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AutreMonde
5 septembre 2012

Prérentrée? mais d'abord ...

 

Bearded-Collie  Réfléchissons un peu ........

 

12DNBCOLFRQME1, etc. … a dit fin juin le ministère.

Sujets du Brevet des Collèges 2012.

Pour télécharger les sujets en pdf, on peut passer par le site: http://www.bankexam.fr/etablissement/8-Brevet

Diplôme national du Brevet, session 2012, épreuve de français.

En termes de point final au parcours commun de culture générale de la scolarité obligatoire, le triptyque « Mathématiques - Français - Histoire&Géographie » du Brevet des Collèges est par définition intéressant à consulter.

En français, Michel Tournier était cette année à l’honneur, avec une page extraite d’un conte (Les deux banquets ou la commémoration) lui-même tiré de son livre Le médianoche amoureux  (Gallimard - 1989).

Rien de très passionnant dans cette histoire de calife organisant une compétition entre deux candidats cuisiniers dont le second va reproduire à l’identique le menu proposé par le premier, rien de très passionnant sinon éventuellement la réaction attendue et crainte à la fois du calife … dont les élèves étaient privés afin que dans la partie rédaction de l’épreuve, leur inventivité pût s’exercer.

A se reporter au texte de Tournier, on ne pouvait que constater, déçu, la médiocrité de la chute retenue par l’auteur , souvent me semble-t-il plus imaginatif. Je suis certain que nombre de collégiens ont fait mieux. Tournier se contente de faire embaucher les deux candidats, l’un parce que, initiateur d’un succulent repas , il l’accompagnera dans ses voyages pour enrichir encore sa palette des exotismes culinaires rencontrés, l’autre parce que, imitateur exceptionnellement fidèle mais potentiellement (subliminalement) borné, il veillera au palais à «l’ordonnance immuable de l’ordinaire » à quoi le calife est attaché. L’argumentation n’est d’ailleurs pas très logique, l’imitateur pouvant être plus indiqué pour glaner les recettes étrangères dont on se demande en outre l’intérêt pour un souverain qui ne veut rien modifier de ses habitudes . Mais passons. 

J’espère que quelques candidats - le calife étant réputé un tyran ombrageux - auront eu l’idée logique de proposer comme chute le prononcé de l’exécution de l’imitateur, avec mission pour le candidat retenu de cuisiner en sauce le cadavre de son malheureux rival et d’en faire le plat de résistance du repas officiel à suivre.

Une batterie d’une douzaine de questions devait vérifier la compréhension du texte par les candidats. Rien de passionnant, ni d’original. C’est la norme. Une petite requête grammaticale - Réécrivez la phrase suivante en la transformant au passé composé et en mettant « plat » au pluriel: ‘‘Grande fut la surprise générale quand le premier plat arriva sur la table, aussi fin, original, riche et succulent’’ . Est-ce une véritable difficulté? Qui sait?

Il y avait aussi une courte dictée. Seule probable hésitation: le tréma  sur le « e » de « aiguës » dans ‘‘… on distinguait les voix aiguës … ». Un texte extrait de L’Assommoir (Emile Zola - 1877). Lien éventuel avec le conte de Tournier ? C’est encore une histoire de repas : ‘‘Quand l’oie fut sur la table, énorme, dorée, ruisselante de jus, on ne l’attaqua pas tout de suite.’’

Simple, banal, conforme, normal? On ne sait que penser de ce type d’épreuve. Quel est son caractère nécessaire par rapport à la connaissance de l’élève par le professeur dans le cadre de son enseignement en continu? Le contrôle du même nom n’est-il pas suffisant? Le petit challenge de l’examen ponctuel est-il une motivation pour l’élève? Est-il un plus pour l’institution? L’intérêt pourrait être de poser un cadre, à discuter dans chaque établissement, et permettant aux enseignants de confronter leurs points de vue et de définir ensemble des objectifs concrets à poursuivre tout au long de l’année. Un bon thème de travail de pré-rentrée en quelque sorte.

Sacré sujet de réflexion, la pré-rentrée …

Je vais y venir.

12DNBCOLMATMEAG1 … il s’agit cette fois des mathématiques

Le sujet de l’épreuve ne comptait pas moins de sept pages. Je ne suis pas certain qu’il n’y ait pas eu là un premier motif de découragement a priori pour les candidats. Pourquoi des questionnements si filandreux?

Des activités numériques ‘‘gentillettes’’ telles : Court-on le marathon (42,195 km) en moins de 3h30 avec une vitesse constante correspondant à un temps de parcours de 4min30 pour 1 km? J’ai « contracté » l’énoncé, qui faisait 4 lignes.

Des activités géométriques assez ‘‘agréables’’. Un petit calcul d’aires, un volume de cône de révolution avec homothétie, une ligne brisée de longueur à calculer avec recours à Pythagore et de nouveau à une homothétie.

Enfin, un problème qui, autour de la situation fictive d’une compagnie aérienne désireuse de tester un nouveau vol entre Nantes et Toulouse, abordait un petit calcul de moyenne et les formulations simples associées dans Excel, demandant deux calculs extrêmement élémentaires dont le second utilisait la seule définition du sinus d’un angle, et proposait de tirer quelques conclusions (théoriquement) évidentes de l’observation d’une représentation graphique (distance de freinage/temps de freinage). C’était je crois facile, plus que les activités ciblées précédentes (numériques, géométriques), mais avec une interrogation est un peu plus « ouverte » … il n’est donc pas certain que les élèves aient été de mon avis.

Globalement, un tel sujet n’est pas un mauvais test de contrôle des acquis de base du collège, mais , prenant conscience de ce qu’il évalue des connaissances « plancher », il est nécessaire je crois d’en exiger la résolution correcte quasi exhaustive. Une note supérieure à 16/20 semble alors seule de nature à signer ( de façon nécessaire et peut-être pas suffisante!) un apprentissage correct des techniques mathématiques de la scolarité obligatoire.

Là encore, et sur la base éventuelle de cette dernière prise de position, à contester, voilà à l’évidence un bon thème de reprise de contact entre collègues lors de la pré-rentrée. 

12DNBCOLHGECME1 …. Histoire-Géographie-Education civique.

Dix pages! Cela me semble, pour une épreuve de deux heures, bien lourd!

Il est vrai qu’il y a un choix sur la première de ses trois parties, proprement “Histoire-Géographie” mais devenue de ce fait “Histoire ou Géographie”, les deux autres étant “Education civique” et “Repères chronologiques et spatiaux”.

Ce principe de choix me semble d’ailleurs regrettable. La proposition historique concernait des documents relatifs au conflit de 14-18: le poilu dans les tranchées; les femmes à l’arrière et à l’usine; la propagande autour des emprunts pour la défense nationale. La proposition géographique, elle, toujours sur la base de documents, s’intéressait à l’Union européenne: puissance économique et … attractivité.

Documents encore en Education civique: un extrait de la constitution, un schéma récapitulatif de l’organisation des pouvoirs, une photographie de Nicolas Sarkozy en 2011 et en Afghanistan pour trois questions autour du rôle du Président de la République.

En termes de repères chronologiques et spatiaux, enfin, il fallait fournir (pour la chronologie) les années de l’Hégire (rép : 622 date de la fuite de Mahomet de la Mecque à Médine), de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789), du Droit de vote des femmes en France (1944 ; ordonnance du 21 avril ; premier vote effectif le 20 avril 1945), et sur une carte muette, reconnaître (pour la géographie) les océans Atlantique, Indien et Pacifique d’une part, les Etats-Unis, la Chine et la Russie d’autre part.

La question sur l’Hégire m’a surpris ; elle ne peut passer pour neutre dans le contexte actuel. Il me semble qu’on ne peut aborder les monothéismes qu’ensemble, ou n’en aborder aucun. Pourquoi n’avoir pas demandé quelles étaient les figures fondatrices de l’Islam, du Christianisme et du Judaïsme, et comment les classer chronologiquement ?  … - Moïse, pour le Judaïsme, dans le courant du deuxième millénaire ( ?) avant JC ; Jésus, comme origine de l’ère chrétienne ; Mahomet pour l’Islam au VII° siècle de cette ère. S’il ne faut demander qu’un repérage daté, j’aime autant l’Amérique de Christophe Colomb (1492), la bataille de Marathon (490 av. JC), la mort de Socrate (399 av. JC) ou la découverte de l’imprimerie, avec la figure dominante de Gutenberg au milieu du XV° siècle !

Globalement, et à part cette affaire de dates, il y a bien peu de connaissances à mobiliser dans ce sujet. Les questions sur 14-18 n’excèdent pas les souvenirs d’une heure de présentation qualitative en classe et les documents sur la constitution de 1958 sont à ce point auto-suffisants qu’on peut aborder les questions posées ex nihilo. On est plus proche du sous-sol que du plancher en termes d’acquis. Enfin, il me semble… Et voici un troisième thème de discussion transversale et de pré-rentrée entre enseignants.

Pré-rentrée, disais-je en titre?

On y est, en ce lundi 3/9/12. La prérentrée a été instituée en 1970. J’étais alors en poste à Toulouse. Durée initiale: une journée. Un arrêté ministériel de 1998 a doublé cette durée. Les chefs d’établissement et les enseignants qui ne savaient que faire de cet espace de liberté ont subi, atterrés. Passée la matinée de distribution des emplois du temps, trois demi-journées au lieu d’une à ne savoir sur quel pied danser. Triste.

Depuis, on est revenu aux 24 heures à tuer au lieu de 48.

Je n’ai jamais assisté, en trente-quatre ans de pratique de la chose (de 1970 à mon départ à la retraite en 2004) à une prérentrée cohérente, inventive, pleine, réussie. Laïus d’accueil vide du principal/proviseur, récupération par chacun de sa fiche de service, comparaison avec celle des voisins à des fins de tentative d’amélioration par troc d’icelle, pot de rentrée vaguement convivial, et finalement départ un peu honteux vers quelques moments d’activités privées complémentaires. Je force le trait, mais en gros …

Et pourtant …

Le but d’une prérentrée est (devrait être) la mise en commun et en débat des réflexions de l’été. Et celles-ci devraient porter bilan de l’année écoulée, permettre l’examen attentif des modalités de contrôle subies par les élèves (épreuves du Brevet, du Baccalauréat, … qu’on aura regardées de près), déployer une prospective “organisationnelle” et pédagogique concernant l’année à venir, définir les modalités de fonctionnement des équipes de classe et éducatives, confronter des projets esquissés avant les congés et à réactiver, …

Il y en a / aurait pour une bonne semaine.

A ne prendre que ce DNB (Diplôme National du Brevet) dont je viens de survoler les trois volets Français-Mathématiques- Histoire/Géographie/ECJS, il peut être considéré en l’état – je l’ai dit - comme représentatif de l’ambition officielle d’une “Culture générale commune” à transmettre au terme de la scolarité obligatoire. Et il me semble donc, dès lors, être une base commode de débat et de réflexion pour la rentrée des enseignants du bloc école-collège sur le thème transversal d’un plancher d’intelligence et de pratique culturelles.

Organiser une discussion attentive impliquant un collège et les écoles qui lui envoient majoritairement leurs élèves en fin de CM2, c’est-à-dire impliquant les enseignants, toutes disciplines confondues, de ce collège et les maîtres des écoles associées, me semble “aller de soi”. Les réunions peuvent se faire au collège. Très linéairement, les spécialistes concernés (Français / Maths/ Hist.Géo-ECJS) présentent, analysent, les épreuves. On réfléchit à ce qu’elles sous-tendent, impliquent. On s’interroge sur le constat de carence que chacun peut faire concernant ses manques et ses oublis “transdisciplinaires”. On travaille à les combler pour pouvoir se vivre pleinement tuteur éducatif. Pour les enseignants comme d’ailleurs pour les parents, n’y a-t-il pas un objectif majeur dans ce souci de pouvoir, tout au long de sa vie adulte, être en mesure de garder, avec les jeunes en situation de formation intellectuelle, la possibilité compétente de dialoguer autour des contenus d’un socle commun visant alors toute une population, terreau indispensable à la fluidité de la communication interpersonnelle et collective?  

Voilà, à mon sens, une vraie piste de prérentrée …

Des haussements d’épaules, des réserves, des questions?

  

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G
Tout est en place pour une rentrée appliquée où la constance du cuisinier rejoint les intentions louables de l'éternel bon élève. Merci.
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