LES SAISONS DE LA SOLITUDE

Joseph Boyden est né en 1966, canadien aux origines mélangées dont certaines indiennes. J'avais absolument été séduit par son roman Le chemin des âmes (Three days road - 2006), pour schématiser, formidables souvenirs d'un rescapé du premier conflit mondial, Xavier, un indien engagé volontaire parti pour l'Europe, ayant servi comme tireur d'élite (on dirait sniper) avec son ami Elijah.

Les saisons de la solitude (Through black spruce - 2009) reprend le fil, deux générations plus loin, autour de Will, le fils de Xavier, et de sa nièce Annie. C'est un thriller attachant, mais littérairement nettement un cran en dessous de la réussite du précédent, même couronné par le plus grand prix littéraire canadien, le Giller Prize.

Une sombre histoire de communautés indiennes, de haine entre familles avec pincée de trafic de drogue et forte consommation d'alcool, construite autour des souvenirs qui traversent le coma du vieux Will, victime d'une agression sauvage, souvenirs dont les fils ne se renoueront que lentement au long de la narration. C'est scénaristiquement très bien construit, riche en personnages secondaires hauts en couleurs, avec des allers-retours entre le Grand-Nord et la jet-set newyorkaise dans laquelle plonge Annie à la recherche de sa sœur Suzanne disparue, mais cela n'a pas la grande force du premier roman.

On classera cela dans les divertissements de qualité, avec ouverture documentaire (et très documentée) sur les pratiques de chasse et de trappe du côté de la baie James, prolongement sud de l'immense baie d'Hudson.

Joseph Boyden forme avec Amanda, née Buege, son épouse, elle-même écrivain, un couple aussi agréable à regarder à la ville qu'à lire au coin du feu.

Ce dernier jugement, très en-dedans, ne doit pas faire oublier l'essentiel, par quoi j'ai commencé: Le chemin des âmes est un grand livre.