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AutreMonde
25 juillet 2009

The Reader -(I)

J'ai vu ça hier après-midi. Une carte UGC 5/7 à finir avant péremption!

Le manque de recul fait la valeur du premier commentaire en même temps que le lit de son éventuelle révision à venir. Je suis allé directement acheter le roman de Bernhard Schlinck (Der vorleser - Le liseur) en sortant de la salle. Le lire d'abord et puis ensuite revenir sur le film.

Mais enfin là, à chaud, l'envie d'en dire deux mots quand-même. La critique du Monde était au moins réservée. A Télérama, il s'y sont mis à deux la semaine dernière, l'une pour (Juliette Bénabent), l'autre contre (Pierre Murat). En fait, j'ai failli ne pas y aller, plus tenté par Jeux de pouvoir, avec un Russel Crowe semi-clochardisé à la clé. Ce sera pour la semaine prochaine. C'est la perspective d'un couplage littéraire avec le roman de Schlinck qui m'a finalement décidé.

Dans l'immédiat, j'ai vu un mélo qui m'a touché, ému même. Et les deux rôles centraux, Kate Winslett (étonnante) et David Kross (en Ralph Fiennes jeune, si j'ose dire) sont très convaincants. Sans doute, et c'est visiblement ce qui a défrisé quelques idéologies critiques politiquement correctes, la focale est mise essentiellement sur l'humanité romanesque / romantique de la situation : Un adolescent initié à l'amour et bouleversé à vie par une femme mure qui va se révéler être une ancienne gardienne d'Auschwitz - L'idylle est brève, forte, et pleine d'ombres - L'initiatrice disparaît pour réapparaître, quand le lycéen est devenu étudiant en droit, en accusée d'un procès d'épuration post-nazie qu'il suit sans s'en faire reconnaître au titre de sa préparation à une carrière d'avocat - Elle le faisait lui faire la lecture, après ou avant l'amour - Il comprend qu'elle était analphabète - Elle en prend pour perpète - Il lui fera parvenir pendant vingt ans des cassettes qu'il enregistre de romans et récits, d'Homère à Tchékov - Et tout ça finit psychologiquement très mal.

C'est vrai, elle a laissé brûler, portes fermées, dans une église bombardée, un convoi d'évacuées d'Auschwitz, et on ne parvient pourtant pas complètement, spectateur, lors du procès montré, à lui jeter la première pierre. Et c'est vrai, l'unique rescapée (avec sa mère) de cet holocauste local se retrouve quarante ans après, tandis que l'autre végète en prison à la recherche d'une dignité à reconquérir, nageant à New-York  dans une mer auto-satisfaite de luxe et de pognon. Et tout ça ce n'est pas pour freiner quelque antisémitisme cryptique qui serait à courir, par-ci, par-là ...

Il faudra reprendre ça après lecture du roman. Voir ce qui y est dit. Voir ce qui en a été fait. Essayer de réfléchir. Mais enfin, là, dans le fauteuil d'une salle obscure, c'est l'histoire d'amour, biaisée, improbable et néanmoins vraisemblable, romantique et désespérée dans les lâchetés de fait et les mythifications de l'éloignement qui l'emporte, et c'est sur la psychologie des personnages qu'on se penche, et c'est sur la nécessité du non-pardon qu'on s'interroge, et c'est de nous qu'on doute en regardant Fiennes, mutique et troublé, inconséquent, déstabilisé, perdu, sans repères, devant ce qu'il ne sait ni comprendre, ni pardonner, en même temps qu'à revivre en lisant à voix haute devant un magnétophone ce temps hors de l'Histoire qu'elle lui a donné, il ne peut pas oublier.

Oui, touché, troublé, ému. La suite, après le bouquin de Bernhard Schlinck.

 

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