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AutreMonde
17 janvier 2012

Commencer 2012 ...

Trêve des confiseurs, etc. On ne reçoit pas toujours en cadeau les livres que l’on espère. Parfois, pourtant, certains sont là. Ce mélange de l’inattendu et du souhaité débouche quoi qu’il en soit sur des lectures et des impressions de lecture et le souci d’en garder, même brève, la trace. Dans la première quinzaine, on en a lu trois :

Le rabaissement (The humbling) - Philip Roth.

Paru en 2011, avec un copyright américain de 2009. Un cadeau attendu.

Petit livre, tant par la taille que par le fond. Lu en deux fois une heure. Les derniers mois d’un acteur qui fut génial et qui a soudain perdu pied. Plus de talent, plus d’envie, plus rien. Il abandonne… et puis, retrouve une dernière expérience  de vie, treize mois, avec la fille, lesbienne, d’anciens amis de jeunesse.  Illusoire parcours de Pygmalion. Il veut croire qu’il la ramène à l’hétérosexualité. Elle aussi… jusqu’à une fille levée dans un bar, pour quelques pages d’érotisme à trois, et la fin des illusions. Quitté, vieux, réduit à rien, il ne lui reste qu’une issue, le suicide. Facile à lire, sans génie particulier, presque ennuyeux par moments. On avance vers une fin prévisible sans réellement être embarqué. Il n’y a pas que le héros de Roth qui perd ses moyens en vieillissant. Rien après tout que de normal. Mais s’il est probablement impossible à un écrivain comme Roth de cesser d’écrire, il n’est peut-être pas indispensable qu’il persiste à publier.

Le Tigre (The Tiger) – John Vaillant.

Parution (trad. française) : fin 2011.

C’est un peu l’histoire d’une arnaque. Coupable : Amélie Nothomb. Le supplément « Livres » du numéro du Monde daté du 9/12/2011  a octroyé une colonne à l’écrivain pour présenter un coup de cœur de lecture, et ce fut en l’occurrence ce roman, qualifié sans hésitation de « meilleur de cette rentrée littéraire ». En avant les grandes références, Jack London bien sûr (Croc-Blanc) , mais aussi Herman Melville (Moby Dick), dans un billet titré Métaphysique du feulement. Rien que ça. Embarqué dans un tel enthousiasme, j’ai oublié combien la personnalité d’Amélie Nothomb pouvait me sembler légèrement dérangée et j’ai naïvement intégré le titre à ma lettre au Père Noël. Aussi naïf que moi, il a donné suite. Certes, le roman transcrit un très important effort de documentation sur les tigres de l’extrême-orient russe, avec immersion dans le milieu, voyage de l’auteur, interviews, abondante bibliographie, etc. Certes.

Mais au bout du compte, une histoire de tigre mangeur d’hommes qui va se révéler assez à très ennuyeuse sur la durée de ses 430 pages, sans pratiquement rien de ce charme qui se dégageait des lectures de l’enfance qu’évoque comme référence ultime Amélie Nothomb et  qu’on pourrait compléter avec La mort du Tigre de Réginald Campbell ou Le Félin Géant, de Rosny aîné. Une pénible compilation permet à l’auteur d’accumuler des informations à la hache sur les méfaits du communisme, les conséquences catastrophiques de la Pérestroïka, et, menacés de disparition par les avancées du capitalisme et de la contrebande, les tigres, qu’une adhésion assez claire à diverses croyances chamaniques élève, au sein d’un discours à vérifier sur l’évolution,  au rang d’interlocuteurs philosophiques de l’homme.  L’ensemble des informations rassemblées pourrait sans doute, réinscrit dans une présentation plus synthétiquement documentaire, constituer un tableau politico-cynégétique intéressant, mais une tendance excessive à la mythification des hommes, des animaux et de leurs rapports nuit à l’intérêt du discours, par ailleurs lassant dans l’accumulation  d’anecdotes qui ne construisent pas un grand récit. Il n’y a qu’un éparpillement de personnages secondaires à la psychologie inexistante et  une vaticination ressassée autour de croyances primitives . « Dans la jungle, terrible jungle, le lion est mort ce soir » … et dans la taïga, terrible taïga, le tigre est mort enfin. Ouf !

Le Turquetto – Metin Arditi

Parution : 2011 – Actes Sud.

Formidable roman. A partir d’une anomalie chromatique avérée dans la signature de L’homme au gant, tableau du Louvre attribué au Titien, remettant en cause cette attribution, Metin Arditi invente la prodigieuse histoire d’un juif de Constantinople, génie de la peinture, petite main dans l’atelier du Titien, puis maître lui-même et qui, au sommet de son art, pris dans des luttes d’influence vénitiennes, connaît la tragédie d’une mise en accusation devant l’inquisition pour dissimulation (il a caché qu’il était juif), blasphème et autres joyeusetés qui lui valent une condamnation à mort. Cet extraordinaire parcours, dont il faut  découvrir à la lecture la fin, émouvante, construit un roman riche, profond et documenté, d’un humanisme puissant. On peut aller, il me semble, jusqu’à parler d’une lecture bouleversante.

Rubrique à suivre …

**** Sinon ?

                     J-Edgar

On est perplexe, comme un Di Caprio dans le film (décevant) de Clint Eastwood ... Faut-il, ainsi que le journal Le Monde pourrait le suggérer à travers sa dernière livraison de critique cinématographique, penser qu’une partie de la vérité sera dans le (re)cul  réflexif ?

                                             HPG

Ou faut-il une nouvelle fois prendre au sérieux pour les analyser des intentions pré-électorales  dont on voudrait pouvoir penser qu’elles le sont (pensées ...)? ….

                                                               SarkoEdNat

D’autant que la présentation retenue par  le ‘‘grand quotidien du soir’’ montre une Education Nationale tombée bien bas sous l’œil d’un maître résigné en même temps qu’elle accrédite des rumeurs qui pourraient faire croire que le grand soir n’est pas loin d’arriver et dont on peut aussi se hâter de rire …

      Allègre

Oui, on ne sait que faire. Des rapports sont commandés et aussitôt enterrés. Le Monde rappelle ainsi celui de Marcel Pochard, conseiller d’Etat, sur L’évolution du métier d’enseignant, frappé de nullité à peine rendu en 2008, ou les deux rapports sur les rythmes scolaires demandés par Luc Chatel et actuellement en attente, sans doute avant éloge funèbre, avec toujours cet argument : le terrain n’est pas mûr. Le terrain n’est jamais mûr.

On nous dit à propos des vœux de Nouvel An aux enseignants du chef de l’Etat, voici son projet pour l’Ecole : Autorité, Autonomie, Flexibilité. ‘‘A.A.F.’’.  Flexibilité ? Dommage qu’il n’ait pas dit Adaptabilité ! Nous avions regagné notre triple  A: ‘‘A.A.A.’’

Pendant la campagne électorale qui s’ouvre, la guerre des mots creux va battre son plein. Faut-il ici en ajouter d’autres ?

La question de la scolarité obligatoire devrait être le cœur du débat, servir de point de départ pour ce qui, ensuite, pourrait devenir progressivement, sur au moins un quinquennat, plus probablement deux, une refonte complète du système éducatif. Oui, retenir un angle d’attaque, bien défini, et dévider à partir de là l’écheveau logique des réformes à suivre.

La formation de base à fournir sur la tranche 6-16 ans devrait s’imposer à la réflexion comme une priorité. Mais comment créer un vrai continuum ?

Des blocs « 1 Collège – N écoles en amont  qui le ‘‘servent’’ majoritairement en termes de flux » existent de fait. La difficulté est de faire de cet ensemble une entité homogène. Sans même rediscuter d’un changement des programmes, l’émergence d’une véritable  cohérence éducative à travers la prise de conscience aidée de l’ensemble des enseignants concernés en tant qu’équipe serait un objectif premier essentiel. Et on se heurte immédiatement à la question du ‘‘Comment ?’’.

Comment dégager les temps de réflexion commune, d’échange d’expériences, de partage des  solutions qui sont la condition sine qua non du progrès partagé ? Séminaires, briefings et débriefings ne sont pas dans les habitudes enseignantes. Nécessitent trop de disponibilité. Rien ne sera possible tant que le « temps-élèves » et le « temps-professeurs » n’auront pas été remis à plat.

La même vie moderne qui disperse les générations et s’efforce d’offrir aux femmes, donc aux deux membres du couple, l’égalité devant le travail, construit la disparition des structures d’encadrement parental qui pourraient ne pas laisser à lui-même un enfant à partir de 15h30 ou 16h30 et toute la journée du mercredi. Et un nouveau cahier des charges du système éducatif s’en déduit, impliquant de repenser dans le même effort les rythmes scolaires et les services des enseignants. L’équilibre familial doit permettre aux parents et aux enfants de travailler à l’amble. Et pour donner son sens au dispositif, il faut se poser la question d’un service public de l’éducation fonctionnant à temps plein.

Peut-on imaginer une journée scolaire-type, du lundi au vendredi, dans une semaine de cinq jours, qui verrait l’établissement ouvrir à 8 heures, pour un accueil encadré et à la carte s’étalant jusqu’à 9 heures, avec possibilité de petit-déjeuner sur place et activités encadrées-libres de mise en route de la journée ?

Suivraient deux tranches de cours (vocable à redéfinir) de 1h30 chacune (9h-10h30 / 11h-12h30) coupées par une demi-heure de détente – pause-café, encadrée-libre.

Coupure de mi-journée ensuite, toujours avec accueil possible sur place, repas, activités de détente encadrées-libres.

Une tranche de deux heures d’activités réunirait (14h-16h) les groupes d’élèves dans une démarche plus ouverte que celle des cours du matin (parmi lesquelles activités, bien entendu, les activités de l’Education Physique et Sportive).

Une coupure : 16h-16h30 pour le goûter et la détente encadrée-libre.

Enfin une tranche très encadrée-guidée (16h30-18h) dite par facilité d’étude surveillée – aide individualisée.

Tous les contenus restent à définir. Mais il y a là l’idée d’un schéma qui, étalé sur peut-être 46 semaines (ce n’est pas une erreur : 46=52-6 ; …  en autorisant les parents, puisqu’on a parlé d’aller à l’amble, à six semaines annuelles de congés payés ….), pourrait offrir une autre vision du cursus scolaire comme une autre approche des métiers de l’enseignement …

Evidemment, la levée de boucliers serait très argumentée, mais il me semble qu’on peut trouver des réponses aux inévitables questions qui jailliront sur les vacances et le service des enseignants. A commencer et, pour aujourd’hui, on s’en tiendra peut-être là, par cette affirmation à contre-courant du mouvement de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui touche même l’enseignement : envisager de recruter suffisamment de professeurs pour qu’un fonctionnement des établissements  tel qu’induit par le très bref canevas ci-dessus permette, dans le cadre d’un roulement, le maintien en continu de l’encadrement des élèves et une souplesse de gestion des enseignants incluant par exemple trois semaines  annuelles de disponibilité pour leur nécessaire – et actuellement inexistante - formation continue.

Sans compter, pour boucler la boucle amorcée deux ou trois paragraphes plus haut et conclure, qu’aucune équipe d’établissement ou de réseau d’établissements (le réseau ‘‘1 Collège+N écoles’’ dont je viens de parler par exemple) ne se constituera sans d’importantes plages de concertation, de réflexion partagée,  sans  ce ‘‘temps-libéré-pour’’ que la définition actuelle des services exclut absolument.

Commencer 2012, donc.

Sans grand espoir scolaire, il faut l’avouer …

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