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AutreMonde
24 avril 2013

Morale laïque

Couv-Rapport Morale-Laïque     Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai été convaincu par le rapport commandé par / puis / remis à Vincent Peillon (lundi 22/4) relatif à l’enseignement de la morale laïque.

On peut le consulter/télécharger  ICI

Morale-Peillon     >>>>>>     Laurence Loeffel

La lettre de mission de Vincent Peillon déclenchant le travail de préparation du rapport est adressée début octobre 2012 à Mme Laurence Loeffel, à cette date professeur des universités à Lille 3, et depuis nommée (en décembre 2012) à l’Inspection Générale de l’Education Nationale (IGEN) où elle émarge aux groupes de spécialité Enseignement primaire (elle a été professeur en IUFM) et  Philosophie. Un doctorat en Sciences de l’Education (on sait et sinon, on devinera mon grand respect pour les Sciences de l’Education qui nous valent tant de spécialistes inutiles). Mme Laurence Loeffel est née le 04/11/1959 et a été nommée à l’Inspection Générale au 5ième tour, c’est-à-dire par la grâce du ministre.

Cette introduction fielleuse augure évidemment mal de l’objectivité de l’ersatz d’analyse à suivre. Je ne saurais donc assez conseiller au lecteur de s’aller faire une opinion par lui-même sur un rapport dont une proposition entre autres m’a laissé rêveur, celle de « prendre en charge une dimension morale de l’éducation à la sexualité par des jeux de rôles ». Je serais heureux de voir Mme Laurence Loeffel animer une telle séance dans des conditions d’enseignement telles que celles dont on trouve témoignage par exemple, là, dans Ed Nat .

Le Rapport, donc. Une soixantaine de pages.     Voici le sommaire :

Préambule………………….........................................................................      5

Introduction……………..............................................................................      7

I. La formation morale et civique de l’élève : état des lieux........................     11

II. Un enseignement laïque de la morale : principes et orientations ………    23

III. Un enseignement laïque de la morale : quelles modalités ?....................    32

IV. Orientations pour le Conseil supérieur des programmes .........................   43 Bibliographie indicative .................................................................................   44

Annexes ..........................................................................................................   47

Qu’en dire ?

Le rapport par lui-même ne concerne que les chapitres I à III.

Le chapitre IV fournit une bibliographie que, je pense, personne ne consultera, la liste de la quarantaine de personnalités auditionnées (anciens ministres de l‘éducation, inspecteurs généraux, professeurs des universités, hauts fonctionnaires, bref, que des enseignants du terrain les mains dans le cambouis et, perdus là au milieu, un(e) professeur(e) des écoles, une directrice d’école élémentaire, un(e) professeur(e) de LEP  et un professeur de lycée (lycée des métiers)). En annexes, la liste des membres du Conseil supérieur de l’éducation (en termes d’intitulés d’organisations syndicales ou d’associations), suivie d’un « Document de synthèse de la DREIC (Direction des Relations Européennes et Internationales et de la Coopération) », présenté ainsi par ladite direction :

* La mission sur l’enseignement de la morale laïque a souhaité disposer d’éléments de comparaison internationale.

* Pour répondre à cette demande, la DREIC, en concertation avec la DGESCO, a interrogé 7 postes diplomatiques (Belgique, Suisse, Espagne, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, Québec).

* La demande adressée aux postes portait sur trois points principaux : l’organisation des enseignements (intitulés, contenus, niveaux et horaires, évaluation etc.) ; les modalités de participation des élèves à la vie des établissements scolaires et de leur engagement dans la vie de la cité

* La présente note vise à proposer une lecture analytique des résultats collectés auprès des différents postes.

* Il convient de noter qu’une grande majorité des postes interrogés soulignent l’extrême diversité des situations de terrain, les enseignements examinés étant fréquemment mis en œuvre au niveau régional ou local. Ce constat, qui incite à la prudence, n’empêche toutefois pas de dégager de grandes tendances nationales. 
• À noter : les données collectées pour la Grande-Bretagne sont plus difficilement utilisables, sans doute en raison du très faible degré de centralisation du système éducatif.

Cette annexe est peut-être  la partie la plus intéressante du document.

Voyons, sur l’ensemble, que retient-on?

Qui ça, moi ?  

Moi

Mais non, moi !       

Hatchoum

Rien de ce qui est écrit n’est choquant, rien de ce qui est écrit ne surprend, et rien de ce qui est écrit ne donne le sentiment qu’en le disant, ce qui va sans dire va tellement mieux. Oui, la société à travers ses enfants, c’est-à-dire nos élèves, souffre d’une dissolution drastique des notions de valeur, d’intérêt général, d’altruisme, d’attention aux autres, et plus encore d’attention tout court.

Et alors ?

Ben, faudrait faire quelque chose…

Revivifier tout ça par une réflexion et des pratiques en milieu scolaire ayant nom enseignement dédié ? 

Le ministre a l’air d’y tenir….

Alors on va lui résumer tout ce qui fait naturellement partie intégrante de l’ambition enseignante, tout ce qui trouve tous les jours l’occasion de se déployer à travers les incidents de classe qui parsèment nos heures de cours, l’occasion mais pas le temps, pas la possibilité dans la non-écoute générale, pas le champ d’accueil dans le désintérêt absolu des têtes blondes et brunes plongées dans Facebook, en quelque sorte, on va lui résumer tout ce qu’on a envie et pas la possibilité de faire depuis des années, et on va lui dire que c’est cela qu’il n’a qu’à appeler Enseignement de la morale laïque.

Cela fera une collection de vœux pieux qu’on se gardera, parce qu’on ne sait pas bien comment l’opérationnaliser, de décrire précisément en termes de méthodologie pédagogique. Et comme jusqu’ici, on n’a jamais vraiment su s’en démerder, on va faire quelques phrases générales et généreuses, indiquer des pistes déjà inefficacement parcourues (heures de vie de classe, travaux personnels encadrés, activités transdisciplinaires, conseil de la vie scolaire …), tous ces mots qui font avec d’autres le fond  du discours en sciences de l’éducation, et après on fera des annexes pour voir et raconter ce que font les autres. Et puis ça fera un rapport.

Ma présentation est négative, j’en conviens, mais ma colère est sainte.

On nous fatigue d’inutilités.

Lire ce rapport ne peut pas faire de mal, son contenu, enfonçât-il des portes ouvertes en termes de « Il faudrait qu’on », peut parfaitement être utilisé en équipe pédagogique d’établissement comme un résumé tout fait de l’horizon souhaitable (que la grande majorité voire tous souhaitent) dont la mise en forme est ainsi déjà rédigée, mais le fond de la question est ailleurs.

Le fond de la question, et dans les annexes qui pointent le caractère souvent local des modalités retenues, on le voit se dessiner, c’est l’autonomie des établissements autour d’une équipe de direction capable d’impulser et d’organiser la prise en charge adéquate de la population scolaire qui lui est confiée, en s’appuyant sur les forces que peuvent représenter son équipe éducative propre, son environnement social, l’ensemble des parents d’élèves, le tout formant une sorte de communauté éducative élargie, face à un délitement de l’enseignement qu’on s’obstine à nier ou à traiter avec des rustines. 

La laïcité est un objectif absolu. Cet objectif doit imprégner toutes les démarches pédagogiques. Cet objectif doit intégrer une ouverture au fait religieux qui s’attache à l’examen de ses composantes, de quelque côté qu’elles viennent,  dans une perspective d’information historique, de tolérance, d’explication des faits, de cohabitation de la foi quelle qu’elle soit avec l’exercice de la raison.

Ceci étant affirmé, c’est le geste d’enseignement dans sa totalité, dans quelles structures à renouveler, déterminant quels types d’établissements, sous quels modes de gouvernance de ceux-ci, à travers quels renouvellements des missions affectées aux enseignants, c’est cela qu’il faut examiner.

En ce sens, le positionnement de Vincent Peillon est totalement à côté de la plaque. Il ne s’agit pas d’enseigner la morale laïque, il s’agit de réinventer l’école. Une école où la raison l’emporte, qui irrigue les comportements et permette d’accompagner l’enfant jusqu’à l’âge adulte dans une ouverture constante à la connaissance et une réflexion continue, parce qu’il aura à l’améliorer, sur le monde dans lequel il se construit. On piétine, et pourtant …

« Y’a du boulot ! »

                                                              le-paresseux2c-l27ecolier-illustre

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