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AutreMonde
23 mai 2012

Billevesées scolaires

Peillon-Chatel

Vincent Peillon semble décidément encore loin du compte.

Je regardais vendredi dernier (18/05) le billet dans Le Monde de Maryline Baumard sur les premiers ajustements prévus par le ministre.

Déjà, le simple fait de parler d’ajustements …

Le redire : l’exigence est de définir d’abord le dessein éducatif et le dessin général du système qu’on veut porter à l’horizon d’au moins un (et plus souhaitablement deux) quinquennat(s). Il faut viser haut, et loin et le slogan de Mai 68 reste le seul valable : Soyez réalistes, demandez l’impossible !

Au lieu de quoi …

Vincent Peillon va se prendre les pieds dans la semaine de cinq jours, passer un coup de blanc sur la circulaire de rentrée, prendre des ersatz de décisions en marginalisant les évaluations des élèves (je l’avoue, merveilleuses foutaises) et des professeurs (que le ministère Chatel, second aveu, avait commencé à repenser dans le sens de l’ânerie), partir à la pêche dans le collectif budgétaire de début juillet pour quelques postes à philosophie molle, se souvenir des IPES d’antan probablement dans l’imprécision, se gratter la tête en disant « Faudrait-qu’on » à propos de la formation des enseignants, faire des phrases sur l’attractivité (à revitaliser!) du métier en n'envisageant pas sérieusement de le redéfinir, affirmer qu’un maître de plus dans chaque école primaire, c’est la réussite finlandaise en trois mois (!), et bla-bla-bla.

En somme, au lieu de prouver qu’il s’est longuement préparé et qu’il a mûri un véritable projet éducatif global pour le pays, Vincent Peillon va faire le ministre, c’est-à-dire, brasser du vent.

Cassandre ? J’espère.

Aucune restructuration du système scolaire ne devrait s’envisager sans poser cinq préalables qui dessinent cinq grands objectifs.

1 - Les discussions sur l’enseignement supérieur relèvent de la gestion des affaires courantes tant qu’on n’a pas réglé le problème de l’amont et d’abord la mise en place d’une école  (unifiée, d’un seul tenant) de la scolarité obligatoire qui garantisse sans solution de continuité (6 ans – 16 ans) dix ans de formation initiale robuste.

2 - Un grand chantier s’impose, en termes de grands travaux, qui doit concerner la rénovation-extension-construction de bâtiments scolaires en nombre, conformes aux exigences de la révision méthodologique à installer: temps plein des élèves et des professeurs sur place avec toutes les facilités (bureaux individuels, bureautique, salles de réunion, salles de détente, accès internet, bibliothèques , …) qui vont avec.

3 - Refonte complète du temps scolaire garantissant l’accueil encadré des élèves du lundi au vendredi, de 8 heures à 18 heures, au sein d’un remodelage des activités de formation permettant une gestion individualisée à la carte (élèves et professeurs) de 42 semaines de travail et dix semaines de vacances.

4 - Installation d’un principe de dichotomie des cursus. Regroupement des élèves à mi-temps, sur critère d’âge, dans des classes confiées à un binôme de professeurs polyvalents (un à dominante scientifique, un à dominante littéraire) pour des activités  de tronc commun à visée socialisante, civique, citoyenne, permettant de réinvestir des acquis et des compétences hétérogènes. Regroupement des élèves à mi-temps, sur critères d’acquis et de niveau, secteur disciplinaire par secteur disciplinaire, pour l’acquisition – chacun à son rythme - d’unités de valeur, dans des modules pavant, avec choix optionnels, le champ des connaissances  et des  compétences. Modules confiés à des enseignants spécialistes. Le cumul des unités de valeur construit, pour l’élève,  son profil de sortie du système de la formation initiale. Suppression des examens de type brevet des collèges, baccalauréat.

5 - Redistribution des tâches d’enseignement et de formation au sein de réseaux cohérents d’établissements, géographiquement localisés, dans un système à coordination et guidage national, mais à large autonomie, réseau par réseau et au sein des réseaux, maille (établissement) par maille. Priorité  au fonctionnement en équipes éducatives d’établissement, largement maîtresses de leurs moyens sur la base de projets contractuels à durée déterminée, validés et suivis-contrôlés par l’autorité centrale, où le porteur du projet construit et retenu par l’équipe devient pour sa durée le chef d’établissement.

Ces cinq points posés, toutes les difficultés soulevées se réorganisent dans leurs perspectives et on peut affirmer leur inévitable résorption au sein d’une seule et même logique, dont la souplesse (point 3) semble évidente. 

Le statut des enseignants se redéfinit autour des impératifs qui précèdent.

Aussi étonnant qu'il y paraisse avant réflexion, il ne reste plus à régler que des détails ! Une mer de détails ? Une mer de détails ! Et certes rien n’est fait, mais tout est dit.

Et c’est à ne rien dire et à vouloir commencer à faire que dès les premiers pas, Vincent Peillon signe au mieux le porte-à-faux  et plus probablement l’échec annoncé de sa démarche.

Vouloir refonder l’école « pour de bon », ce serait s’arc-bouter sur ces cinq points. Le reste suivrait. Mais soyons confiant, la pusillanimité vaincra.

 

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