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AutreMonde
27 novembre 2012

De Wise à Sciences Po, propos divers d’automne.

             EmirQatar        Mlle Qatar

Choisir :             le prof                                ou                        la prof ?

Un récent supplément du Monde (n° du 14/11/2012) était consacré à la quatrième édition du sommet Wise (acronyme pour World innovation summit for education - Sommet mondial pour l’innovation dans l’éducation – Petit rappel : on dit « sigle » quand on ne peut qu’épeler, comme pour SNCF ou RATP ; « acronyme » quand on peut lire la succession des initiales comme un mot, ainsi pour CAPES. Remarque : ici, cerise sur le gâteau, l’acronyme « wise » a un sens, puisque signifiant sage ou judicieux, en anglais) organisé au Qatar, du 13 au 15 novembre, avec Maryline Baumard en responsabilité journalistique pour le présenter.

Intéressant. Luc Cédelle, naguère, a rendu compte sur son blog d’une précédente session (2010 ? 2011 ?). Je n’en avais auparavant pas entendu parler. A priori coupable ( ?), un tel sommet, au Qatar, me laisserait plutôt rêveur. C’est ma foi peut-être à prendre au sérieux …

L’enseignement de demain se chercherait, dans ces régions pétrolières et argentées de la planète. On y traite aussi bien de questions relevant de l’alphabétisation de masse en zone tiers-mondiste que de la tentation universitaire, les Etats-Unis en pointe, des Mooc(s) (Massive open online course(s)). Le monde est en crise, on ne répond sur le long terme à la crise que par l’éducation et toute crise est moteur de changement, etc.

Balayage rapide :

-       La classe à l’envers . Les enseignants ont depuis longtemps été tentés par la technique du polycopié distribué en amont du cours, censé avoir été lu, lecture permettant davantage d’interactivité en classe puisqu’on n’aurait plus qu’à répondre à des questions et à guider des exercices d’application. Ça n’a jamais vraiment marché. Prévalence de la flemme. Et difficulté de la confrontation ex abrupto avec l’écrit, et un écrit abscons, délivrant des informations par définition hors du champ des acquis … On remplace le polycopié par une vidéo, et voilà « la classe à l’envers » ? Cela marchera-t-il mieux ? Beaucoup semblent espérer que oui, plusieurs qui s’y sont engagés disent que oui, d’autres ne semblent pas partager leur optimisme.

-       MOOC. Les grands établissements, comme Stanford ou le MIT ou encore l’Ecole polytechnique de Lausannne se lancent dans le cours gratuit « sur la Toile ». Ce n’est pas sans poser des problèmes et déjà celui de la validation des enseignements ainsi dispensés. Outre que gratuits, ils risquent fort de ne pas le rester longtemps. La formule est assurément tentante, même si le modèle, lui, n’est là encore que l’adaptation au développement de l’informatique de formules d’enseignement à distance dont l’histoire est ancienne. Isolé dans l’Orne, c’est avec les cours de ce qui était à l’époque le CNTE (Centre National de Télé Enseignement), désormais CNED (Centre National d’Enseignement à Distance), que j’ai préparé il y a une cinquantaine d’années l’agrégation. On utilisait le courrier postal. Ça valait ce que ça valait, mais c’était un vrai soutien à l’effort personnel. Il est évident que l’ordinateur ouvre des perspectives autrement larges et riches.

-       Smart classe – Il s’agirait de faire un pas de plus et d’aller vers un « apprentissage nomade », avec cours sur son smartphone. Là encore, malgré une réticence a priori, pourquoi pas ? On nous parle du nord de l’Uttar Pradesh, en Inde, où 43% des enfants ne vont pas à l’école en raison des travaux des champs, ou domestiques et de la souplesse qu’introduirait cette innovation. Mais peut-on apprendre à lire et à écrire avec un portable et à partir de rien ? Bizarre. 

Toutes ces perspectives de e-enseignement sont belles et bonnes, mais il ne faut pas se leurrer,  leur réussite repose sur un niveau suffisant de motivation de l’utilisateur qui dans son environnement familial voire – et ce n’est malheureusement pas incompatible – dans un environnement hostile  doit faire le choix relativement ascétique de l’effort intellectuel. Persuadé de l’importance de cet investissement pour son avenir, il peut y parvenir ; mais le jeune d’une société au chômage où l’argent facile des petits et des gros trafics s’étale, en lira-t-il le sens ? Rien n’est moins sûr.

Je pense néanmoins que l’idée de vidéos suffisamment « filmées » (montage cinéma, introduction de gags, effort scénaristique…) est exploitable et qu’une classe peut trouver plus d’intérêt et mobiliser plus d’attention autour d’un cours filmé que dans le schéma standard. A creuser. Si les établissements sont dotés en matériel, il y a là une piste de travail d’équipe qui peut se révéler fructueuse. Et par ailleurs la discussion de groupes d’enseignants autour de la performance enregistrée d’un collègue pour tirer des leçons de son analyse critique est un  outil efficace de formation continue (ou continuée).

Et Sciences Po ?

Le Monde, de nouveau. Cette fois, le n°  du vendredi 23/11/2012. Une pleine page (Décryptages – Enquête) avec ce titre assez parlant : Les parrains de Sciences Po. Il s’agit de JC Casanova et Michel Pébereau, des « papys flingueurs », selon la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso. C’est Raphaëlle Bacqué qui est cette fois aux commandes journalistiques.

     JC Casanova          M Pébereau

             Jean-Claude Casanova                    et                Michel Pébereau

Peu de choses, sur le fond, à dire ici de la bataille de panier de crabes qu’est la guerre de succession de Richard Descoings. Il suffit d’aller lire . L’article est clair, informatif, intéressant. Par parenthèse, on n’a d’ailleurs plus entendu parler de l’enquête ouverte suite au décès plus que curieux de l’ancien directeur dans un hôtel de Manhattan, avec circonstances rocambolesques, nudité et traces de sang dans la bouche du défunt, ordinateur retrouvé quelques balcons plus bas, disque dur témoignant de tourisme préalable sur des sites gays, toutes conditions d’une atteinte crapoteuse au mythe Descoings qui n’ont débouché depuis que sur un silence assourdissant (en forme d’omerta ?) que le récent rapport de la Cour des comptes vient tout juste de rompre au niveau (plus présentable?) d’une gestion défaillante et de primes et salaires exorbitants. Jean-Claude Casanova  déclarant maintenant (jeudi 22/11, devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale)  que Descoings a souffert profondément (de la publication) du montant de sa rémunération et qu’en quelque sorte, il en est mort. Il faut oser !  Richard le magnifique percevait (France-inter) plus de 720 000 € par an (60 000 € mensuels). Un scandale, évidemment et une extraordinaire indécence.

Descoings     Richard Descoings

Ces affaires de hauts salaires minent profondément la réflexion. Elles aveuglent. On n’a plus envie d’échanger des arguments ou de soutenir l’échange avec des individus placés à des postes éminents et qui en tirent des bénéfices non seulement moralement injustifiables mais en outre, quand on prend conscience du montant cumulé des sommes représentées par cette petite armée de puissants, des bénéfices  qui ne représentent pas, comme on veut nous le faire croire, une part négligeable des injustices sociales.

La quête éperdue de gratifications matérielles est un véritable cancer de l’intérêt général et des vertus civiques et l’espoir d’un changement vers une meilleure vie (changer la vie, disait le socialisme de mai 1981 …) s’effondre dans le trou noir de ces appétits égoïstes. Dégoût. La sexualité de Descoings ne regardait que lui. Son salaire – et celui de combien d’autres, aux revenus encore plus importants ? – est une insulte aux difficultés du pays. On en perd le souffle. Quand une échelle (que je trouve bien généreuse !) des salaires de 1 à 20 sera-t-elle enfin la règle ?

Post-scriptum .

-       Dans le même numéro du mercredi 14/11, un article intéressant (sur la Gauche populaire) autour d’un type intéressant ( Laurent Bouvet - J’en ai déjà parlé). 

-       Et dans le dernier Monde des Livres (vendredi 23/11), en dernière page, une longue présentation de Metin Arditi, avec cette notation surprenante : Un jour, dans la librairie Payot Rive gauche de Genève, [il] tombe sur la biographie de Proust par Jean-Yves Tadié. « J’ai été ébloui par le style, vif et cinématographique, savant et souriant. » Il faudrait voir là le facteur déclenchant de sa récente carrière de romancier. Oui, surprenant. Autant la biographie de Painter sur Proust est enlevée et se lit d’un trait, autant celle de Tadié, universitaire et technique, me semble peu de nature à faire naître des vocations. Enfin, à chacun sa sensibilité … Je n’ai pas encore lu le dernier bouquin de Metin Arditi, Prince d’orchestre, mais j'avais beaucoup aimé son Turquetto.

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