"Némésis", Philip Roth
On pourra prendre connaissance de la critique très positive d’Alain Finkielkraut dans Le Monde des Livres du 05/10/2012 à l’adresse :
http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/10/05/malheur-et-chatiment_1769810_3260.html
Je viens de terminer la lecture du livre, différée un temps pour cause d’activités diverses et autres. Décevant. Finkielkraut fait des phrases et insère le travail de Philip Roth dans des perspectives qui lui confèrent une profondeur que je n’ai pas trouvée dans le texte. La ligne narrative est simple. Le héros, que sa mauvaise vue a écarté du débarquement américain du 6 juin 1944, ronge son frein dans des responsabilités d’animateur sportif et se trouve immergé dans l’épidémie (fictionnelle) de poliomiélyte de cet été-là qu’il assumera mal (semi-fuite loin d’un foyer central de la maladie) et qui le laissera néanmoins mais aussi pour cela même, moralement et physiquement brisé. Bien. Et ensuite ?
La chair que Philip Roth met autour de cela, la sauce, tout est à la fois très ‘‘américain’’ (base-ball, bons sentiments, sentimentalisme culcul la praline et larmoiement de rigueur, mythification du geste sportif), très ‘‘juif’’ (sans aucun recul, cette fois, familles juives, terrains de jeu juifs, enfants juifs, malheur juif, kippa, kaddish, et, hélas, absence d’humour juif - où est l’universalité ? pourquoi cette focalisation qui n’apporte rien sur le fond ?) et très plat (philosophie de comptoir et questionnements simplistes). La littérature ? A cette réserve près que je n’accède au livre que via une traduction (Marie-Claire Pasquier), on la cherche un peu.
Finkielkraut évoque au début de son article Albert Camus, La peste. Je n’ai pas relu le livre depuis mes vingt ans. A programmer, pour comparer. Mais mon souvenir est celui d’une tout autre richesse. On tresse à Philip Roth des couronnes que, me semble-t-il, il ne mérite plus. Ses grands livres sont derrière lui, et il ne produit désormais que des ressassements fatigués qu’on veut faire passer pour de la philosophie testamentaire, et où l’on veut lire les ultimes messages d’un grand littérateur américain. Du coup, il produit une petite histoire dont la critique s’empare pour en faire une grande œuvre. Pas grand-chose à ajouter, ce constat fait.
Injuste et réducteur? A ma décharge, je suis en train de relire Proust. Alors, évidemment …