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AutreMonde
19 juin 2009

Richard Ford – Ecrivain américain …

Un week-end dans le Michigan (Points n° 96)

Indépendance (Points n° 429 – Prix Pulitzer)

Il y a des écrivains. Et puis il y a des écrivains-américains. Richard Ford est indiscutablement du second lot. On m’a, il y a quelques mois, recommandé de m’y lancer… La pression était amicale. J’ai lu.

Impression ambivalente.

Je ne saurais nier que je me suis pas mal ennuyé ou plutôt, ce qui n’est pas exactement la même chose, que j’ai trouvé Richard Ford ennuyeux.

Mais je ne saurais davantage nier que, les deux romans cités constituant les deux premiers tiers d’une trilogie dont le troisième vient de paraître (L’État des lieux), je vais certainement achever le périple et aller lire ce petit dernier.

Alors ?

Mystère ?

De quoi s’agit-il ? De l’épopée médiocre, semble-t-il, de Frank Bascombe, d’abord journaliste sportif (Un week-end dans le Michigan – 1988) encombré d’un passé aux échecs matrimoniaux et autres sans grande originalité et qui avance à l’aveuglette vers un avenir désolant, dans une Amérique peuplée de motels, de noms de rues et de préjugés racistes plus ou moins explicités, pour se retrouver huit ans plus tard (Indépendance – 1996) agent immobilier, enrichi du nombre attendu d’échecs supplémentaires, empêtré dans des culpabilités complémentaires d’ex-mari déboussolé, de père non pas indigne, mais fort peu efficace face au délabrement psychologique d’un fils adolescent (et aboyeur, souvenir d’un animal de compagnie prématurément disparu) et d’amant aléatoire, épisodique, immature et élucubrant (on peut aussi dire : phraseur et ajouter que les partenaires ne sont pas plus reluisantes). L’Amérique est toujours peuplée de motels, de noms de rue (également, ma foi, de  très nombreux noms d’autoroute), de préjugés racistes et, il faut bien l’avouer, de cons. 

On y navigue au milieu d’une improbable saga de vente de biens et à la recherche de hauts lieux de la culture américaine, essentiellement assise sur le Base-Ball, le Basket-Ball, leurs héros et leurs musées (de Hall of  Fame en Hall of Fame).

Pourquoi ces déplorables errances ne m’ont-elles pas découragé d’aller plus loin dans la lecture ?  Pourquoi le tome II a-t-il quoi qu’il en soit succédé au tome I sur la table de chevet, et pourquoi suis-je en train d’envisager le tomme III ? Je le redis : mystère !

Mystère, ou bien tout bêtement, phénomène thérapeutique : une lecture embrouillée, par à-coups lénifiante, la description d’une litanie de ratages et d’hésitations absurdes, le spectacle d’une existence encore plus sottement dépourvue d’aspérités enrichissantes que la sienne propre, la description d’un spécimen d’adulte engagé dans des dispositifs « foireux » auprès desquels on se prendrait à penser qu’on a bien mené sa barque alors qu’on se croyait irrémédiablement médiocre, la vision d’une Amérique infantile erratiquement parcourue par des crétins, semée de petits malfrats, peuplée de demi-ratés, rongée par le racisme, décérébrée par les républicains (Reagan, puis Bush sont en fond d’écran) et pourrie par l’automobile, la construction enfin d’un monde où nos petitesses se fondent si bien en s’y retrouvant hypertrophiées à la charge des autres que, lisant cela sur son balcon, aux doux bruits de la circulation parisienne, provisoirement épargné par les agressions à main armée, l’effondrement de toutes ses affections, la déroute de tous ses espoirs et l’imbécillité sans fond de tous ses interlocuteurs, on se réconcilierait presque avec soi-même. 

Il est des lectures qui emportent parce qu’elles rendent plus intelligent. Il en est qui retiennent, faut-il croire, parce qu’elles manifestent que certains le sont beaucoup moins !

Le vocable est obligé, tant il s’impose et le général De Gaulle l’affirmait : Les américains sont grands, forts et cons.

Richard Ford nous le distille.

Peut-être y a-t-il là le ressort d’une lecture prolongée au-delà de l’ennui de surface.

Je n’avais pris aucune note au fil des 491 (Un week-end dans le Michigan) plus 587 (Indépendance) soit 1078 pages. Hors les impressions d’humeur qui précèdent, c’est un peu léger pour aller plus loin dans la critique.

Qu’importe, puisqu’ayant dit,  je file acheter L’État des lieux.

Je vais me réconforter encore un peu plus. J’y compte !

 

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