain Finkielkraut destructrice. Texte ici collectif , avec, parmi les signataires, François Dubet en qui Finkielkraut dénonce "l'un des initiateurs de ce remplacement" qu'est, à ses yeux, la substitution à la culture générale  "d'une culture commune faite de tout ce dont le jeune a besoin pour s'orienter dans son environnement". L'emploi du terme remplacement ne saurait ici être innocent, référence implicite faite au Grand remplacement annoncé par Renaud Camus de notre vieille civilisation judéo-chrétienne par l'Islam à terme triomphant.

L'identité dans la méconnaissance, ou peut-être plutôt le méjugement, est d'autant plus étonnante que si l'expérience personnelle de Finkielkraut comme professeur de Collège est assurément nulle et non avenue, Dubet, chercheur dans le supérieur, est censé plonger sa réflexion sociologico-éducative dans des enquêtes de terrain au plus près de la classe et, parmi les autres signataires, Maya Akkari est principale-adjointe d'un collège parisien. Les autres il est vrai, les neuf autres, sont quant à eux et quoi qu'il en soit de leurs investissements et investigations théoriques, tout aussi éloignés du réel pédagogique que notre philosophe fulminant, et l'on peut supposer qu'ils ont pesé lourd, mettant leur incompétence pratique sur la question au service de prises de position dictées par une idéologie sans information de première main sur le sujet.

Car tout cela nage dans la pétition de principe. Alain Finkielkraut hurle à la mort et revendique une sainte colère sur des souvenirs personnels vieux de plus de cinquante ans que la prise de conscience collective de Mai 1968 (ensuite, indiscutablement dévoyée) n'a pas dessillés. Le Collectif Akkari (Maya)-Baudelot (Christian)-Bigorgne (Laurent)-Charier (Anne-Marie)-Establet (Roger)-Dubet (François)-Julia (Dominique)-Padis (Marc-Olivier)-Prost (Antoine)-Pech (Thierry)-Stora (Benjamin) accouche d'une défense et illustration de la Réforme au demeurant excellente, mais qui adhère à l'erreur de départ qu'ils partagent avec leur contradicteur : les élèves ne sont pas ce qu'ils croient qu'ils sont et le ressaisissement de la scolarité obligatoire ne passe pas par les voies idéalisées qu'ils dessinent.

Maya Akkari

Baudelot

Bigorgne

AM Chartier

Establet

 

 

 

 

 

 

 

DubetJuliaPadisProstPech

 

 

Stora

Se battre sur les programmes, c'est hypertrophier leur incidence, confirmer qu'on pense que le corps enseignant est mal formé, infantile et inapte à l'autonomie (ce qui est au bout du compte un langage performatif) et ne pas voir que ce qui pèche, d'abord,  c'est l'inadaptation, désormais résolue, à l'hétérogénéité des classes du Collège unique, de la norme "une classe-une matière-un professeur-une heure", c'est l'absence d'encadrement réel, serré, des élèves, sur place, pour de vraies – et longues!- journées de travail (séquences d'enseignement et activités dirigées) qui les tiennent dans l'effort de l'apprentissage (et du gai savoir!) et à l'écart des tentations de la rue, du vide familial et du smartphone, c'est la pusillanimité globale et le manque cruel d'imagination de la quasi totalité des cadres du système éducatif, du responsable d'établissement au recteur.

Se battre sur les programmes, c'est maintenir pour l'essentiel une structure obsolète.

Pour réussir le très souhaitable élitisme de masse qui fera accessoirement soupirer d'aise les thuriféraires des tests PISA, il faut, très en avant des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) de Najat Vallaud-Belkacem, dessiner une dichotomisation positive des activités scolaires.

Définir un mi-temps à l'hétérogénéité triomphante, rassemblant des classes formées sur le seul critère de l'âge, pour des activités pilotées de près par un binôme de professeurs référents, à polyvalence de niveau élevé, le long d'un axe à pousser a priori Alain Finkielkraut à l'apoplexie, fait de la mise en commun des acquis pour un dialogue collectif ouvert, strictement thématisé autour de sujets de tous ordres, définis par les équipes pédagogiques, débouchant sur des bilans réflexifs bien formalisés.  Edifice où le binôme d'enseignants travaille à ce que chacun apporte efficacement sa pierre.

Définir un second mi-temps de recherche systématique de l'excellence individuelle, construit sur un redécoupage modulaire du champ des connaissances, dans le respect des disciplines, modules (unités de valeur) à acquérir individuellement, dans des groupes formés sur le seul critère du niveau dans la discipline, sans référence à l'âge. Sauf quelques modules de base de l'ordre du lire, écrire, s'exprimer, compter, recommencés autant que nécessaire jusqu'à être acquis, les modules sont optionnels (en termes de choix des disciplines, pas de quantité d'investissement) et leur acquisition au long de la scolarité construit en vue de sa sortie le profil d'excellence de l'élève à quoi adosser sa poursuite d'études ou son entrée dans la vie active.

Un tel système supprime évidemment les examens (Diplôme national du Brevet ou au-delà, Baccalauréat) sous leur forme actuelle. Il y aurait beaucoup à développer. J'ai naguère commencé à proposer un descriptif assez complet (http://www.thebookedition.com/scolarite-obligatoire-auguste-sejan-p-102795.html)

Je continue à penser qu'il y a là, et sans doute seulement là, le point de départ efficace d'une refonte complète dans ses démarches, ses structures … et ses succès, du système éducatif.

AlainF2

 

 

 

 

 

 

Alors, Monsieur le philosophe ………………..  CONVAINCU ?

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