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AutreMonde
9 septembre 2009

La Querelle de l'école ...

Champ clos de l’ininventivité

Sous la direction d’Alain Finkielkraut – Folio Gallimard.

Regroupés en un même volume, on trouve dans ce petit livre neuf débats de l’émission Répliques que pilote hebdomadairement le samedi, depuis 1985, Alain Finkielkraut sur France –Culture. Neuf débats autour de la question scolaire. Le plus ancien date de 1999, les plus récents sont contemporains de la campagne présidentielle de 2007.

Seize experts ont été convoqués, venus d’horizons universitaires divers, en général sur la base d’une publication, ou d’un rapport qu’ils ont commis. On démarre globalement sur les effondrements du système éducatif dans le bruissement des incivilités et la désertification des arrière-plans culturels sous les coups de boutoir de l’idéologie jeuniste et puis, de constats partagés dans la désolation en contestations modestes des positions finkielkraltiennes, on s’achemine vers l’incapacité unanime de changer quoi que ce soit à tout ce qu’on vient de dénoncer.

Ainsi, un recteur, un linguiste, deux juristes, un sociologue, cinq  philosophes, un directeur d’école, une directrice de recherche au CNRS, et quatre agrégé(e)s de lettres ferraillent en toute courtoisie avec l’animateur de l’émission comme entre eux pour n’aboutir à rien, avec comme mot de la fin cet aveu d’Alain Bentolila venu discuter de l’art d’enseigner la langue française et confronté aux exigences d’une culpabilité collective : « On ne peut pas simplement se repentir ». Sans doute, mais encore ?

Il est quand même assez navrant de voir tant d’éminences s’épuiser en vaines déplorations et n’être pas en mesure de fournir les linéaments d’un ressaisissement du système. Cette impuissance conceptuelle est inexplicable. L’éducation nationale semble être devenue une Gorgone qui pétrifie ceux qui prétendent l’affronter. On contemple le monstre, on en détaille les perversions et puis … on reste coi. Autre version : Les commentateurs aboient, la caravane du désastre passe. Le débat du 7 avril 2007, sur le thème : Quelles réformes ?, est assez significatif : pas une proposition !

On voit parfois se dessiner, au loin, la silhouette d’une idée : « D’une manière ou d’une autre, tous les élèves peuvent exceller. Mais pourquoi alors a-t-on à ce point homogénéisé les parcours… ». Las, le même locuteur, un peu plus loin, montrera son incompréhension devant les potentialités (de fait totalement inexplorées) de l’autonomie des établissements.

Une remarque se glisse, pertinente ? Elle ne sera pourtant ni analysée, ni développée, ni creusée, ni même relevée : « On pourrait détendre le jeu autour de l’école, notamment en établissant clairement que jusqu’à seize ans, les élèves sont inscrits dans la même école et que ensuite, l’école n’étant plus obligatoire, peut commencer le jeu de la sélection. »

Pour s’en tenir à ces deux seules références, que je viens de prendre, comment ne pas voir les évidences qui les sous-tendent ? Et en tirer les conséquences ?

La scolarité obligatoire, affirmation forte, doit avoir ses objectifs propres, sa logique et … son école. La pseudo solution de continuité CM2/6ème est auto-contradictoire. Une seule entité, fusion du primaire et du collège, avec ses méthodes et ses maîtres spécifiques doit émerger, dédiée à la construction de ce socle de base / culture générale /culture commune qui est condition nécessaire d’intégration comme  préalable obligé à l’émergence de l’intelligence dans les rapports sociaux.

La seule conciliation cohérente des exigences d’une éducation de masse et d’une volonté de facilitation du développement des excellences individuelles est une construction dichotomisée des cursus à travers deux mi-temps parallèles, l’un à visée collective et assis sur des activités qui favorisent le développement de l’individu au sein du groupe, l’autre à visée strictement individuelle permettant des apprentissages sectorisés et spécialisés en fonction des aptitudes et des goûts de chacun dans des champs disciplinaires séparés.

Le premier mi-temps exige le groupe-classe et des maîtres polyvalents. Le second navigue optionnellement dans un champ de groupes de niveau-discipline à maîtres spécialistes où moissonner des unités de valeur construisant des profils personnalisés. On traverse le système de formation dans l’équilibre de l’intégration guidée au groupe-classe et dans la gratification des performances individuelles via des options spécialisées.

Voici pour deux points, très schématiquement. Il en est beaucoup d’autres possibles.

Au lieu de quoi, pleurons, pleurons et déplorons, faisons des phrases et … retournons à nos moutons. Bien regrettable.

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