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AutreMonde
27 août 2013

Les quelques jours d'avant ...

On est sans doute « prof » à vie.

Et j’ai beaucoup de mal, retraité, à ne pas vivre au rythme scolaire. Il faut dire qu’on est aussi, souvent, grand-père et que du coup, les petits-enfants sont là pour interdire la prise de distance.

Bref, la rentrée dans six jours.

Je vais avouer un fantasme: profiter du flottement inhérent aux reprises pour me glisser incognito, le jour de la prérentrée, dans la salle de réunion où le chef d’établissement va présenter les nouveautés de l’année et les néo-arrivants aux anciens. Et le faire par exemple dans le lycée où l’aîné de mes grands-descendants va entrer en seconde. Lycée Montaigne, derrière le jardin du Luxembourg. Je m’espère insuffisamment décati pour être arrêté dès la conciergerie. Ensuite, tout est possible, en se faisant petit tout au fond de la salle.

Bah! Je n’en ferai sûrement rien.

Quoi qu’il en soit, les congés d’été se terminent, avec toujours cette question: Qu’en a-t-on vraiment fait? J’écris ces lignes quelque part en Ardèche; je remonte à Paris mercredi avec l’éternel constat de bagages surdimensionnés, tant en termes de vêtements que de trop ambitieuses lectures. J’étais parti avec le tome trois dans la Pléiade (Edition 1954) de « A la recherche du temps perdu », et quelques classiques du XIX°, à relire.

Chbe-Proust-Balbec   La mer à BALBEC ...

Proust-350[1] ... au regard de Marcel.

Je n’ai relu que quatre cents pages de Proust.

La mode est à Marcel, en tout cas. France-Inter lui consacre depuis juillet une vingtaine de minutes tous les soirs, hors week-end, après les brèves « infos » de 20h. Laura El Makki (dont je ne sais rien par ailleurs) pilote dans « Un été avec Proust » des entretiens  auxquels, à raison d’un par semaine, elle invite divers intellectuels ayant traité de la Recherche. Après Antoine Compagnon, disert et agréable, on a eu Jean-Yves Tadié, incontournable, Jérôme Prieur, Adrien Goetz, Nicolas Grimaldi, Julia Kristeva, qui m’irrite, Michel Erman, tous professeurs réputés éminents et donc, comme l’on dit, que du beau linge.

Je n’ai pas tout écouté … encore, puisque l’émission est accessible en différé sur le site de France-Inter, mais sur la foi de la vingtaine d’interventions auxquelles j’ai consacré le temps nécessaire (il y en a 38, la dernière sauf erreur du vendredi 23/8 ), le même et éternel sentiment de déception frustrée domine globalement. On ne rentre pas dans Proust en entendant des spécialistes en parler. On glane ici ou là une information qu’on n’avait pas, ou oubliée, mais sur le texte, rien à dire que ce truisme: pour accéder à un écrivain, il faut le lire. Tout le reste … est littérature!

Je dois à l’honnêteté de dire que mon sentiment n’est pas partagé. Dans le Télérama n°3318 de mi-août, Hélène Rochette livre une version nettement plus enthousiaste de l’émission. On trouvera l’article sans mal sur « télérama.fr ». Des louanges y sont tressées tant à Laura El Makki, son passage en « prépa littéraire » et ses 26 ans, qui a lu la Recherche pour la première fois « en entier » entre janvier et juin 2013, qu’à ses invités. Deux versions de la même chose, comme toujours. L’indulgence éclairée d’une écoute curieuse contre l’aride exigence d’une lecture (trop?) impliquée …

J’ai aussi tâché de consacrer un peu de temps à Virgil Cole.

appaloosa_movie_image_viggo_mortensen__4_[1]   C’est toute une affaire, au moins pour moi, que Virgil Cole.

En 2008, je me suis pris de passion pour un western d’Ed Harris qui venait de sortir en salles, Appaloosa. L’argument en est tiré d’un roman du même nom de Robert Brown Parker, américain plutôt connu comme auteur de romans policiers. Or, son livre Appaloosa est le premier d’une série de quatre ouvrages (les trois autres: Resolution, Brimstone et Blue-Eyed Devil) narrant les aventures, dans les années 1880 et l’Amérique des westerns, d’un as du revolver, Virgil Cole, et de son  ami Everett Hitch, ouvrages dont aucun n’est traduit en français. Je me suis attelé à la tâche, piqué au jeu  et, de 2008 à 2011, j’ai fait à titre personnel une transcription de la série complète. Pour le plaisir.

Fin 2011, j’ai appris avec retard la mort (18 janvier 2010) de Parker et j’ai inventé le projet de boucler le cycle de ses quatre bouquins en leur adjoignant, dans le style de l’auteur, un cinquième et dernier tome. L’affaire a traîné jusqu’à ce printemps et depuis … je suis dedans. L’aventure est amusante (pour moi). Je ne suis pas écrivain, mais d’avoir sué sur les quatre volets élaborés par Parker m’a donné une sorte de familiarité avec son style, par ailleurs extrêmement élémentaire et support d’un récit qu’il faut bien reconnaître sans véritable profondeur psychologique, qui me rend la rédaction « à la manière de » aisée, mais me laisse aux angoisses de la page blanche en ce qui concerne l’invention d’épisodes narratifs. C’est un peu en panne, là, après avoir écrit environ cent-vingt pages, dont la dernière quarantaine a été bricolée sur des coins de table au milieu d’occupations estivales peuplées de bruits d’enfants. Il va falloir que je reprenne sérieusement le collier dès la semaine prochaine, si je veux venir à bout de ce travail auto-imposé..

Je mettrai peut-être ça en ligne … Qui sait?

Et c’est tout? Pas de photos de vacances?

Guère. Je n’ai pas l’âme touristique et je garde peu de souvenir des espaces traversés.

barthes[1]URT]

Il faisait un temps médiocre au pays basque quand, en traversant Urt, j’ai arrêté la voiture devant la maison Carboué où Roland Barthes passa les étés de sa maturité enseignante, à partir de 1968 (il était né en 1915), et qui est devenue une bibliothèque à son nom. Il y a, de l’autre côté de la rue, une auberge, L’Auberge Estanque, où l’on mange très bien pour un prix raisonnable.

Si on file ensuite vers Toulouse, en abandonnant l’autoroute pour emprunter la D 817 après Tarbes où on laisse sans insister les souvenirs du passage sur les bancs du lycée Théophile Gautier d’Isidore Ducasse, futur Lautréamont, on peut traverser la petite ville de Tournay et apprendre que Francis Jammes y vit le jour en 1868, avant des études à Pau puis Bordeaux qu’on s’amuse à découvrir « médiocres » et donc conclues brillamment par un échec au baccalauréat souligné, d’un brillant 0/20 à l’épreuve de français (source Wikipédia). On comprend mieux le goût de Jammes pour les ânes.  Bon, c’est sottement méchant, d’autant que le talent de Francis Jammes mérite au moins le respect mais, désolé, je n’ai pas pu résister.

Jammes[1]

Incidemment et parce que j’ai fait dans mon enfance, tant de fois, la route en bicyclette,  la D 817 offre, petite madeleine proustienne, un virage en montée cher à mon coeur, peu après Tournay, dans la traversée d' un village dont le nom m’a toujours enchanté et paru plein de promesses: Ozon Lanespède.

Je ne raconterai rien de mon séjour, toute D 817 bue, dans le Volvestre ... mais j’ai une autre curiosité en réserve, entre l’Ardèche où, je l’ai dit, je suis parvenu depuis et pour quelques jours, et Paris. Lorsque, souhaitant remonter via Le Puy, j’emprunterai la nationale 102 et traverserai Lanarce (07660), je passerai entre les deux charcuteries Coudène et Puzzi, situées en face l’une de l’autre, de part et d’autre de la route. Autant dire que je me faufilerai entre la maison des Guelfes et celle des Gibelins. Confectionneurs de boudins et autres cochonnailles de réputation plus large que régionale, rivaux éternels dans des tests à l’aveugle aux résultats toujours indécis, quand le saucisson de l’un hésite à l’emporter sur celui de l’autre tandis que leurs jambons crus s’affrontent en des défis titanesques, ces princes de la rosette et de l’andouillette mêlées reprennent la longue tradition des haines familiales dans la version apaisée d’une rivalité commerciale qui n’en mérite pas moins l’épithète d’homérique. Et pour joindre à l’épique le frisson des amours contrariées en accédant ainsi aux dimensions de la légende, la rumeur court dans le pays d’une fille Puzzi qui aurait épousé un fils Coudène pour ouvrir, à un jet de pierre des maisons ennemies, en haut d’une côte, un restaurant au nom évident, La Fourchette, où la rillette Coudène côtoie la saucisse Puzzi pour le plus grand profit du cholestérol de la clientèle.

On fera sûrement, en passant à Lanarce et en deux sessions équilibrées, un petit ravitaillement prévisionnel qui alourdira le coffre de la voiture de produits porcins excellemment répartis d’un spécialiste l’autre.

Et puis après, Paris. Ah! Paris, ses embouteillages, sa pollution, son charme infini. Paris indispensable. Allez, ça sent décidément la reprise. Enfin?

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Commentaires
G
L’autre jour la nasillarde présentatrice de France 2 à 13h évoquait la corvée que constituent les achats pour la rentrée des classes. <br /> <br /> J’étais en train de regarder mes photos d’Ethiopie avec un gamin qui trainait dans la poussière une bande magnétique débobinée en guise de jouet. Il m’est remonté une vieille indignation dont je n’use aujourd’hui qu’avec parcimonie : il aimerait bien que sa maman subisse ce type de corvée ! <br /> <br /> Quand acheter des cahiers est présenté comme une tache stressante que peut exiger un professeur comme travail ? <br /> <br /> Alors que ce moment avant la rentrée est porteur de promesses, les pages sont blanches, les crayons bien taillés : n’est-ce pas exaltant d’apprendre, de commencer une année ? Je parle depuis un autre siècle. <br /> <br /> Quant aux commentaires type « je suis partout », ils ajoutent à mon accablement, alors que de telles postures sont tellement ridicules qu’elles devraient faire rire .
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J
J'ai bien lu votre dernier billet intitulé "les quelques jours d'avant". "d'avant" quoi ? La mort ? Votre texte est si ennuyeux, écrit par un esprit si prétentieux, si suffisant, que je me suis dit que j'allais mourir avant d'en terminer la lecture. Hélas, vous pratiquez l'ellipse de la palpitante aventure du Volvestre : "Je ne raconterai rien de mon séjour, toute D 817 bue, dans le Volvestre", ni de l'Arize, ni du Volp ! Là, je crois que je me serais affaissé d'ennui entre les produits porcins des maisons Coudène et Puzzi, rillettes et saucisses.<br /> <br /> L'émission de Laura El Makki, ça peut pas faire de mal, même si ça ne fait pas beaucoup de bien, mais vos billets peuvent être mortifères.<br /> <br /> Un enseignant atteint de "la petite déprime de la rentrée", qui lit celui-ci, risque la fatale crise de mélancolie, la psychose maniaco-dépressive, le funeste trouble bipolaire.
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AutreMonde
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