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AutreMonde
7 mai 2010

La réforme du système éducatif : Un enjeu majeur pour 2012 ?

Le titre m’a appâté.

Exactement, c’était celui-ci : « François Hollande fait de la réforme du système éducatif un enjeu majeur pour 2012 ».

Un article du quotidien Le Monde , daté de mercredi 5 Mai et signé Maryline Baumard.

Bon article, intéressant, reconstruisant presque le parcours de découverte éducative de F.H. qui aurait beaucoup lu et beaucoup consulté depuis des mois, ‘‘persuadé qu’un système scolaire performant contribue à améliorer la richesse du pays, mais aussi à en réduire les inégalités’’. On n’est pas contre.

F.H. se serait dans la construction de sa propre ‘‘philosophie de l’éducation’’ très librement inspiré de François Dubet, de Marie Duru-Bellat, d’Eric Maurin et – je le connais moins – d’Eric Charbonnier, spécialiste du sujet pour l’OCDE. Ce ne sont pas nécessairement de mauvaises sources.

Tout ça donnait envie d’aller voir de plus près.

On nous fournissait une adresse internet : http://www.repondreagauche.fr/

On y trouve une vidéo du discours de François Hollande, présentant le mardi 4 Mai son « Pacte éducatif ». Elle dure un peu plus de 30 minutes. Ce malheureux F.H. est définitivement ‘‘sopo’’. J’ai eu un mal fou à accrocher. Fort décevant.

On retrouve l’essentiel des contenus dans un document annexé ‘‘Ecrit par l’équipe de Répondre à Gauche’’ et titré : « Un nouveau pacte éducatif pour démocratiser la réussite ».

Ce ‘‘Répondre à Gauche’’ est (sans doute) le think tank de F.H.

Il est toujours amusant de constater, quand on est soi-même porté à se répandre en discours sur la réforme éducative nécessaire et à déplorer le manque d’écho qu’ils rencontrent, à quel point on s’ennuie aux discours des autres, combien on les trouve inadaptés, enfin à quel point ils rassemblent tous les défauts … qui découragent sans doute, dans nos propres productions, les interlocuteurs visés. Triste.

Mais ressaisissons-nous ! Là, c’est vraiment mauvais.

Je n’entrerai pas dans les détails, puisqu’il n’y en a pas. On brasse les bonnes intentions habituelles en se promettant de tout faire pour que ce qui ne va pas bien aille mieux.

Malgré tout, listons :

1. Arrêt des suppressions d’emplois à l’Education nationale.

2. Création de 400  000 places d’accueil en termes de service public de la petite enfance

3. Renforcement du soutien scolaire . Effort essentiel dès la maternelle et le primaire.

4. Développement de l’accompagnement individualisé des enfants en difficulté.

5. Abandon des redoublements

6. Bonifications de retraite pour les enseignants des zones difficiles

7. Lutte contre l’échec scolaire en premier cycle universitaire

8. Quota de places réservées en BTS et IUT pour les bacheliers technologiques

9. Cinq pour cent des meilleurs élèves de tous les lycées de France en classes préparatoires

10.Décloisonnement des premiers cycles d’université pour favoriser la pluridisciplinarité

11.Mise en place d’un système d’allocations publiques au financement des études supérieures

12.Contrats de partenariat jeune/senior avec objectif 500 000 jeunes épaulés pendant 5 ans par un senior de l’entreprise

13.Réforme de la formation professionnelle qui deviendra obligatoire pour celles et ceux sortis de l’école sans qualification.

Si l’on y réfléchit, seuls les points 1, 5 et 6 peuvent sembler mériter un peu d’attention.

Le point 1 va à peu près de soi. En même temps, il renvoie à l’utilisation des moyens en hommes existants. Le point 5 est une évidence, mais seulement si on l’inscrit dans une refonte des cursus s’arrachant à la logique vaine des progressions uniformes et à l’amble (même programme pour chaque classe d’âge et  un ‘‘marche ou crève’’ qui dans les faits n’est rien d’autre qu’un ‘‘somnole et n’acquiers rien en faisant semblant d’avancer’’). Le point 6 peut être intéressant, mais seulement si on le perçoit - sans référence aux seules zones difficiles - non pas comme bonification en années de cotisation, mais bel et bien comme modification du taux de réversion, à l’intérieur d’une fourchette au mérite, sur examen-bilan des carrières arrivées à leur terme, technique couplée avec un avancement uniforme pendant les années d’activité.

Tous les autres points, dans la mesure où est occulté le noyau dur d’une refonte du système éducatif, ne sont que du vent, du flan, du ‘‘pipeau’’. On peut essayer de sauver quelque chose au niveau des points 11 et 12 mais il faut alors entièrement les reformuler. Le point 13 est au fond là pour rien, sinon pour annoncer, dès le départ, l’échec programmé de la réforme de la formation initiale ! Avec son pacte éducatif, François Hollande reste complètement à côté de la plaque.

Je ne prendrai qu’un exemple.

Dans la vidéo qu’on trouve sur le web, François Hollande se targue d’engager la réforme « à moyens constants ». Ce sont là propos d’arracheur de dents. Une refonte du système coûtera cher, très cher sans doute. Mais c’est un investissement plus que tout autre rentable.

Ce que François Hollande néglige, clé de voûte pourtant de tout ressaisissement à venir, c’est la nécessité de penser les établissements scolaires en fonction de la nécessaire réforme des pratiques et des méthodes enseignantes . L’école de demain, c’est un petit campus de jour où travaillent en continu une population scolaire et l’équipe pédagogique et éducative qui la prend en charge le matin et la rend aux familles le soir.

Les personnels doivent y trouver des bureaux, des espaces de détente, des outils bureautiques, toutes les facilités qui leur permettent d’assurer sur place et dans toute sa richesse, leur mission d’éducateurs, de pédagogues et d’enseignants. Ce qui implique en amont de quelque discussion que ce soit sur les temps de service, la révision des rythmes et des calendriers scolaires, l’extension des tâches à une prise en charge des formations initiales qui déborde le magistral pour assumer le soutien, le guidage, le conseil, le suivi individualisés, ce qui implique disais-je une reconfiguration complète des établissements.

Il y a là un énorme chantier BTP, riche en emplois, facteur possible de croissance au moment où on cherche à la faire redémarrer, dont il est navrant que nul ne le signale et que nul ne l’assume.

F.H. nous prend pour des gogos, avec ses moyens constants. Il faut injecter dans l’Éducatif des sommes telles qu’on en injecte sans sourciller dans la Défense. La Grèce qui est en train de s’effondrer dans le trou creusé par un gigantesque et absurde budget militaire aurait mieux été inspirée de se lancer à moitié prix dans les combats de l’intelligence. Elle n’en serait pas là. Et nous serions, nous, bien inspirés de comprendre qu’en mettant en place une politique immédiate de très grands travaux axée sur l’ergonomie scolaire, nous préparerions non seulement l’avenir d’un système éducatif moderne, mais gagnerions à très court terme l’adhésion  du corps enseignant, certainement disposé à travailler plus, à condition qu’à l’évidence, ce soit mieux.

La réforme du système éducatif : Un enjeu majeur pour 2012  ? Réussir la reconstruction de l’équilibre social par la réussite de la formation initiale est le meilleur sinon le seul moyen pour un politique lucide de se grandir à la hauteur de ses devoirs. Donc, on veut bien, à condition d’ouvrir grand les yeux, de savoir ce qu’il faut faire et de ne pas se cacher ce qu’il en coûte.

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