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AutreMonde
28 septembre 2010

Elle lit La Chartreuse de Parme.

                                                 La_Chartreuse

Mon billet précédent terminé, j'ai retrouvé (on m'a aidé!) ce tableau de Van Hove où une belle dévêtue s'intéresse elle aussi à Fabrice, car, dans la précision étonnante d'un pinceau virtuose à laquelle la définition de l'image reproduite ne rend pas justice, c'est bien La Chartreuse de Parme qui s'écrit en lettres peintes  au haut de ces pages ouvertes ...

Ainsi donc, une belle moderne, queue de cheval et blond me semble-t-il à reflets vénitiens, pensive et ma foi fort réchauffée, peut savourer un thé tout en s'interrogeant sur l'une des plus célèbres  (ça aussi, on me l'a soufflé et, courant à Google, je n'ai eu qu'à en constater le multi-référencement) phrases du roman:

"Elle était si belle, à demi vêtue, et dans cet état d'extrême passion, que Fabrice ne put résister à un mouvement presque involontaire. Aucune résistance ne fut opposée." (Livre II, chapitre XXV)

Clélia le croit empoisonné. Clélia n'entend plus rien, court, vole, écarte les obstacles, au mépris de tout règlement et de toute prudence entre dans la cellule où, c'est certain, se meurt son bien-aimé, jusqu'ici platonique et jamais approché. Fabrice est à sa table et n'a pas commencé le fatal repas. Devant Clélia troublée, il comprend tout.

"Ce dîner était empoisonné, pensa-t-il: si je lui dis que je n'y ai pas touché, la religion reprend ses droits et Clélia s'enfuit.(...). Je ne sens point encore de douleurs, lui dit-il, mais bientôt elles me renverseront à tes pieds: aide-moi à mourir." Et puis la phrase ci-dessus: "Elle était si belle, etc."

On a ri paraît-il de la formule et du condensé à l'érotisme improbable de ce mouvement presque involontaire. En tout cas, Frédéric Vitoux, dans son discours de réception à l'Académie française, au moment de s'asseoir sur le siège de Jacques Laurent, n'a pas manqué de s'en souvenir, pour en admirer la délicieuse concision.

Le tableau valait bien ce petit complément.

Quant au fond de l'affaire, et sur un autre registre, il n'y a là qu'un classique de la virilité manoeuvrière, dont Brassens a donné quelque cent trente ans après Stendhal, atteint d'un cancer sur lequel il tentait une dernière pirouette, une version chantée où la rumeur du mal l'aidait à convaincre nombre d'aimables acharnées à lui "donner du bonheur une dernière fois". Mais lui ne trichait pas ...

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