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AutreMonde
29 avril 2014

EXIT PEILLON, CERTES, MAIS ENCORE ?

Tandem Hollande-VallsUn drôle de tandem, au pilotage. Cela dit, Valls, j'aime bien (moins depuis qu'il est allé à Rome). Mais quid de son rapport à l'éducatif? Le départ de Peillon est un non-événement tant il était écrit qu'il ne servirait fondamentalement à rien, si on écarte les irritations causées par ses rythmes scolaires et diverses babioles inutiles et superfétatoires. Il n'y avait pas l'ombre d'une refondation en vue. Le vain capitaine pouvait quitter le navire qu'il ne dirigeait pas.

Benoît Hamon? Il n'y connaît sans doute rien et y va à reculons. Ce pourrait ne pas être une mauvaise chose, mais ce sera plus probablement un inutile petit tour de piste supplémentaire. Il n'est pas toutefois interdit d'espérer. Même si c'est lassant quelquefois.

Je suis tombé un peu par hasard sur un article vieux de deux ans  qui m'a intéressé et laissé rêveur : http://www.lajauneetlarouge.com/article/vivre-grandir-et-reussir-corbeil-essonnes . Il y a donc, ici ou là, quelques chefs d'établissement "à initiative". Mais on ne saurait articuler une réflexion d'ensemble sur l'étude isolée d'un cas.

Je crains par ailleurs les ravages  du syndrome de Gilbert Cesbron - "C'est Mozart qu'on assassine",  la focalisation sur quelques exclus potentiels du système comme justifiant des efforts individualisés, justiciables de tentatives de guidage et de soutien personnels telles que celles qui visent à permettre d'extraire certains d’un contexte peu facilitant pour qu'ils accèdent "quand même" à la voie royale des classes préparatoires ou, pour la plus médiatisée sans doute de ces démarches, à Sciences Po.

Il y a là, je crois, une approche erronée du problème.

L’objectif central d’une réflexion éducative ne peut pas être le regard porté sur des initiatives particulières, visant des catégories d’élèves spécifiques, dans le montage de dispositifs permettant à des dons à part de passer la barrière d’un environnement hostile à leur déploiement.

Cette erreur est au cœur de discours sur et autour des difficultés de l’école qui soulignent la nécessité d’améliorer dans telle ou telle direction la formation des maîtres, ou la gouvernance des établissements sans en réalité remettre en cause le principe désormais fondateur des échecs  constatés qui est le maintien de structures sclérosées, contestées il y a bientôt cinquante ans (cf. mai 1968) mais toujours là, branlantes et inadaptées, roulées dans le flot d’un bouleversement des valeurs et des modes de pensée et de vie qui les dépassent et les laissent, impuissantes, s’attacher seulement à cacher (et si mal) combien elles ne sont plus à même de remplir leur mission.

Je pensais à cela en lisant un papier de Claude Seibel publié dans la revue des Anciens élèves de l'Ecole Polytechnique, dont il est. Un papier circonstancié, renvoyant à un texte un peu plus long du site du Ministère de l'Education Nationale ( "Ressources pour l'école primaire" ) (http://cache.media.eduscol.education.fr/file/ecole/57/5/Seibel_Principes_d_action_a_redecouvrir_VD_279575.pdf). L'école, notre éternel souci : "Nous avons, nous les adultes, les parents, les éducateurs, collectivement, la responsabilité que tous les jeunes de notre pays maîtrisent, au terme de la scolarité obligatoire , etc.". Voilà l'incipit.

Eh oui! La scolarité obligatoire.

Le bloc "primaire+collège" est à repenser et à repenser comme un tout, comme une entité close, auto-suffisante, antichambre non d'une poursuite d'études, mais d'une prise à bras le corps de la vie. Le lycée ne doit pas tuer le collège et la scolarité obligatoire doit former avant tout le citoyen, non se vouloir le tremplin de l'étudiant. La scolarité obligatoire doit être réellement le creuset de la société de demain. Et la scolarité obligatoire ne doit pas, si j'ose le souligner, s'intéresser aux cas particuliers. Elle ne peut avoir de réussite que collective, non dans l'émergence de quelques-uns grâce à l'effort de quelque maître exceptionnel, non dans la lumière attirée par le dynamisme inventif de quelque chef d'établissement hors norme, mais dans l'élévation significative et générale du niveau de formation de tous dans le cadre et par le biais d'un remodelage complet des structures du système, servies par des personnels normaux, convenablement formés, convenablement rétribués et convenablement investis, mais toute connotation exceptionnelle écartée.

Or ceci n'est pas pensé par les signataires usuels de la prospective éducative.


Claude Seibel veut centrer sa réflexion sur "l'étape des apprentissages fondamentaux (Grande Section de maternelle, CP, CE1)". Je crois que le problème est davantage au niveau du collège.

Et je crois qu'il peut être nécessaire mais certainement pas suffisant de rester comme il le fait au niveau de quelques principes généraux, et généreux, fussent-ils excellents.

Qui sera en désaccord avec lui et avec la restauration du rôle de chacun dans sa dignité et le respect des compétences? Qui niera la nécessité d'une meilleure formation des professionnels concernés, l'appel à la capacité de travailler en équipe, de dialoguer avec les familles? Qui refusera le double appel à une école bienveillante mais également exigeante? Mais qui dira "comment s'y prendre pour…"?

Un point ainsi – et l'avoir souligné est à porter au franc crédit de l'article – peut retenir l'attention. Je cite : "Au cours de la concertation de l'été 2012, de nombreux intervenants on insisté sur la nécessité de "réinternaliser" l'aide à porter à certains enfants (…)". Je regrette le "certains enfants", je dirais "aux enfants", mais le "réinternaliser" est à applaudir.

Le moyen le plus simple et le plus évident de tendre à la fois vers une véritable égalité des chances et vers l'apprentissage précoce d'un vivre ensemble ouvert et équilibré, c'est l'encadrement long des élèves au sein d'une institution impliquée dans leur prise en charge éducative.

Cela veut dire des établissements accueillant leur public-élèves sans solution de continuité de 8 heures à 18 heures au moins 5 jours sur 7 pour des activités d'enseignement, d'éveil, de soutien, de guidage dialogué de la pensée, d'ouverture à la culture et aux autres, et d'accès à un équilibre psychique et physique maîtrisé, enfin à un bien-être studieux.

Difficile gageure.

Car derrière ces mots, il y a une présence considérablement accrue des enseignants sur place, l'exigence de locaux adaptés à cette présence (bureaux individuels, salles de réunion), et la gestion d'un temps-élèves qui ne soit plus celui, haché, des heures de cours et du retour rapide au domicile, c'est-à-dire, trop souvent, à la rue, et très rarement à un contexte familial de travail et d'étude.

Le remodelage de la prospective pédagogique autour de cet axe central de la réinternalisation de l'effort scolaire et éducatif, dans toutes ses prémices, ses contraintes et ses conséquences, me paraît être le souci premier de tout ressaisissement de notre système de formation initiale.

Il faut (énormément) préciser, mais tout est là. Etc.

Que ferait, fera, ne fera pas, Benoît Hamon de tout cela, et du reste? Et le pire est que quoi qu'il fasse – et cela a déjà commencé, il suffit de voir la position du groupe Education du Parti de Gauche  - il aura tort de penser ce qu'il pense avant d'avoir commencé à le penser.

Or justement, mon seul espoir serait que ne pensant a priori rien, il lui restât une chance de commencer à le faire dans une bonne direction. Son impréparation, ce pourrait être une opportunité.

Wait and see.

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