Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
AutreMonde
22 novembre 2012

"Némésis", Philip Roth

philip-roth-nemesis

On pourra prendre connaissance de la critique très positive d’Alain Finkielkraut dans Le Monde des Livres du 05/10/2012 à l’adresse :

http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/10/05/malheur-et-chatiment_1769810_3260.html

Je viens de terminer la lecture du livre, différée un temps pour cause d’activités diverses et autres. Décevant. Finkielkraut fait des phrases et insère le travail de Philip Roth dans des perspectives qui lui confèrent une profondeur que je n’ai pas trouvée dans le texte. La ligne narrative est simple. Le héros, que sa mauvaise vue a écarté du débarquement américain du 6 juin 1944, ronge son frein dans des responsabilités d’animateur sportif et se trouve immergé dans l’épidémie (fictionnelle) de poliomiélyte de cet été-là qu’il assumera mal (semi-fuite loin d’un foyer central de la maladie) et qui le laissera néanmoins mais aussi pour cela même, moralement et physiquement brisé. Bien. Et ensuite ?

La chair que Philip Roth met autour de cela, la sauce, tout est à la fois très ‘‘américain’’ (base-ball, bons sentiments, sentimentalisme culcul la praline et larmoiement de rigueur, mythification du geste sportif), très ‘‘juif’’ (sans aucun recul, cette fois, familles juives, terrains de jeu juifs, enfants juifs, malheur juif, kippa, kaddish, et, hélas, absence d’humour juif  - où  est l’universalité ? pourquoi cette focalisation qui n’apporte rien sur le fond ?) et très plat (philosophie de comptoir et questionnements simplistes). La littérature ? A cette réserve près que je n’accède au livre que via une traduction (Marie-Claire Pasquier), on la cherche un peu.

Finkielkraut évoque au début de son article Albert Camus, La peste. Je n’ai pas relu le livre depuis mes vingt ans. A programmer, pour comparer. Mais mon souvenir est celui d’une tout autre richesse. On tresse à Philip Roth des couronnes que, me semble-t-il, il ne mérite plus. Ses grands livres sont derrière lui, et il ne produit désormais que des ressassements fatigués qu’on veut faire passer pour de la philosophie testamentaire,  et où l’on veut lire les ultimes messages d’un grand littérateur américain. Du coup, il produit une petite histoire dont la critique s’empare pour en faire une grande œuvre. Pas grand-chose à ajouter, ce constat fait.

Injuste et réducteur? A ma décharge, je suis en train de relire Proust. Alors, évidemment … 

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Mon amie m'en parlé il y a quelques jours, on peut dire que cela tombe bien. En tout cas, je vais revenir vous rendre visite très prochainement. bonne continuation.
Répondre
S
>> "Le bouquineur".<br /> <br /> Bien reçu. Merci.
Répondre
S
>> à/s "Le bouquineur", suite.<br /> <br /> J'ai fait un saut sur le blog ainsi intitulé. Peut-être ai-je réagi un peu vite. L'admiration "rothienne" pourrait être sincère (?). Mais alors, pourquoi ne pas plus précisément argumenter "en contre"?
Répondre
S
>> Rép. à "Le bouquineur"<br /> <br /> Visiblement un commentaire automatique et promotionnel balancé sur l'a priori "Philip Roth". Il ne s'agit en rien d'une réaction à mon billet.
Répondre
L
Philip Roth nous donne un dernier et très beau roman. Les phrases sont majestueuses, la langue est belle, l’écriture parfaite mais on n’attendait pas moins d’un tel écrivain ayant un palmarès si bien rempli. Les personnages sont très fouillés, les décors très précisément posés, on devine le travail derrière la narration. Le roman se lit très vite et on y prend du plaisir, mais un plaisir plus musical qu’autre chose, la satisfaction de lire une prose élaborée dont chaque mot est une note et chaque phrase un élément d’une douce symphonie. C’est pourquoi je n’irai pas jusqu’à dire que c’est l’un des meilleurs bouquins de l’auteur, car j’avoue que parfois je me demandais où Roth voulait en venir.
Répondre
AutreMonde
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité